mardi 9 décembre 2008

Histoires de bashing

Allez, c'est reparti... Tout le monde y va de sa rengaine:

Pauline Marois: "Mr. Harper did not respect the view of the Quebecers".

Une lectrice du Devoir voit dans les récents événements "le retour de la francophobie canadienne-anglaise", "l'hystérie antiquébécoise"... "en situation de crise, le Québec redevient vite le bouc émissaire privilégié"... "le Québec ne sera jamais accepté au Canada".

Pour arriver à cette vision peut-être un peu hystérique, on commence par poser l'équation Bloc québécois = Québecois. Or ce sont 38% des voix qui sont allées vers le Bloc le 14 octobre. C'est beaucoup, mais ce n'est pas "les Québécois".

Après ce tour de passe-passe malhonnête (Bloc et ses partisans = Québec) on pousse le bouchon un peu plus loin: s'opposer au Bloc et son programme = Québec-bashing.

Et hop, abracadabra.

Une autre chose intéressante, c'est que ceux qui montent aux barricades (virtuelles) pour s'insurger contre le prétendu "Québec-bashing" de M. Harper et des Canadiens anglais ont volontiers eux-mêmes recours au West-bashing.

Un lecteur du Devoir dénonce par exemple: "l'aveuglement idéologique du petit Kaiser albertain". Imaginez un peu les réactions si un Albertain osait traiter Gilles Duceppe de "petit Kaiser québécois".

Avant les remous à la Chambre des Communes, Pierre Falardeau avait causé quelques réactions en traitant David Suzuki de "petit japanouille à barbiche, un autre emmerdeur de la côte Ouest, véritable professeur Tournesol de l'écologisme bien-pensant". En punition, P. Falardeau avait été invité à Tout le monde en parle. Comme quoi le West-bashing est très bien accepté, certains y verront même de l'audace, une manifestation de patriotisme enflammé, mais malheur à ceux qui s'opposent au séparatisme du Bloc et du PQ.

Mais au fait, y a-t-il vraiment une éruption de Québec-bashing, de francophobie, ailleurs au Canada?

Hormis les inévitables Peter Falardow que l'on trouve ici et là dans les autres provinces, c'est loin d'être certain. Patrick Lagacé, envoyé spécial de La Presse à Calgary, a observé les réactions des opposants albertains à la coalition. A propos d'une manifestation anti-coalition, il remarque:

"Des mots durs pour le Bloc, sur des affiches, oui. Mais pas un mot contre le Québec ou les Québécois, chez les orateurs. Et parmi les centaines d'affiches, j'ai eu beau chercher, pas une seule qui croquait de la grenouille."

Tout le monde n'est pas parfait en Alberta ou en Ontario, tout le monde n'est pas parfait ici non plus. S'il faut se séparer de quelque chose, je vote pour une séparation d'avec les extrêmistes. Donnons leur un morceau des Territoires du Nord-Ouest, et qu'ils aillent s'y faire la guerre.

Aucun commentaire: