samedi 28 février 2009

Hamas - pas question d'accepter Israël

Depuis 24 heures des bruits de réconciliation entre le Hamas et le Fatah agitent les salles de rédaction et les comptoirs de bistros.

Après de sanglantes luttes internes (qui ont laissés indifférents bon nombre de "propalestiniens"), les retrouvailles?

Peut-être pas. Du moins pas tout de suite. Mahmoud Abbas, chef de l'Autorité Palestinienne, a en effet demandé qu'en préalable à la formation d'un gouvernement d'union le Hamas devait accepter les accords en cours, c'est-à-dire reconnaître l'existence d'Israël et se fixer pour objectif la solution à deux États: Israël et l'État palestinien.

Réponse du Hamas: jamais!

"Hamas will not recognize Israel or the Quartet's conditions" (Le Hamas ne reconnaîtra pas Israël ni les conditions du Quartet) said Hamas spokesman Ismail Radwan (Haaretz).

"Hamas will never accept a unity government that recognizes Israel" (Le Hamas n'acceptera jamais [de participer à] un gouvernement d'union qui reconnaîtrait Israël) said Hamas official Ayman Taha in Gaza (même source).

Pour un rappel sur le Hamas, voir ce précédent billet.

Durban II - les USA jettent l'éponge

Après le Canada et Israël, c'est au tour des USA (version Obama) de jeter l'éponge: ils cessent leur participation aux travaux préparatoires, et ne seront pas présents lors de la conférence d'avril 2009 en Suisse.

Parmi les raisons invoquées: les USA s'attendent désormais à ce que la conférence internationale, dont l'objet est théoriquement la lutte contre le racisme, consacre beaucoup de temps et de salive à "critiquer" Israël. Or la conférence initiale à Durban en 2001 avait bien illustré ce que les "antisionistes" entendent par "critiquer Israël".

Les USA et leur nouveau président, Barack Obama, ne désirent pas apporter leur caution à un remake de 2001 désormais jugé inévitable. Selon les sources américaines, les résolutions en cours de préparations "étaient mauvaises, elles sont devenues pires", d'où le retrait américain.

À lire: Haaretz, Ynetnews, le blog de Malka Marcovitch (vivement recommandé, puis c'est en français!)

vendredi 27 février 2009

A la Chambre, le Bloc s'acharne contre Juneau

Hier, André Juneau comparaissait devant des députés de la Chambre des Communes à Ottawa (parlement fédéral), voir le billet précédent.

Le Bloc, parti québécois séparatiste (le seul parti à la Chambre qui présente des candidats uniquement au Québec, idéal sécessionniste oblige) réclame la démission d'André Juneau, accusé d'avoir voulu "célébrer" la défaite française du 13 septembre 1759.

Le Bloc s'est également déchaîné contre un autre projet, celui d'une journée éducative "bataille des Plaines" dans des écoles québécoises. Pas de ça Ginette, les écoles québécoises relèvent uniquement de la Province, le fédéral n'a pas à s'en mêler: "Le Bloc québécois a quant à lui critiqué toute la journée une activité «éducative» proposée par la CCBN aux enfants d'âge primaire et secondaire (...) 'Ils n'ont pas d'affaire, le fédéral, dans les écoles du Québec', a dit le chef bloquiste, Gilles Duceppe" (La Presse)

Il a raison: le formatage des cerveaux des futurs séparatistes ne tolère aucune intrusion d'un organisme satanique fédéral. Les cerveaux, ça se lave en famille!

Réponse de M. Juneau (je mets en gras un passage): "En comité parlementaire, M. Juneau a rétorqué que cette activité existait depuis plus de 15 ans, en collaboration avec le ministère de l'Éducation du Québec, même sous les gouvernements péquistes, et que plus de 180 000 enfants y ont déjà participé. Le taux de satisfaction de l'activité, a-t-il ajouté, est de 99,2 %" (La Presse)

Comme raisons de l'annulation de la reconstitution en costume et du bal, André Juneau donne trois raisons: 1) les menaces et la crainte pour la sécurité des animateurs et spectateurs, 2) le fait que l'opinion publique soit si partagée sur le projet, et 3) "Surtout, c'est le fait d'avoir été largué par les politiciens qui a causé la mort du projet de reconstitution".

Eh oui, on laisse le terrain libre aux séparatistes, on leur confie le soin de dire l'Histoire -à leur façon- et de la commémorer, ou pas, selon leurs besoins.

André Pratte écrivait récemment que: "La couardise des fédéralistes laissera, encore une fois, le champ libre à l'interprétation dominante de notre histoire. Cette vision selon laquelle le paradis de la Nouvelle-France fut transformé en enfer par la conquête, enfer dont nous ne serons libérés que le jour de l'indépendance (...) Libre aux souverainistes de proposer leur propre version des choses. Mais pourquoi devrait-on leur laisser le pouvoir de décider pour tous les Québécois ce qui peut et ce qui ne peut pas être commémoré? D'autant plus que leur façon de présenter l'histoire est caricaturale"

Le fédéralisme, au Québec, est essentiellement un silence.

mercredi 25 février 2009

La "visibilité fédérale", un crime?

Accusé d'avoir voulu commémorer la fameuse bataille des Plaines d'Abraham de 1759 -notamment en organisant une reconstitution en costumes (1), le ci-devant André Juneau (2) va aujourd'hui devoir répondre de ses actes devant la Chambre des Communes à Ottawa.

Comme le relate Le Devoir du 25 février: "C'est aujourd'hui que le président de la Commission des champs de bataille nationaux, André Juneau, comparaît devant les députés fédéraux. A-t-il voulu livrer une bataille de visibilité fédérale au Québec? Chose certaine, les libéraux de Jean Chrétien l'avaient nommé, lui et les sept autres membres du conseil d'administration, en septembre 1995, un mois avant le référendum sur la souveraineté"

Aurait-il voulu faire une telle chose? La visibilité fédérale, brrr quelle horreur... c'est une grave accusation.

Comme je l'écrivais il n'y a pas longtemps: "Deux référendums perdus plus tard, les séparatistes s'efforcent -avec succès- de faire disparaître du paysage québécois tout ce qui rappelle l'existence du Canada et du gouvernement fédéral".

Pour tout immigrant le grotesque de la situation est frappant; les gens ayant passé toute leur vie ici ont peut-être plus de difficultés à le percevoir. Aujourd'hui, le président d'une Commission nationale est vilipendé, menacé, traîné devant les députés (3) pour s'expliquer.

Mais s'expliquer de quoi? D'avoir fait son boulot? Il préside la Commission des champs de bataille, pas celle de la Poste!


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(1) qui devait réunir de nombreux amateurs passionnés, dont un descendant de Montcalm!

(2) président de la Commission des champs de bataille nationaux.

(3) rappelons que 49 séparatistes comptent parmi ces députés fédéraux.

dimanche 22 février 2009

Les Hurons-Wendats proposent d'enterrer la hache de guerre

En réaction aux tensions provoquées par l'approche du 250e anniversaire de la bataille des Plaines d'Abraham (voir ce billet ou celui-ci ou encore celui-là), le chef de la nation huronne-wendate, Konrad Sioui, "propose d'organiser une cérémonie hautement symbolique pour enterrer la hache de guerre" (Radio-Canada).

"Tous les groupes qui ont contribué à bâtir la société québécoise pourraient participer", dit-il. Konrad Sioui évoque les Premières Nations, les Anglais, les Français, les souverainistes et les fédéralistes, mais aussi les descendants irlandais, écossais ou les nouveaux immigrants (Radio-Canada)

"Si c'est pour être de même, si vous êtes pour vous tirer des roches et vous chicaner entre vous autres, il va falloir que le grand frère revienne vous dire comment on fait quand on a des chicanes", a affirmé le grand chef (Le Soleil)


Pour rappel: la nation huronne était jadis alliée des Français. Les Hurons-Wendats étaient donc du côté des perdants, en 1759. Ils possèdent aujourd'hui une réserve, Wendake (près de Québec) et parlent français pour la simple et bonne raison que l'usage de leur langue ancestrale s'est perdu (et pas à cause des Anglais...)

À partir de la symbolique amérindienne, il suggère aussi de planter un pin blanc, "arbre de la paix", dans un trou où l'on jette "des tomahawks, des articles de guerre, des mauvaises pensées", énumère M. Sioui (Le Soleil)


S'il faut aussi enterrer les mauvaises pensées, il va falloir creuser un très grand trou.

samedi 21 février 2009

Le PQ fait un peu de ménage

L'Affaire de la Bataille des Plaines d'Abraham (voir ici et pour les précédents épisodes) a eu une conséquence qui mérite attention: embarrassé par les agités de son aile extrémiste, le Parti Québécois a décidé de couper les ponts avec eux.

En cause: les menaces lancées contre les organisateurs des commémorations prévues pour le 250e anniversaire de la bataille (en grande partie annulées).

J'ai rarement l'occasion d'applaudir une décision prise par un parti séparatiste, alors quand elle se présente je ne vais pas m'en priver. Espérons que cette décision soit définitive.

A lire: Le PQ rompt les liens avec l'aile radicale souverainiste (La Presse).


Update
Bien évidemment les militants "radicaux" au sein du PQ ne l'entendent pas de cette oreille et s'organisent: Une décision de Marois soulève la grogne de militants (La Presse).

Londres: parlementaires contre l'antisémitisme

Une centaine de parlementaires venus de 35 pays se sont réunis à Londres du 15 au 17 février pour une conférence inaugurale organisée par l'ICCA (Inter-parliamentary Coalition for Combating Antisemitism).

C'était la London Conference on Combating Antisemitism, voir aussi Engage pour le contenu de la Déclaration établie par les conférenciers.

Participaient également à ces travaux des universitaires, des juristes, des spécialistes des technologies de l'information etc.

L'objectif: "repenser la manière de combattre l’antisémitisme", "[partager] entre participants des connaissances, expériences, pratiques et recommandations applicables".

La deuxième conférence devrait avoir lieu en 2010, au Canada.

Parmi les orateurs, deux Canadiens: Jason Kenney (ministre -conservateur- de la Citoyenneté, de l'Immigration et du Multiculturalisme) et Irwin Cotler, député québécois -libéral- à la Chambre des Communes, ex-ministre de la Justice (également membre du comité directeur de l'ICCA, ce qui est plutôt bon signe).

Pas de Français parmi les orateurs, j'espère au moins qu'il y en avait dans la salle.

jeudi 19 février 2009

Pour rire et s'instruire

Le blog de maître Eolas connaît depuis plusieurs mois un immense succès, fort mérité.

Le blog est très bien informé (Eolas est avocat), bien écrit, et drôle.

Un des derniers billets du Maître: Quelques leçons de droit (et même un peu d'économie) à l'attention de Luc Besson.

Ne pas manquer la vidéo en fin d'article!

mercredi 18 février 2009

Bagatelles et point de détail

J'ai récemment eu l'occasion de mentionner le réseau Indymedia, suite à la publication d'un libelle injurieux et antisémite sur quelques sites, notamment ceux des branches lilloise et toulousaine de ce sympathique réseau.

Le site lillois est finalement revenu sur sa validation initiale et a effacé le charmant pamphlet (pas pour antisémitisme mais pour cause d'information fausse).

Après quelques jours de réflexion ce site militant a également envoyé à la poubelle un communiqué -qui était resté en attente de validation- appelant à manifester contre une quelconque intervention de Tzipi Livni -ministre des Affaires Étrangères d'Israël- auprès de l'Union Européenne.

Le titre du communiqué était "Bagatelles pour un massacre". Lourd clin d'oeil à un pamphlet antisémite de l'auteur français le plus célèbre, génial, prophétique et sublime (ça va, on sent bien l'ironie?), Céline.

Mon colocataire prétend que ce "clin d'oeil" était aussi léger que celui d'une vieille p... à 4 heures du matin dans un troquet du red light (quartier chaud de Montréal). Je lui laisse l'entière responsabilité de ses appréciations, dieu merci nous ne fréquentons pas les mêmes bouges.

Le motif avancé par le collectif indyen lillois pour avoir mis ces Bagatelles à la poubelle est: "hors délai". La visite de Livni était passée, trop tard, c'est plus dans l'actualité coco, on efface. La référence antisémite? Quoi? Quelle référence antisémite?

Ah, n'embêtez pas les gauchistes avec la judéophobie! Le vrai problème, c'est les intervenants qui postent hors délai.


Update
C'est maintenant un appel au soutien à la "résistance" (c'est-à-dire le Hamas) qu'on peut lire sur Indymerdia Lille.

Il est temps que la gauche cesse d'être paralysée par son aile extrémiste et coupe définitivement les ponts, aussi bien au Canada (NPD) qu'en France (PS). Ça vaut aussi pour les syndicats, qui auraient un grand ménage à faire...

En parlant de ménage, le PQ donne l'exemple.

mardi 17 février 2009

Une bataille? Quelle bataille?

Les menaces envers les organisateurs et les promesses de manifestations ont fait plier la Commission des champs de bataille nationaux.

La bataille des Plaines d'Abraham sera commémorée très discrètement, en l'absence de personnalités majeures (ni Stephen Harper ni Jean Charest ne seront présents, et je doute fort que la Gouverneure Générale prenne le risque de se montrer à cette occasion):

"En point de presse cet avant midi, le président André Jumeau [Juneau, nda] a expliqué que les «choses sont allées trop loin». «Il n'a jamais été de nos intentions de faire des événements un prétexte à une fête».Il n'y aura donc pas de reconstitution de la bataille ni de bal masqué, deux événements qui avaient soulevé des critiques acerbes dans les milieux nationalistes.
Le site internet de la Commission tiendra compte de la bataille de septembre 1759 et il y aura des fouilles archéologiques. La Commission fera une exposition sur «l'État de siège» à Québec. Il y aura aussi un colloque sur la guerre de Sept Ans
." (La Presse)


"Quebec sovereigntists promised to protest outside the re-enactment and there had been threats against organizers." (Toronto Star)


Circulez bonnes gens, il ne s'est rien passé le 13 septembre 1759.

Sans vouloir jouer au maudit Français donneur de leçons [ironie!] il faudrait peut-être regarder comment les Européens gèrent leurs vieilles histoires. [plus proche et encore plus pertinent, il suffirait d'observer la manière dont les Américains gèrent les commémorations de la Guerre de Sécession]

Il y a ici, très clairement, un détournement politique de l'Histoire; cette affaire est une occasion pour le camp séparatiste -et notamment les plus intégristes et intolérants parmi eux- de montrer ses muscles et d'intimider ceux qui ne sont pas dans la ligne.

Ne descendant ni de Wolfe ni de Montcalm, je me fiche pas mal de cette bataille. Ce dont je ne me fiche pas, ce sont les menaces envers les organisateurs et la litanie haineuse anti-"Anglo" qu'à toute occasion l'on nous assène.


Update
Cette mini-tragédie grecque étant -hélas- typique de l'ambiance politique locale, voici quelques textes et analyses dignes d'intérêt:
Déroute sur les Plaines, Vincent Marissal, La Presse 18/02
No hero in the 2009 battle for Quebec, Chantal Hébert, Toronto Star 18/02 (voir aussi le blog de Chantal sur le sujet)
Capitulation sur les Plaines, André Pratte, La Presse 13/02
Les opposants à la commémoration montent leur site Internet, Le Devoir 9/02
Retour sur les Plaines, André Pratte, La Presse 3/02 ainsi que La bataille des Plaines du 25/01

Comme un militant "anticommémoration" le précisait au journal télévisé de Radio-Canada mardi, l'annulation de la reconstitution en costumes et du bal sont une étape: l'objectif est que le fédéral se retire entièrement de tout projet commémoratif.
Deux référendums perdus plus tard, les séparatistes s'efforcent -avec succès- de faire disparaître du paysage québécois tout ce qui rappelle l'existence du Canada et du gouvernement fédéral. On ne peut pas dire que beaucoup de citoyens s'opposent à ces manoeuvres.

Felicitationes!

Hugo Chavez a gagné une étape importante: il a fait sauter la limite des trois mandats présidentiels. Il est désormais candidat à vie: "À peine les résultats communiqués, Chávez a indiqué qu'il était évidemment dans son intention de se présenter autant de fois qu'il le souhaiterait" (cf. Le Devoir)

C'est moins bien que président à vie (au fait comment va Fidel?) mais c'est nettement mieux qu'El Diablo, alias Georges W. Bush, qui n'a aligné que deux misérables mandats de quatre ans!

samedi 14 février 2009

Une disproportion qui ne dérange personne

Où sont les manifs? Où sont les pétitions?

Une célèbre organisation affirme depuis des mois qu'un Juif vaut mille Arabes.

Étrangement personne n'a trouvé le temps de protester. Les dernières semaines ont pourtant apporté la preuve que la disproportion était insupportable aux humanistes que nous sommes (voir ici et ).

La raison est simple: le Juif en question est Guilad Shalit, retenu en otage par le Hamas et ses alliés depuis 2006.

Le Hamas pourrait accepter de le libérer en échange d'un millier de prisonniers "politiques" palestiniens (Ynetnews). Pas moins. Selon cette source, Ehud Olmert, premier ministre sortant, se serait résigné à ce "taux de change" exigé par les terroristes.

mercredi 11 février 2009

Au tour d'Iggy!

Après avoir été traîné dans la boue par ses ex-"alliés" Jack Layton et Gilles Duceppe, c'est au tour de Michael Ignatieff de mettre les points sur les "i".

En l'occurrence il s'agit plutôt d'abattre les poings sur lesdits "i": "Le chef du Parti libéral Michael Ignatieff écarte de manière catégorique l'idée de conclure un autre accord de coalition à l'avenir avec le Bloc québécois, même si cela lui permettrait de prendre la tête du gouvernement fédéral" (La Presse).

M. Ignatieff précise ses raisons pour bouder toute alliance avec les bloquistes: "Ce n'est pas parce que je doute de la bonne foi de M. Duceppe ou sa volonté de respecter sa parole. Mon problème est qu'ils ont des objectifs stratégiques différents"

En voilà trois qui ne fêteront pas la Saint-Valentin ensemble.

La bonne vieille recette du complot juif

Fin janvier une synagogue de Caracas était vandalisée par un groupe d'hommes armés. Des slogans antisémites ont été peints sur les murs, des objets de culte détruits. L'attaque paraissait "bien préparée" (Ynetnews).

Cet événement survenait après une escalade verbale anti-"sioniste" et l'expulsion des diplomates israéliens début janvier (voir sur ce blog).

Les enquêteurs vénézuéliens ont révélé dimanche que huit agents de police et quelques civils avaient été arrêtés (Reuters). Parmi les profanateurs, un homme qui aurait été le garde du corps du rabbin jusqu'en décembre, date à laquelle il est entré dans la police; un gardien aurait été complice et aurait permis au groupe d'entrer facilement (Ynetnews).

Selon Reuters, le président Hugo Chavez a abordé le sujet lors d'une interview télévisée dimanche, précisant que le groupe était mené par un agent de police qui avait travaillé auprès du rabbin de la synagogue dans le passé (President Hugo Chavez (...) referred to the arrests and said the attack was led by a police officer who had worked closely with the rabbi at the synagogue).

Le président a ajouté, toujours selon Reuters: "Quelle coïncidence. Le chef du gang est un agent de la police métropolitaine qui durant les quatre dernières années avait été le garde du corps personnel du rabbin de la synagogue" (What a coincidence, the gang leader is a metropolitan police officer who for the last four years was the personal bodyguard of the synagogue's rabbi). Plutôt que compatir à l'amère déception de la communauté juive qui se découvre trahie par un ex-employé, Chavez nous jouerait-il le petit air de l'insinuation?

Dans un premier temps, el presidente avait accusé l'opposition.

Le ministre de l'Intérieur de Chavez, Tarek El-Aissami, a de son côté affirmé lundi que le mobile des vandales était... le vol (Le Monde).

Il faudra prévoir une réunion du conseil des ministres pour s'entendre sur la version officielle: un coup monté de l'opposition, un coup monté par le rabbin lui-même, ou bien un simple vol?

D'autres ne se sont pas gênés et ne se sont pas contentés d'insinuer: les sites Internet d'extrême droite, d'extrême gauche, sans oublier les islamistes, unis une fois de plus dans la détestation d'Israël en particulier et des Juifs dits "organisés" en général, ont repris des bribes d'information. En tordant quelque peu les faits...

Europalestine clame ainsi que "La profanation de la synagogue de Caracas a été organisée par les sionistes". Les mêmes titre et texte se retrouvent sur des sites tendance "islam militant" comme bladi.net et oumma.com. On retrouve aussi cette "dépêche" sur voxnr.com ou geostrategie.com, sur info-palestine et sur Indymerdia (vaticinations contre "la racaille sioniste" en prime). Voici le texte diffusé par Europalestine:

Le ministre de la justice du Vénézuela, Tarek El Aissami, a annoncé lundi soir que c’est l’ancien garde du corps du rabbin de Caracas qui a organisé la profanation de la synagogue « Tiféret Israël », avec la complicité du gardien de service qui a laissé les hommes pénétrer dans le bâtiment.
Avec l’aide du service d’ordre, les câbles d’électricité de la principale synagogue de Caracas avaient été coupés et l’alarme désactivée pour permettre aux vandales juifs de perpétrer leur forfait, le 30 janvier dernier, à l’intérieur du lieu de culte.

Jusque-là c'est très bref, on ne s'éloigne des articles de presse que pour fustiger les imaginaires "vandales juifs" (encore un lapsus: le rédacteur de la "dépêche" voulait écrire "les vandales sionistes", bien sûr). La conclusion pousse le bouchon de la diffamation un peu plus loin:
Les actes de vandalisme, les inscriptions antisémites sur les murs, tout comme le vol du fichier informatique des membres de la communauté, abondamment présentés par les medias comme des actes "antisémites" sont donc le fait des dirigeants de la synagogue. Les médias en feront-ils leurs choux gras ?

Oh on sait très bien ce que font la plupart des médias: leur boulot. Les extrêmistes de droite comme de gauche, eux, préfèrent lapper le bon vieux ragoût de la diffamation envers les Juifs. Le socialisme des imbéciles a encore de beaux jours devant lui, ce que semble d'ailleurs confirmer ce récent sondage rapporté par Haaretz ou Ynetnews.


Update
Le site lillois du réseau Indymerdia, qui avait initialement publié un post antisémite (accuser les Juifs d'être des comploteurs qui simulent les emmerdements qui les frappent, injures en prime, c'est bien de l'antisémitisme) a validé un article contradictoire qui met quelques points sur les "i". Je suppose que c'est la manière du collectif lillois de régler le problème: dans un premier temps on accepte de publier un article antijuif, puis on valide un article qui démontre l'imbécillité du premier texte... le complotisme antisémite et l'information sont considérés comme équivalents, d'égal intérêt.

Update 2
Les responsables de Indymedia Lille ont supprimé l'article antisémite pour cause de "fausse information". Le texte injurieux reste disponible ailleurs, comme par exemple Indymedia Toulouse. L'antisémitisme est bel et bien perçu à l'extrême gauche comme un élément annexe certes, mais compatible avec "les luttes".

samedi 7 février 2009

Un bon berger retourne aux études

Petite panique au Vatican: dans le lot des évêques (*) schismatiques membres de la secte lefébvriste récemment "dés-excommuniés", se trouve un négationniste.

Eh, wow, le beau scoop: y'a encore des judéophobes chez les curés?! On a tellement parlé de prêtres pédophiles ces dernières années qu'on avait un peu oublié que certains parmi eux pouvaient avoir d'autres "qualités".

Voici donc un évêque (*) négationniste. Plus précisément: en voici un dont on parle.

Le Vatican lui a demandé, en préalable à sa possible réintégration au sein du saint troupeau, d'abjurer sa foi négationniste.

L'évêque (*) a répondu qu'il allait de nouveau se pencher sur la documentation existante, mais que ça prendrait nécessairement un peu de temps:

"Since I see that there are many honest and intelligent people who think differently, I must look again at the historical evidence (...) if I find this evidence, I will correct myself. But that will take time (...) I was convinced that my comments were right on the basis of my research in the '80s, I must now examine everything again and look at the evidence" (Der Spiegel, repris par Haaretz) - voir aussi ici.

Si on prend ce qu'il dit pour argent comptant, on découvre que son négationnisme est basé sur ses "recherches" (dans les années 80) et sur le fait qu'il avait déjà "tout examiné" à cette époque sans trouver la moindre évidence de génocide (ça n'a donc rien à voir avec de la sympathie pour les nazis et leurs méthodes - j'avoue avoir poussé un gros soupir de soulagement en lisant cette salutaire mise au point). Plein de bonne volonté et d'une abnégation sans limites, constatant que tant de gens honnêtes et intelligents ont une opinion différente de la sienne, il va tout examiner de nouveau et, si cette fois il trouve une preuve de génocide, il rectifiera ses déclarations.

Der Spiegel lui suggère d'aller faire un tour à Auschwitz. Le curé gradé répond que non, il n'ira pas.

Il y a sans doute bien plus à apprendre dans les livres qu'en visitant ce qu'il reste d'Auschwitz. Le bon évêque ne saurait avoir d'autre raison pour ne pas vouloir visiter le plus grand centre d'extermination industrielle érigé par les nazis afin de régler définitivement "la question juive".

Heureusement il existe des catholiques sympas, ouverts et progressistes, qui critiquent vertement le flirt avec des idées que l'on associe traditionnellement avec l'extrême droite, par exemple Golias. Ils sont tellement sympas et de gauche que voilà l'intro d'un article sur LE conflit:

La Palestine crucifiée - "Victimes des victimes", telle était l’expression utilisée, il y a dix ans, par Edward Saïd pour parler des Palestiniens1. Mais, en Occident, les Israéliens restent les seules victimes parce que seule compte la Shoah. Les Palestiniens en font l’amère expérience.

C'est raffraîchissant, le catholicisme de gauche.


Update
Les autorités catholiques ont réagi -mal- aux propos du monseigneur (voir ci-dessus). L'évêque a été relevé de ses fonctions de chef du séminaire La Reja, en Argentine (Ynetnews).


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(*) Maître Eolas rappelle, dans un billet du 18 mars, que R. Williamson n'est pas évêque, du point de vue du Vatican et de l'Église: "Richard Williamson n'est pas, n'a jamais été et n'est toujours pas à ce jour évêque catholique.
Il a été consacré sans mandat pontifical par Marcel Lefèbvre, le 30 juin 1988, au nom de la Fraternité Sacerdotale Saint Pie X (FSSPX), mouvement schismatique intégriste opposé au convile de Vatican II et à la modernisation de l'Église. Cet acte a été considéré par l'Église comme schismatique et dès le lendemain, 1er juillet, Marcel Lefèbvre a été excommunié latæ sententiæ (par ce seul fait). Donc sa consécration est, aux yeux de l'Église, nulle et de nul effet
(...)"

vendredi 6 février 2009

Une analyse de Chantal Hébert sur le poids des souverainistes

(...) Le mois dernier, en écoutant Michael Ignatieff parler à des étudiants de HEC Montréal de l’importance stratégique des sables bitumineux de l’Alberta dans le rapport de force canado-américain, je me suis demandé quelle était la dernière fois où le chef d’un grand parti fédéral avait parlé du reste du Canada au Québec. Je cherche encore la réponse.

Au Québec, ce sont surtout les souverainistes qui parlent du Canada, et pas nécessairement souvent ni en bien. À l’époque du référendum, Lucien Bouchard faisait ses choux gras de la menace d’un vent de droite en provenance de l’Ontario conservateur. Depuis qu’un premier ministre plus gauchisant que Jean Charest s’est installé à Queen’s Park (1) et que Stephen Harper a pris le pouvoir, l’Alberta a remplacé l’Ontario dans l’imaginaire souverainiste.

Si le mouvement souverainiste fournit de plus en plus les questions et les réponses dans le débat Canada-Québec, c’est parce que les fédéralistes qui se sont évertués à convaincre les Québécois de demeurer canadiens, au moment du référendum, lui laissent toute la place. Depuis 1995, les vainqueurs se comportent comme des perdants. (...)

L'article complet sur le blog de Chantal Hébert.

Pour des exemples de discours anticanadiens voir ici ou .

Chantal Hébert se cantonne ici au rôle des politiciens. Si on ajoute les artistes et autres "faiseurs d'opinion" (cinéastes, acteurs, chanteurs, auteurs, humoristes...) on aboutit à une situation où le discours procanadien est réduit à peu de choses: quelques éditorialistes, les politiciens des partis fédéralistes, et c'est à peu près tout.
Au Québec, le discours procanadien est essentiellement un silence.

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(1) siège du parlement ontarien; le premier ministre en question est Dalton McGuinty.

jeudi 5 février 2009

Nicolas Sarkozy bientôt devant la CPI?

Le premier ministre du Québec, Jean Charest, est allé rendre visite aux Parisiens.

Nicolas Sarkozy l'a cordialement reçu à l'Élysée. À cette occasion il a fait savoir sa préférence pour un Canada uni.

Il avait déjà tenu des propos dans ce sens à Québec (lors du sommet de la Francophonie en 2008), propos qui avaient irrité les séparatistes.

Mais le discours de Paris était plus direct, plus percutant. Le président français a parlé de "sectarisme", d'"enfermement sur soi-même", etc.

Ça n'a pas plu. Oh que non. Les séparatistes aiment bien aller s'assurer des bonnes grâces de la France, comme Jacques Parizeau lorsqu'il était allé rendre visite à Jacques Chirac peu de temps avant le référendum de 1995 (la relation d'amour/haine qu'entretiennent les nationalistes québécois avec la France est très intéressante à observer). Ils ont toujours un tendre souvenir de De Gaulle, qui avait clamé "Vive le Québec libre!" depuis le balcon de la mairie à Montréal en 1967.

C'est cette relation faite de dépendance, de besoin de reconnaissance, mais aussi de rancoeur alimentée par un persistant sentiment d'infériorité, qui explique l'importance de l'opinion de Nicolas Sarkozy sur ce que doit être, ou pas, le Québec.

Jusque là, les réactions hostiles au discours de N. Sarkozy étaient tout à fait prévisibles. Mais les chefs séparatistes ont pris une décision qui vient de nous faire passer de la farce politique au psychodrame: ils ont décidé d'envoyer une plainte officielle à la France!

Ils sont en colère et ça se voit: Pauline Marois, chef du Parti Québécois, à gauche - Gilles Duceppe, chef du Bloc Québécois, à droite (Photo: Alain Roberge, La Presse)
Ils sont en colère et ça se voit: Pauline Marois, chef du Parti Québécois, à gauche - Gilles Duceppe, chef du Bloc Québécois, à droite (Photo: Alain Roberge, La Presse)

Pour la première fois de leur histoire, le Parti québécois et le Bloc québécois ont adressé une plainte officielle à un chef d'État, en l'occurrence le président français Nicolas Sarkozy qui a accusé le mouvement souverainiste de «sectarisme». (La Presse)

Le clou des rencontres franco-québécoises à Paris s'est toutefois avéré être l'intervention d'un député français, Pierre Lasbordes, qui a voulu frimer devant Jean Charest et son entourage. Il a ainsi lancé à un auditoire abasourdi : "J'espère que vous n'avez pas trop la plotte à terre, comme on le dit au Québec". Il croyait s'inquiéter de l'état de fatigue du premier ministre, mais sa phrase sonne de manière très désagréable à une oreille québécoise ("la plotte", au Québec, désigne ce qu'en France on nomme vulgairement "la chatte"...). Habituellement ce niveau de langage est réservé aux "3e mi-temps" des rencontres internationales, et non pas aux réceptions officielles.

Bref, depuis hier je me suis fait plusieurs fois demander si j'avais "la plotte à terre" par des Québécois hilares...

Franchement, monsieur Lasbordes! Je ne sais pas ce qui me retient de vous envoyer une plainte de quatre pages.

Update
Parmi les millions de réactions, éditos, chroniques radio et télé suscités par le discours de Nicolas Sarkozy, celle-ci, de Gil Courtemanche dans Le Devoir [mes remarques entre crochets]:
Ouragan médiatique. Sarkozy parle de sectarisme à propos des indépendantistes. Il ne respecte pas la règle de la non-indifférence. Bon, Sarkozy ne connaît pas le Québec, ni le mouvement souverainiste. C'est vrai. [Est-ce que De Gaulle connaissait mieux le Québec? J'en doute fort! Cette accusation est purement formelle: dès que quelqu'un -y compris un Québécois de naissance- s'oppose au séparatisme, il se fait volontiers accuser de ne pas connaître le Québec, le Québec authentique] Mais comme on dirait en France, les Québécois moyens s'en «branlent». Les médias locaux en font des manchettes depuis une semaine. Bêtise. [Pourquoi donc y ajouter la vôtre, de manchette?] On se fout de Sarkozy. [Ah bon? Vu la quantité et l'intensité des réactions je crois qu'on peut affirmer le contraire] La position du président de la France n'influencera jamais notre choix. Plus fondamentalement, cela relève de notre volonté médiatique d'être reconnus comme si nous ne nous suffisions pas à nous-mêmes et que nous avions besoin de la reconnaissance des autres pour exister. [C'est précisément ce que révèle, une fois de plus, cette affaire. C'est pourquoi Marois et Duceppe font référence à De Gaulle dans leur lettre de plainte, c'est pourquoi Parizeau était allé chercher le soutien de Chirac en 1995, etc.] Nous savons qu'Isabelle Boulay est une fantastique interprète, que Céline Dion est célèbre mondialement. Avons-nous besoin d'être informés du jugement des autres pour continuer à les aimer? Si oui, il y a un problème.
Je confirme. Il y a un problème.

Réactions disproportionnées et très orientées

Ces derniers jours on peut lire ce genre de choses dans les journaux:

"Sri Lanka: 300 personnes fuient un hôpital bombardé. Plus de 300 patients et personnels de santé de l'hôpital de Puthukkudiyiruppu, dans le Nord-Est du Sri Lanka, ont été forcés de fuir après le bombardement «répété» de l'hôpital, a déploré mercredi le Comité international de la Croix-Rouge (...) Le CICR n'a pas précisé quels étaient les auteurs des bombardements"

"Le Sri Lanka rejette toute négociation avec les Tigres tamouls. Le gouvernement du Sri Lanka a rejeté jeudi toute négociation avec les Tigres tamouls sur les conditions de leur reddition (...) Au terme de 37 années de conflit, l'armée est lancée dans son offensive finale dans le nord-est de l'île contre les Tigres tamouls retranchés sur une bande de terre de 200 km2. Là bas, survivent environ 200.000 habitants. Des centaines ont déjà été tuées depuis le 1er janvier"

"L'ONU et plusieurs ONG alertés par les violents combats. Près de 25 ans et 70 000 morts plus tard, la guerre civile du Sri Lanka semble être entrée cette semaine dans la dernière ligne droite"

"Le Sri Lanka exclut un cessez-le-feu malgré les pressions. Le Sri Lanka exclut un cessez-le-feu dans son conflit avec les rebelles tamouls, malgré les inquiétudes internationales concernant le sort d'environ 250 000 civils pris au piège des combats, a déclaré vendredi le ministre des droits de l'Homme, Mahinda Samarasinghe"

Voyons maintenant quelles sont les réactions officielles du CUPE-Ontario, dont la page d'accueil montre combien ils se soucient des conflits armés même lointains: on peut y voir un joli dessin qu'on suppose pacifiste sous-titré "CUPE Ontario's response to Gaza Crisis" ainsi que le "CUPE BC Statement on the Gaza Crisis" (BC = British Columbia, une autre province canadienne).

Voilà ce que le CUPE-Ontario a à dire sur le conflit sri lankais:

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Search results for: tamils
No results found. Did you mean:
timely?

Quant à la CSN, centrale syndicale québécoise, elle parle du Sri Lanka dans quelques documents de travail. On trouvera des articles datant de 2001 ou 2002 voire 2005, mais rien comparé aux réactions virulentes et immédiates observées en débembre et janvier à propos d'un autre conflit...

Quant à Québec Solidaire: sri lanka - Votre recherche n'a donné aucun résultat

Conclusion: certaines "résistances" sont mieux soutenues que d'autres: celles du Hezbollah à l'été 2006, celle du Hamas en 2008-2009.

Devinette: que/qui trouve-t-on dans le conflit au Liban en 2006, et dans les combats à Gaza en 2008-2009, que l'on ne trouve pas au Sri Lanka?

mardi 3 février 2009

Les habits neufs de la judéophobie

Un trait marquant de la judéophobie moderne est de s'abriter derrière l'alibi de l'antisionisme. C'est une stratégie judicieuse puisque ça permet à un discours raciste de se faire passer pour une critique politique. Elle sera utilisée tant et aussi longtemps que les mouvements de soutien aux Palestiniens continueront d'accepter la compagnie (et les cotisations...) des judéophobes.

Alors qu'il est encore politiquement incorrect -dans les pays que je qualifierais rapidement "d'occidentaux"- d'entonner le vieil air de la calomnie antijuive, les vannes sont ouvertes dès lors que la cible est "le sioniste". Les discours injurieux, diffamatoires, haineux, qui se déchaînent contre le vil sioniste ont toutefois une caractéristique révélatrice: ils ont un contenu identique au discours antisémite classique, ne s'en écartant que d'un mot; on parlera ainsi de complot sioniste, lobby sioniste, contrôle sioniste des médias, gouvernement sioniste mondial, etc.

Je mentionnais récemment le cas d'une sous-ministre sud-africaine, qui s'était un peu laissée aller contre "l'argent juif".

De retour d'un déplacement à l'étranger, la dame a rectifié le tir. Son argumentation est simple: ceux qui l'imaginaient antisémite sous prétexte qu'elle fustigeait l'influence néfaste de l'argent "juif" ont mal compris ou sont mal intentionnés. En fait c'est tout bête, elle a mélangé "pression sioniste" et "influence juive", deux concepts qu'il est visiblement facile de confondre:

"At a singular point in my talk, and entirely unrelated to any South African community, I conflated Zionist pressure with Jewish influence. I regret the inference made by some that I am anti-Jewish" (voir le très bon article que Harry's Place consacre au sujet)
C'est vrai quoi, franchement, il faut avoir l'esprit mal placé pour prétendre qu'une déclaration du genre "l'argent juif contrôle la plupart des pays occidentaux" est un cliché antisémite. C'était pas antisémite, c'était un lapsus.

Je bats publiquement ma coulpe et offre mes plus plates excuses à la victime de ce qui est, à l'évidence, une odieuse campagne du lobby mondial juif sioniste .

Pardon, madame.

dimanche 1 février 2009

Tous les manifestants ne sont pas égaux

Londres: manifestants pro-tibétains interpellés.

Un drapeau tibétain et une pancarte Free Tibet ont été observés dans une manifestation pro-tibétaine.

Plusieurs des 200 émeutiers enragés ont été arrêtés immédiatement.

Les représentants londoniens du Hamas et du Hezbollah ont fait connaître leur satisfaction: "Ces terroristes tibétains antichinois nous font un tort considérable, les gens ne font plus la différence entre ces extrêmistes et nous. Écoutez leurs slogans dans les manifestations, on entend distinctement om mani pedme hung, ce qui veut dire en tibétain Décapitons les ennemis du Bouddha vivant! C'est intolérable, nous espérons ne plus jamais voir ça à Londres".

Sarcasm is just another free service I offer - Family Fuy Product on www.myteespot.com (Source Family Guy)

Nous ne sommes pas antisémites, mais...

Les temps changent, pas toujours pour le mieux.

En punition de la guerre d'indépendance israélienne de 1947-1949, des centaines de milliers de Juifs ont quitté les pays arabes dans les années cinquante, poussés par le vandalisme, les émeutes, les menaces, les assassinats, les faux procès et les vraies exécutions.

Aujourd'hui, plus nettement encore qu'à l'été 2006 (seconde guerre du Liban), l'attaque israélienne contre le Hamas dans la bande de Gaza sert d'alibi à un retour du discours antisémite, y compris en Europe, au Canada, etc.

S'il est une chose que l'Histoire nous a pourtant enseignée, c'est que la judéophobie n'est jamais anodine lorsqu'elle touche les sphères du pouvoir. Il est bien évidemment illusoire d'espérer une disparition du sentiment antijuif, aussi bien en Europe qu'au Canada, mais il est impératif d'établir un cordon sanitaire afin que nos institutions publiques, nos syndicats, nos médias, nos gouvernements, restent hors de portée des judéophobes (et autres racistes et/ou homophobes...) qui voudraient mettre leurs fonctions au service de leurs dégoûts personnels.

Au Canada, ces dernières semaines, quelques syndicats se sont fait remarquer, que ce soit à cause d'une discrimination visant spécifiquement les Israéliens (voir le cas du CUPE-Ontario) ou bien par leur indifférence lorsque des antisémites se sont joints aux manifestations "propalestiniennes". La CSN est allée jusqu'à réagir... contre ceux qui avaient dénoncé les slogans antijuifs ou les drapeaux du Hezbollah (voir ici).

Dans d'autres pays la situation est beaucoup plus inquiétante.

Au Vénézuéla par exemple. Le président Hugo Chavez s'était déjà rapproché d'humanistes aussi remarquables que le président iranien, qui voit d'un bon oeil le négationnisme et l'éradication d'Israël. Il était encore possible de se bercer d'illusions en se disant que, parfois, des impératifs politiques impliquent la fréquentation de personnages peu recommandables.

Hugo Chavez en compagnie du président iranien - Source Harry's Place
(Source photo: Harry's Place)


À l'occasion des raids israéliens à Gaza toutefois, Chavez a commencé par qualifier L'État israélien de "génocidaire" et d'"assassin" (La Presse, 5 janvier).

Il a ensuite expulsé le personnel de l'ambassade israélienne (l'ambassadeur en tête), mais a aussi lancé un appel aux Juifs, vénézuéliens notamment, afin que ceux-ci prennent position contre Israël. La Bolivie, qui suit un parcours similaire à celui du Vénézuéla, a également rompu ses relations diplomatiques avec Israël, pour le même faux motif (Haaretz).

On apprend aujourd'hui que la plus vieille synagogue de Caracas vient d'être vandalisée par un groupe d'hommes armés (Haaretz rapporte la réaction de l'ADL, voir aussi Ynetnews). Doit-on s'en étonner?

Haaretz rapporte la réaction du ministre vénézuélien des affaires étrangères: "Venezuelan Foreign Minister Nicolas Maduro condemned the attack and promised it would be investigated, while reiterating his government's opposition to what he called Israel's criminal government. We respect the Jewish people, but we ask respect for the people of Palestine and their right to life" (N. Maduro a condamné cette attaque et a promis qu'il y aurait une enquête, tout en rappelant l'opposition de son gouvernement à ce qu'il appelle le gouvernement criminel israélien. "Nous respectons le peuple juif, mais nous demandons le respect et le droit à la vie pour le peuple de Palestine", a ajouté le ministre).

Nous respectons le peuple juif, mais...

La CSN "ne soutenait pas" les slogans antisémites de la manif du 10 janvier à Montréal, mais a vertement critiqué ceux qui avaient osé en parler.

Le premier ministre turc, Tayyip Erdogan, a déclaré que l'antisémitisme était un crime contre l'humanité, mais "un immense drapeau palestinien flotte toujours dans la rue de la synagogue Neve Shalom, une des cibles des attentats d'al-Qaida qui avaient fait 63 morts en 2003" (Le Figaro).

Le Figaro rapporte également un aspect révélateur du discours du leader turc:

... parmi les diatribes anti-israéliennes quasi quotidiennes de M. Erdogan pendant le conflit, une remarque sur l'accueil des Juifs qui ont fui l'Inquisition au XVe siècle ne passe pas. «Nous sommes les descendants des Ottomans qui vous ont sauvés des Espagnols il y a cinq cents ans», a-t-il lancé.
«Est-ce que je suis toujours considérée comme une invitée sur ces terres où je suis née et où j'ai grandi, où je remplis mes devoirs en tant que citoyenne, a réagi Leyla Navaro, psychologue, dans une tribune publiée dans le quotidien Radikal. Ajoutant : «On me tient responsable de la guerre au Moyen-Orient parce qu'il est écrit “judaïsme” dans la case religion de ma carte d'identité.»

En Afrique du Sud, pays qu'on aurait pu croire dégoûté du racisme, une ministre a déclaré lors d'un rallye "propalestinien" le 14 janvier: "The control of America, just like the control of most Western countries, is in the hands of Jewish money and if Jewish money controls their country then you cannot expect anything else" (L'Amérique, tout comme la plupart des pays occidentaux, est contrôlée par l'argent juif, et si l'argent juif contrôle leurs pays vous ne pouvez vous attendre à rien d'autre) (Haaretz, Z-Word) [la suite ici]

Ce ne sont ici que quelques exemples, de portée et de gravité très inégales, des "dérives" observées ces dernières semaines.

Il faut bien réaliser ceci: lorsqu'un dirigeant (député, chef de parti, de gouvernement, de syndicat, etc.) exige "des Juifs" qu'ils se comportent de telle ou telle manière, qu'ils tiennent tel ou tel discours ou qu'ils ferment leur gu... sur tel ou tel sujet, il contribue à rendre respectable et socialement acceptable la discrimination antijuive.

On ne peut pas empêcher une personne de détester les Juifs, mais on peut interdire à un judéophobe d'utiliser ses fonctions pour répandre son "message". Sur le plan international, il serait bon d'établir un cordon sanitaire autour des leaders étrangers qui soufflent sur les braises de la vieille haine antijuive pour "occuper" leurs populations. Pendant que la populace bouffe du juif, voyez-vous, elle ne fait pas autre chose...

Les citoyens français ou canadiens ne sont pas responsables des choix politiques d'un pays d'Amérique du Sud ou des déclarations d'une politicienne sud-africaine, par contre ils peuvent agir localement.

Update
1) tiens au fait, en parlant d'agir localement, je n'ai toujours reçu aucune réponse de la CSN... ils doivent être tellement occupés à défendre mes droits de travailleur qu'ils n'ont plus le temps de lire leur courrier...
2) depuis des années c'est au nom de la "critique d'Israël" et du "soutien aux Palestiniens" que se répand l'antisémitisme; on s'en rend bien compte dans l'exemple de la politicienne sud-africaine. Voici un autre cas dans un commerce de vélos en Islande, qui affiche en vitrine "Les Juifs ne sont pas bienvenus" (pas la peine de parler islandais couramment pour comprendre le sens de Judar - ekki velkomnir), sous le motif de "protest against the Israeli operation in Gaza": voir le blog Philosemitism.

C'est au tour du Bloc

Sans surprise aucune, c'est au tour du chef du Bloc "Québécois" de lancer des anathèmes contre Michael Ignatieff (La Presse)

C'est à se demander comment le Bloc -ou le NPD- ont pu se compromettre dans une coalition avec un parti aussi méprisable, vil, traitre, et ennemi du Québec que le Parti Libéral du Canada!

Plutôt qu'être viré pour collaboration avec l'ennemi, Gilles Duceppe a été ovationné par ses troupes et a récolté un beau 95% de vote de confiance de la part des militants réunis à Saint-Hyacinthe ce week-end.

A lire: l'édito d'André Pratte, qui a une claire vision de la stratégie des partis séparatistes:

Le Bloc déplore que la répartition des sommes proposées avantage l'Ontario et l'Alberta. Il dénonce aussi les changements apportés à la péréquation. Or, l'accord de la coalition ne contenait aucun engagement sur ces sujets. Le gouvernement libéral-NPD aurait donc pu adopter exactement les mêmes mesures que M. Flaherty et le Bloc aurait été tenu par l'entente de les laisser passer.

En réalité, l'attitude du Bloc québécois ne trouve pas sa source dans le contenu du budget. Le parti de Gilles Duceppe continue tout simplement sa guérilla pour miner la légitimité du gouvernement et des partis fédéraux. Dès qu'une mesure peut être présentée comme néfaste au Québec, aussi ténue soit la démonstration, les bloquistes s'en emparent pour mousser leur vision négative du pays.