mardi 21 juin 2011

Le rabbin, le chien et le caillou (conte à dormir debout)

L'histoire aurait vraiment démarré avec un article de Maariv, journal israélien. Elle a continué avec Ynetnews (en anglais), Ma'an News (agence palestinienne), pour se diffuser ensuite mondialement (BBC, AFP, Slate, le site du Figaro, le JT de RDI, etc, etc, etc.)

Résumé de "l'info": un rabbin de Jérusalem, irrité par l'intrusion d'un chien dans un beit-din (tribunal rabbinique), chien probablement hanté par l'âme d'un avocat impie, aurait condamné l'animal impur à la lapidation.

Gros succès planétaire. Certains internautes en profitent (une fois de plus) pour se lâcher. Voici quelques commentaires ramassés avec des pincettes sur le site de Ma'an News (qui se proclame elle-même "the main source of independent news from Palestine"): "I was for the Israeli,s.But this made me change my mind and convictions" déclare Santo, prétendument aux USA. Omar (USA...?), affirme que "this is Zionism. This is the nightmare that the Palestinians have endured for years". Otto S. , soi-disant au Danemark, pense quant à lui que l'on devrait faire inhaler au rabbin en question un gaz célèbre depuis les années 1941-1945 (je n'indique pas le nom en entier car je ne voudrais pas mettre dans l'embarras des homonymes, de plus le nom indiqué est probablement faux). Steve (UK) a eu une idée semblable: "Better to leave the dog and give a lethal injection to the surviving lawyers!" (ces commentaires sont encore présents sur le site, vingt-quatre heures après leur publication).

Sur les sites plus sérieux c'est à peine mieux (les webmestres font probablement mieux le ménage). Sur Ynetnews certains internautes traumatisés déclarent: "And we gave these people nukes??", "WTF!!!", "Asinine stupid religion!!!!" et autres amabilités [note: ynetnews a depuis supprimé l'article].

Les "flotillistas" ont sauté sur la nouvelle, clamant que décidément Israël n'est pas ce bastion de la civilisation qu'il prétend être!

PETA, assoc de défense des droits des animaux, pète aussi les plombs: "Brace yourself: Ultra-Orthodox Rabbinical authorities in Jerusalem have sentenced a dog to be stoned to death (...)". Le lien n'est toutefois plus valide le lundi 20 juin au soir, mais on peut encore voir un aperçu de la page sur Google.

Face à ce copié-collé international, quelques blogs et internautes ont tenté de faire entendre la voix de la raison.

C'est qu'en effet la scandaleuse nouvelle de la condamnation à mort du malheureux chien... était fausse. Un chien se serait bien glissé dans les locaux d'un beit-din à Jérusalem, pour la plus grande joie des jeunes qui étaient présents, et puis... c'est tout. Pas de condamnation à mort, pas de fanatiques armés de cailloux poursuivant le cleb dans les rues du quartier. La fourrière, prévenue de la présence d'un chien errant, a récupéré l'animal et puis voilà.

Site après site, heure après heure, la publication initiale donne lieu à un effacement pur et simple (Ynetnews a piteusement supprimé son article et les deux cents commentaires qui l'accompagnaient), parfois à l'ajout d'un update, parfois encore à un article supplémentaire contredisant le premier (cas de la BBC). Mais parfois il ne se passe rien et "l'information" est maintenue telle quelle; dommage, car j'aurais bien aimer voir freedomflotilla.eu conclure que, finalement, Israël est bel et bien un bastion de la civilisation!

Embêtés, les médias internationaux qui ont contribué à répandre ce conte à dormir debout (le premier article de BBC a été "partagé" plus de 43.000 fois lundi soir, trois jours après sa mise en ligne) pointent du doigt la presse israélienne.

Il est exact que Maariv ou Ynetnews n'ont pas bien fait leur boulot. Mais l'AFP ou la BBC non plus, qui se sont contentés de copier-coller bêtement une nouvelle sensationnelle... mais fausse. De la part de Ma'an News, qui depuis quatre ans affirme sur son site que Lee Harvey Oswald a passé 28 ans en prison, je ne m'attends à rien de sérieux. Mais l'AFP? La BBC?

J'espère au moins qu'on trouvera vite un foyer accueillant à ce brave chien. La médiatisation de ce bobard ridicule pourrait ainsi avoir un aspect positif. Ce serait déjà quelque chose.

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