lundi 31 août 2009

Le "Boströmgate": bientôt une issue?

Le "Boströmgate" (du nom du journaliste Donald Boström, désormais connu mondialement pour un article grotesque publié dans un tabloïd suédois) continue de faire du bruit en Suède.

Je consacre de nouveau un billet à ce sujet, car il me semble important de rappeler encore et encore que tous les Suédois -loin de là- ne tombent pas dans le panneau de la diabolisation d'Israël. Tous ne gobent pas les diffamations antijuives, même lorsqu'on tente de les déguiser en "critique" des autorités israéliennes.

La Suède, je ne le dirais jamais assez, est un pays qui mérite le plus grand respect. Même si parfois, inévitablement, disputes et malentendus surgissent, ça vaut le coup de les résoudre (et dans ce cas précis une résolution est peut-être en vue, voir la fin du billet). Oui, il y a des cons et des salauds en Suède. Ils écrivent des bouquins, gèrent des sites Internet, rédigent des articles ou passent à la télé. Et ils ne sont pas tous de droite... De ce point de vue, la Suède ressemble beaucoup à la France, au Canada, ou même à Israël.

* * *

Ce samedi 29 août, le quotidien suédois Dagens Nyheter publiait dans sa rubrique "Opinion" un court texte de Rikard Westerberg intitulé: "Du très mauvais journalisme, tout simplement".

Westerberg, dans le court espace mis à sa disposition, rend compte d'un débat entre Jan Helin (rédacteur en chef d'Aftonbladet) et Roland Poirier Martinsson, directeur d'une organisation que je découvre, le Timbro Medieinstitut (sorte de think tank libéral).

Westerberg a remarqué qu'au cours de ce débat (la vidéo sur le site de Timbro dure plus d'une heure... et n'est malheureusement pas sous-titrée), Helin s'est aventuré à expliquer qu'un article de la section culturelle "inte kräver lika solitt faktaunderlag som nyhetsartiklar" [n'exige pas une base factuelle aussi solide que les articles d'information - les "News"].

Il pousse alors la logique d'Aftonbladet jusqu'au bout (l'ambassadeur israélien Benny Dagan avait fait de même quelques jours avant) en écrivant que l'on pourrait, sur les mêmes principes (pas de preuves, juste des ragots, des rapprochements injustifiés, etc.) écrire un article sur le rôle des Juifs dans les attentats du 9/11.

Jan Helin répond à Rikard Westerberg sur son propre blog (Dagens Nyheter voulait bien publier un droit de réponse, à condition que Helin réduise la taille de sa réponse, ce qu'il a refusé de faire).

La réponse du rédac' chef d'Aftonbladet démontre une chose: il n'a toujours rien compris. Il continue à parler de "substance" à propos des "questions" soulevées par l'article de Boström. Il écrit noir sur blanc, le 30 août:
Ett 50-tal palestinska familjer fick tillbaka sina ihjälskjutna söner med uppsprättade och ihopsydda kroppar. Det faktumet ger en mycket konkret och legitim grund för att kräva svar på vad som hänt från de israeliska myndigheter som ostridigt bär ansvar för pojkarnas död och hanteringen av deras lik. Men enligt den skolas logik som Rikard Westerberg är elev i är dessa människors anklagelser och oro inte något värd. Efter att deras söner skjutits ihjäl bör vi också tiga ihjäl deras frågor eftersom vi annars riskerar att sprida antisemitism.

[Une cinquantaine de familles palestiniennes ont récupéré leurs fils, abattus par balle, leurs corps ouverts puis recousus]
Remarquons d'emblée que Jan Helin évite encore toute référence aux autopsies pratiquées en Israël en cas de mort violente. Il préfère utiliser une expression très vague qui sert mieux ses intérêts. Cet "oubli" est d'autant plus étrange qu'Aftonbladet a publié -le 23 août- une entrevue sur ce sujet avec un porte-parole du ministère israélien des Affaires étrangères, Yigal Palmor: Vi obducerar, det är rutin [Nous faisons des autopsies, c'est la procédure]. Jan Helin lit-il son propre journal? Ou bien considère-t-il, tout simplement, qu'un porte-parole du gouvernement israélien ne peut que mentir?
[Ce fait -continue Helin- donne une base très concrète et légitime pour exiger une réponse des autorités israéliennes sur ce qui s'est passé. Ces autorités sont responsables de la mort de ces garçons, ainsi que de la façon dont leurs cadavres ont été traités. Mais selon la logique de l'école de pensée à laquelle appartient Rikard Westerberg, les accusations et l'inquiétude de ces gens n'ont aucune valeur. Après que leurs garçons ont été tués par balle nous devrions en plus étouffer leurs questions par notre silence, car sinon nous risquerions de répandre l'antisémitisme.]
Résumons. Pour obtenir un article avec une base factuelle suffisamment "béton" pour être publié dans Aftonbladet, il suffit de :

- ne pas s'appesantir sur l'historique des "faits" (on évitera par exemple de rappeler que la légende du vol d'organes par les Juifs n'est pas une nouveauté au Moyen-Orient),

- rapprocher des éléments sans aucun lien objectif entre eux, par exemple une enquête du FBI en 2009 et le corps d'un Palestinien autopsié en 1992; du moment qu'au moins un Juif puisse être impliqué dans un cas comme dans l'autre suffit à établir un "fait indéniable",

- éviter les termes scientifiques (trop précis, ça tue le suspense!); plutôt qu'écrire "Les victimes de mort violente sont autopsiées", on choisira plutôt une formule du genre "Les garçons sont abattus, ouverts, puis recousus sommairement",

- prétendre une chose ou son contraire, selon les besoins du moment; on pourra dire que la rubrique "Culture" est moins exigeante en matière de faits et répéter à l'envi que l'on n'a aucune preuve que les vilains Israéliens volent effectivement des organes, ou bien on assènera au contraire que l'article incriminé repose sur des faits indéniables et très concrets,

- retourner l'accusation; ce n'est pas vous qui répandez des ragots antisémites, ce sont vos ennemis qui tentent d'étouffer la vérité et/ou de tuer la liberté de la presse.

* * *

Petite annexe sur les milieux qui ont repris, en les présentant comme crédibles, les diffamations "culturelles" d'Aftonbladet.

En France, peu de surprises. Les milieux "antisionistes" sont fermement du côté des "révélations" de Boström, quelle que soit leur préférence politique (les deux extrêmes se retrouvent dans le même lit, une fois encore): Alter info, Les ogres, Europalestine, certains Indymedias, ISM (International Solidarity Movement), Agoravox, Bellaciao, etc.

AFPS (Association France Palestine Solidarité) reprend le texte d'Agoravox (Criminel de guerre jusque dans les tripes ? Israël accusé de trafic d’organes), mais l'agrémente d'un article de Gideon Levy (Haaretz) qui, certes, rejette les assertions de Boström mais profite surtout de l'occasion pour condamner... le gouvernement israélien et "les horreurs de l'occupation". En fait Gideon Levy se contente de salir ses cibles habituelles, les autorités israéliennes (le chef du gouvernement peut être Barak, Olmert, ou Netanyahou, peu importe) et répandre d'autres insinuations (l'antisémitisme est un "atout"):
"Le Ministre des Affaires Etrangères Avigdor Lieberman aurait dû envoyer un bouquet de fleurs à Donald Boström, le photographe de presse suédois qui a écrit cet article, prétendant que les Forces de Défense d’Israël [FDI] récoltaient des organes sur des Palestiniens morts. Et le Ministère des Affaires Etrangères aurait dû envoyer une lettre de remerciements aux rédacteurs en chef de ce journal, Aftonbladet. Cela faisait longtemps qu’un tel atout n’était pas tombé entre les mains des amis de l’occupation pour leur propagande. Cela faisait longtemps qu’une telle nuisance n’avait été causée à ceux qui essayent sérieusement de documenter les horreurs de l’occupation".
Ce n'est pas odieux et criminel comme les allégations de Boström, mais c'est grotesque: dans un cas on nous dit que les Israéliens pourraient voler des organes, ils le font d'ailleurs certainement, on n'a pas de preuves mais on a une excellente base factuelle... Dans l'autre cas on nous dit que les "Boströmgate" enchantent les dirigeants Israéliens, qui se félicitent secrètement de ces cadeaux inespérés. Étant donné que les ragots malsains d'Aftonbladet vont apporter de l'eau au moulin des partisans du boycott total et de l'isolement diplomatique d'Israël (en attendant son démantèlement) j'ai du mal à percevoir en quoi cela serait un "atout" pour les autorités israéliennes...

Bellaciao (extrême gauche) publie la traduction française de l'article de Boström et ajoute pour faire bonne mesure un pamphlet tiré du site du Quotidien d'Oran. Ledit pamphlet dénonce la "ficelle de la propagande sioniste" ainsi que la "violente campagne de culpabilisation orchestrée par les autorités de Tel-Aviv" suite aux "révélations" d'Aftonbladet.

Elle a le teint frais et les idées claires, la "vraie gauche" française...

* * *

N'en déplaise aux fans des "révélations" de Boström, la conclusion de la crise Suède/Israël est peut-être proche. Selon Haaretz, la Suède pourrait, dans le cadre de sa présidence temporaire de l'Union Européenne, faire enfin entendre sa voix: Following inflammatory article, Sweden to demand EU condemn anti-Semitism
In a telephone conversation with Haaretz, Frattini [ministre italien des Affaires étrangères] said he recently met with his Swedish counterpart, Carl Bildt, and the two agreed that at a meeting of European Union foreign ministers later this week, they will work to pass a resolution making it clear that the EU, under the Swedish presidency, strongly condemns anti-Semitism and will take action against any manifestation of it on the continent.

Frattini said he intends to demand that the meeting's summary statement explicitly condemn the article published in the Swedish tabloid Aftonbladet
Franco Frattini ne cache pas ce qu'il pense de l'article d'Aftonbladet. Le ministre italien qualifie ainsi les accusations contenues dans l'article de Boström: "terrible conclusions, lying and hurtful, and they have the power to assist all those who seek to incite against Jews or who oppose the existence of the State of Israel".

Yigal Palmor a fait savoir qu'une telle initiative suédoise serait bienvenue, à condition qu'elle mentionne explicitement l'article d'Aftonbladet et ne se contente pas de généralités. "We did not ask for an apology [de la part du gouvernement suédois] or for measures against the newspaper or the journalist," he added. "All we asked of Sweden and the Swedes is that they reject and decry the content of the report. And our position has not changed", a précisé le porte-parole israélien.

J'espère que le gouvernement suédois, bien que nullement responsable des saletés publiées récemment par le populaire tabloïd, saura trouver les mots justes pour critiquer ce qui doit l'être, tout en réaffirmant sereinement son respect pour la liberté de la presse - la presse qui informe, qui nourrit l'esprit et éclaire les consciences.


Update
Franco Frattini s'est apparemment trompé sur les intentions de Carl Bildt, voir billet du 3 septembre.

samedi 29 août 2009

Fallait-il se taire?

L'article publié le 17 août dans la section "culture" d'Aftonbladet (voir un résumé de l'affaire ici) a bouleversé -avec raison- les Israéliens mais aussi tous ceux que les ragots antisémites dégoûtent.

Les autorités israéliennes ont demandé au gouvernement suédois de condamner cet article.

Les autorités suédoises refusent, au nom de l'absolue liberté de presse et d'expression qui existe dans ce (magnifique) pays.

Ce refus obstiné du gouvernement suédois ne m'enchante guère, même si je comprends la belle et noble théorie: interdire au pouvoir d'exercer un quelconque contrôle sur la presse.

Certes, le ministre des Affaires étrangères, Carl Bildt, a fait savoir sur son blog son mépris pour le "conspirationnisme antisémite":
[det vore] minst sagt egenartat om ett enskilt inlägg i en tidning skulle kunna tas till intäkt för att dra Sveriges kategoriska avståndstagande från alla slags antisemitiska konspirationsteorier i tvivelsmål

[il serait pour le moins original de tirer profit d'une seule contribution dans un journal pour mettre en doute le fait que la Suède rejette catégoriquement les théories conspirationnistes antisémites de toute sorte]
Mais Carl Bildt n'a pas l'intention de critiquer officiellement la publication de l'article en question:
Jag känner personligen också en stor vrede när jag konfronteras med förlöpningar av det slaget i debatten. Men som en i Sveriges regering har jag lika lite som något annat statsråd rätt att agera mot publiceringsbeslut vad jag än personligen må tycka om det som har publicerats

[personnellement, je ressens aussi une grande colère lorsque je suis confronté à des torchons (1) de cette sorte au cours d'un débat. Mais en tant que membre du gouvernement je n'ai pas le droit -de même que n'importe quel autre ministre- d'agir contre une décision de publication, quoi que je puisse penser de ce qui a été publié]
Cela étant, ce n'est pas tellement une action qui était attendue de la part du gouvernement, mais plutôt une ferme critique des allégations colportées. Il s'agissait d'exprimer une condamnation morale, pas de virer Jan Helin (une telle décision, effectivement, outrepasserait les pouvoirs des membres du gouvernement - en Suède ce n'est pas le premier ministre, encore moins le roi, qui nomme et démet les rédacteurs en chef).

Il faut aussi rappeler que, de son côté, Aftonbladet (et ses alliés politiques) n'a pas un instant hésité à faire pression sur Carl Bildt afin qu'il condamne officiellement... l'ambassadrice en Israël Elisabeth Borsiin Bonnier, à cause de la prise de position ferme et très critique de cette dernière envers l'article de Boström.

Le ministre des Affaires étrangères refuse de critiquer officiellement Aftonbladet. Le site du ministère est muet sur cette affaire et renvoie simplement aux deux billets du ministre sur son blog personnel. Mais est-ce vraiment la Constitution qui le contraint au silence?

Fred i Mellanöstern se pose la question.

Dans ce récent billet FiM mentionne le point de vue de Thorbjörn Larsson, rédacteur en chef de Dagens Nyheter (un autre quotidien national, mais de meilleure tenue qu'Aftonbladet). Extrait de l'article original:
Även ministrar måste få reagera på saker som skrivs, vi har ju yttrandefrihet. Ett exempel är Raineraffären då Olof Palme reagerade starkt. Men det är en helt annan sak än de krav som Israel nu ställer. Regeringen kan självfallet inte bestämma vad som skrivs i tidningarna

[Même des ministres doivent pouvoir réagir à ce qui est écrit, puisqu'en effet nous bénéficions de la liberté d'expression. Un exemple est la forte réaction d'Olof Palme lors de l'affaire Rainer (2). Mais les demandes faites actuellement par Israël sont une tout autre chose. Le gouvernement ne peut évidemment pas décider de ce qui est publié dans les journaux]
FiM cite également l'avis d'un professeur de droit constitutionnel de l'université d'Uppsala, Thomas Bull.

À propos du refus du gouvernement de critiquer un article de presse, l'avis de M. Bull se résume ainsi: il ne s'agit pas d'un obstacle posé par la Constitution, mais plutôt d'une tradition (3). Le gouvernement peut s'exprimer sur ce qui est publié dans la presse sans que cela soit de la censure, puisque de telles réactions se font a posteriori. Toutefois, on pourrait craindre que des réactions gouvernementales -bien que sans incidences sur une publication déjà faite- ne viennent influencer les choix éditoriaux à venir. Dilemme.

J.J. Goldberg, du Forward, se penche sur cette affaire dans un récent billet (blog de l'auteur): The Swedish Press Exposes the Invasion of the Jewish Body-snatchers. Ce qui le frappe dans cette histoire, c'est qu'une telle fable ait pu paraître plausible à la rédaction d'Aftonbladet (ainsi probablement qu'à une bonne partie des lecteurs). Cela signifierait que l'image d'Israël, en Suède, a cessé d'être négative pour devenir carrément diabolique sans que le gouvernement suédois n'y trouve à redire, écrit Goldberg.

Alan Dershowitz critique encore plus vivement le silence des autorités suédoises (Sweden's refusal to condemn 'organ libel' is bogus):
Nobody is talking about censoring the Swedish press or imprisoning the writer of the absurd article.

What we are talking about is expanding the marketplace of ideas to include a completely warranted condemnation of sloppy journalism and outrageous accusations that foment anti-Semitism in Sweden, which is already on the rise. Freedom of speech is based on an open and vibrant marketplace of ideas. No journalist is immune from criticism for bigotry and defamation, even from high ranking government officials
Dershowitz a raison de condamner le journalisme de bas étage, mais est-ce au gouvernement d'endosser un tel rôle? Inviter des ministres à donner leur avis sur le contenu des journaux présente bel et bien un risque: que les gouvernants y prennent goût.

D'un autre côté, il est déjà arrivé qu'un haut dirigeant suédois donne son avis sur des articles de presse dans des cas pourtant bien moins graves que des accusations de vols d'organes (voir plus haut le rappel de Thorbjörn Larsson sur Olof Palme).

Le gouvernement suédois a peut-être mal choisi son moment pour donner au monde une leçon de liberté de la presse... mais au moins Carl Bildt a-t-il, pour justifier son refus de réagir officiellement, une noble excuse: un respect extrême pour la liberté de la presse (attitude tout à fait incompréhensible pour des Français ou des Israéliens, habitués aux prises de position bruyantes et fréquentes de leurs dirigeants).

Il n'y a pas beaucoup de noblesse, par contre, dans les choix éditoriaux d'Aftonbladet, ni dans l'attitude de ceux parmi les parlementaires de l'opposition (de gauche!) qui lui ont prêté main-forte juste pour le plaisir de se payer une ambassadrice et donc, indirectement, le gouvernement.


Annexe
Les courageux (ne me comptez pas dans le lot ce samedi...) pourront se référer au chapitre que la Constitution suédoise consacre à la liberté de la presse, en anglais sur le site du Parlement: The Freedom of the Press Act.

Je connais une personne qui sera intéressée de savoir que le site du Parlement suédois a une version (limitée)... en yiddish. Le yiddish est en effet la langue d'une des minorités nationales reconnues en Suède (mais n'espérez pas pouvoir parler yiddish à un fonctionnaire). Il existe quelques autres langues minoritaires (même si leur reconnaissance n'a pas toujours de conséquence très concrète): le same, le finnois, le romani, l'elfdalien. Les curieux peuvent consulter cette page d'information hébergée par l'université Laval à Québec.


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(1) Le mot "förlöpningar" me donne bien du mal. Le Svenska Akademiens Ordbok propose comme définition "överilad handling", ce qu'on pourrait traduire par "action hâtive", "prématurée", ou peut-être ici "document hâtif". Bref, quelque chose fait à la va-vite. Ce n'est pas un terme flatteur. Om Du talar svenska kanske kan Du hjälpa till att översätta detta ord?

(2) Affaire Rainer: le ministre de la Justice d'Olof Palme, Ove Rainer, avait été poussé à la démission suite à la publication d'un article du journaliste Göran Skytte en 1983, qui révélait la bien trop habile "planification fiscale" du ministre. Olof Palme n'avait pas caché son mécontentement... envers la presse (cf. Wikipedia).

(3) Det är nog inte en fråga om förenlighet med grundlag, utan mer en tradition (...) uttalanden från regeringen om artiklar är inte censur

vendredi 28 août 2009

Le crime paie

Gilad Shalit "fête" un nouvel anniversaire en un lieu connu de ses seuls ravisseurs et des dirigeants du Hamas.

C'est sa 4e "fête" d'anniversaire depuis qu'il est otage. Il a 23 ans.

Pendant ce temps, de nouvelles rumeurs d'une prochaine libération circulent, et le Hamas continue de pousser les enchères:
"Hamas politburo chief Khaled Mashaal is scheduled to arrive in Cairo next week to approve an agreement that will see captive IDF soldier Gilad Shalit returned to Israel in exchange for the release of hundreds of Palestinian prisoners" (Ynetnews)

"(...) des Officiels du Hamas ont pour leur part confirmé jeudi que l'Allemagne avait remplacé l'Egypte dans les médiations pour la libération de Shalit. Ils ont rappelé que le Hamas exigeait toujours la libération de 1000 Palestiniens en échange du soldat de 23 ans" (JPost)
Un taux de change pour le moins surprenant de la part d'un mouvement islamiste antisémite. Et il y a autre chose: notre réaction ne serait-elle pas très différente, beaucoup moins "zen", si c'était par exemple Avigdor Lieberman qui établissait un tel taux de change?

* * *

Pendant que les gangsters se préparent à toucher les bénéfices de leur crime et se préparent à fêter le retour au travail de centaines de terroristes, la mère de Gilad Shalit a demandé pardon à son fils de ne pas avoir pu le protéger.

La mère de l'otage se torture, tandis que les terroristes se frottent les mains: tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes "antisionistes".

mercredi 26 août 2009

Le lobby de l'amiante se mobilise

Michael Ignatieff n'a pas raté sa rentrée politique.

Le chef du Parti libéral du Canada a récemment "affirmé que l'industrie [de l'amiante] chrysotile n'avait aucun avenir et que le Canada devait cesser [d'en] exporter pour le bien de la planète"

Cette déclaration a été accueillie par une levée de bouclier. Le maire de Thetford Mines (région productrice) a virilement juré que "Si l'industrie de l'amiante chrysotile n'a aucun avenir, M. Ignatieff n'a aucun avenir dans Mégantic-L'Érable". Le Syndicat des Métallos est également intervenu contre le chef libéral (La Tribune).

Deux patrons de l'industrie de l'amiante ont écrit une lettre au premier ministre québécois, Jean Charest, au chef de l'opposition officielle à Québec, Pauline Marois, ainsi qu'au chef du Bloc (parti d'éternelle opposition à Ottawa), Gilles Duceppe (La Tribune).

Tous ces braves gens, pour nous convaincre, devraient plutôt vivre dans des demeures tapissées de leur produit "sécuritaire". L'amiante, à pleins poumons. Ce serait plus convaincant que des paroles creuses et des lettres vertueusement indignées.


Update
Le Devoir du 27 août (extrait):
L'amiante existe sous de nombreuses formes. L'amphibole, ou «amiante bleu», est considéré beaucoup plus dangereux que l'amiante chrysotile, dit «blanc». Les fibres de ce dernier type d'amiante sont beaucoup moins longues et recourbées, rendant plus facile leur élimination par le corps humain.

Plus de 95 % de l'amiante chrysotile extrait au Canada est exporté, principalement à l'état brut. Il est ensuite ajouté au ciment pour fabriquer principalement des toitures, des plaques murales et des conduites d'eau. L'industrie soutient que ses produits finis sont extrêmement stables et sans risque pour la santé s'ils sont manipulés de manière sécuritaire. Le hic, c'est que rien ne garantit que ce soit le cas dans les pays en développement.

mardi 25 août 2009

La faute à Lieberman, bien sûr

Haaretz et Jan Helin (Aftonbladet) sont au moins d'accord sur un point: Avigdor Lieberman est un mauvais ministre et il fait du tort à Israël. Venant du rédac-chef d'Aftonbladet, un tel souci pour l'image du gouvernement israélien est particulièrement touchant. Et tellement crédible.

Le rédacteur anonyme du Haaretz résume fort bien, dans un premier paragraphe, ce qu'il faut penser de l'article désormais célèbre de Donald Boström:
Donald Bostrom, a veteran Swedish journalist, wrote a despicable, utterly baseless article for the tabloid newspaper Aftonbladet last week, claiming that Israel harvests the organs of Palestinians it has kidnapped or killed. The country's excoriation was a testament to poor and unprofessional journalism, and to the low point Israel's standing has reached in Europe. The demands of both the correspondent and his newspaper that Israel investigate the charges are also baseless - not every bit of outrageous slander is worthy of investigation.
Ce qui n'est pas vraiment gentil: "sans fondement", "méprisable", "absence de professionnalisme", "calomnie scandaleuse"...

Jan Helin parvient malgré tout à se réjouir de l'éditorial de Haaretz -si si!- tout simplement parce que le mot "antisémitisme" n'y figure pas:
De kritiserar också Aftonbladets artikel, men i sak, utan att anklaga oss för antisemitism

[Ils critiquent aussi l'article d'Aftonbladet, mais sur le fond, sans nous accuser d'antisémitisme]
On peut dire qu'il se contente de peu, Monsieur Helin. On s'en était d'ailleurs rendu compte dès le 17 août. Pour accepter de publier les dégueulis de Donald Boström il faut en effet se contenter de très, très peu.

Mais il est tout de même bizarre -quoique pas surprenant- de voir Haaretz mettre Lieberman au même niveau que Boström:
the reaction of Israel's foreign minister was no less outrageous or inciting

[la réaction du ministre des Affaires étrangères israélien n'était pas moins scandaleuse et provocatrice]
Résumons: A accuse le pays de B d'être un repère de juifs voleurs d'organes. B pète un plomb et réagit avec excès (ce qui est effectivement une faute; une déplorable absence, sinon de goût, du moins de sens politique). Eh bien selon Haaretz, B n'est pas moins "scandaleux" et coupable que A. No less.

Ah, ils n'aiment vraiment pas Lieberman, chez Haaretz! En fait je me demande s'ils seraient capables d'aimer quiconque à ce poste, ou à celui de premier ministre. À part Yitzhak Rabin bien sûr. Mais Rabin est mort. C'est tellement plus facile d'aimer et admirer les morts, ils ne nous contredisent jamais.

Avigdor, tu sais ce qu'il te reste à faire.

* * *

Deux lectures intéressantes:

Egyptian editorial: Sweden victim to Israeli blackmail - un journal égyptien, Al-Ahram, accuse Israël de faire pression sur la Suède et la "liberté d'expression occidentale" afin de maintenir le "mur de silence" autour des Palestiniens et éviter les révélations sur ses pratiques barbares. Al-Ahram qui se soucie de la liberté d'expression occidentale, c'est cocasse.

Toujours Ynetnews: Aftonbladet editor slams Lieberman's 'vulgar propaganda'. Jan Helin critique vertement la "propagande vulgaire" de Lieberman et autres "politiciens de droite"! Rigoureusement sic!

Le festival des faux-culs ne fait décidément jamais relâche.

dimanche 23 août 2009

Aftonbladet se fait passer pour une victime

Le 17 août, le populaire tabloïd suédois Aftonbladet publiait dans ses pages "Culture" un article signé Donald Boström intitulé "Våra söner plundras på sina organ" (On vole les organes de nos fils).

Dans cet article, Boström établit une connexion entre une affaire toute récente de trafic d'organes aux USA, et un mythe qui commence à dater: celui des Juifs voleurs d'organes.

Boström n'a strictement rien d'autre à porter au "débat" que cette vieille rumeur. Le problème est que son article ne précise absolument pas aux lecteurs la banalité de ce mythe.

Il ne mentionne pas par exemple le feuilleton iranien "Zahra's Blue Eyes" diffusé en 2004, dans lequel les vilains sionistes kidnappent des enfants pour voler leurs yeux (Våra barn plundras på sina ögon -on vole les yeux de nos enfants- ferait un très beau titre pour une adaptation suédoise).

Il ne mentionne pas "Matzah of Zion", titre d'un bouquin de Mustafa Tlass, ex-ministre de la Défense syrien, qui présentait les meurtres dits "rituels" comme une réalité (selon cette très très vieille légende les méchants Juifs tueraient des goyim, de préférence des enfants, afin de voler leur sang, nécessaire à la préparation de certaines recettes comme la matza de Pâque). Ce bouquin date de 1986.

Boström se garde bien également de mentionner le succès de ce mythe sur les sites Internet antisémites (pardon... antisionistes). Plusieurs sites se repassent depuis 2002 le contenu d'une nouvelle publiée par le Tehran Times, selon laquelle trois adolescents palestiniens auraient été abattus de sang-froid à Khan Younes, leurs organes prélevés, les corps recousus et restitués (ce sont ces sites qui se réfèrent au Tehran Times). C'est exactement le scénario de l'article de Boström.

Pas un mot sur un article d'Al-Ahram (Égypte) en 2000 reprenant ces accusations de meurtre rituel (cf. Nouvel-Obs). Pas un mot sur Le cavalier sans monture, feuilleton égyptien basé sur les "protocoles" et diffusé en 2002 , ni sur Al-Shatat, production télévisuelle syrienne diffusée sur la chaîne du Hezbollah au Liban, qui fait aussi la part belle aux "meurtres rituels".

* * *

Jan Helin, rédac-chef d'Aftonbladet, préfère se plaindre amèrement de la "campagne" qui se "déchaîne" contre son honnête journal, mais le fait d'avoir jugé pertinent d'accepter la publication du plus classique des ragots antisémites ne semble pas le troubler le moins du monde. Ce dimanche 23 août il persiste et signe dans un article, "Det var veckan då världen blev galen" (La semaine où le monde est devenu fou).

Selon Jan Helin, "Avsikten var ställa ett antal frågor om illegal organtrafficking" (L'objectif était de poser un certain nombre de questions sur le trafic illégal d'organes). Ce qui est tout simplement faux: l'objectif de l'article de Boström était d'établir un lien entre une authentique enquête (du FBI! aux USA!) avec des rumeurs antijuives circulant -entre autres- au Moyen-Orient. Même le choix des photos illustrant l'article était parfaitement clair: tout d'abord deux jeunes lanceurs de pierres, puis une photo du corps d'un Palestinien restitué à la famille après autopsie, enfin la photo de Levy Izhak Rosenbaum, citoyen américain, lors de son arrestation par le FBI. Si avec ça le lecteur ne comprend pas...

Jan Helin admet de nouveau, ce 23 août, qu'il n'y a pas la moindre preuve impliquant des Israéliens (ou des Juifs américains comme Levy Izhak Rosenbaum) dans des vols d'organes sur des cadavres "frais" de Palestiniens. Mais il persiste à présenter le rapprochement entre les souvenirs de Boström et l'enquête américaine en cours comme légitime. Un bon travail journalistique, croit Jan Helin:
"Inga av dessa i sig ostridiga faktauppgifter bevisar organstöld. Men det var, enligt mig, fog för att publicera en kulturartikel som ställer ett antal frågor"
[Aucun de ces faits incontestables en soi -sic- ne prouve qu'il y ait eu vol d'organe. Mais c'était suffisant, selon moi, pour permettre la publication d'un article culturel posant un certain nombre de questions]
Jan Helin, comme d'autres responsables du journal, refuse de prendre en compte la thématique indéniablement antijuive de l'article publié par son journal. Au contraire, il nie avec véhémence tout soupçon d'antisémitisme et présente le pamphlet de Boström comme un ensemble de "faits" incontestables, qui suscitent "des questions" auxquelles les Israéliens refusent de répondre. L'édition du 23 août propose même une entrevue avec la famille de Bilal Ghanem (qui servait d'exemple à Boström dans son article du 17), famille qui continue à croire et affirmer "que les organes de leur garçon ont été volés".

Perseverare aftonbladetum...

* * *

La tactique d'Aftonbladet depuis le début de cette affaire consiste à renverser l'accusation: ce sont ceux qui ont osé critiquer le journal qui posent un danger à la liberté de presse et d'expression: yttrande- och pressfriheten. Ces mots sont répétés comme un mantra par les responsables du journal.

La meilleure défense étant, dit-on, l'attaque, Aftonbladet s'emploie à transformer la publication d'un article fondé sur un mythe antijuif en une affaire de vie et de mort pour la liberté de la presse. Abracadabra!

Aftonbladet a reçu l'aide de certains parlementaires de l'opposition de gauche, notamment Per Gahrton, du Miljöpartiet de Gröna - les Verts suédois). Per Gahrton s'était déjà illustré dans le passé en prenant la défense d'Ahmed Rami, fondateur de la radio (puis du site Internet) Radio Islam, bien évidemment au nom de la liberté d'expression (Gahrton aurait quand même déclaré que Rami est un raciste qui fait du tort à la cause palestinienne) et avait comparé le "lobby israélien en Suède" aux Hells Angels (sorte de mafia sur deux roues) avant de s'excuser... auprès des Hells!

Cette tactique ne trompe personne, et certainement pas Sydsvenskan, journal local -tendance libérale- du sud de la Suède, qui dès le 19 août publiait une courte opinion intitulée "Antisemitbladet" (jeu de mot sur le nom du journal Aftonbladet). Mats Skogkär mettait clairement en évidence les failles de l'article de Donald Boström: des éléments disparates, le vieux mythe des crimes rituels, un raisonnement conspirationniste pour lier le tout. L'auteur concluait avec ironie, anticipant la ligne de défense du journal: "Antisemitism? Nej, nej, bara Israelkritik" (Antisémitisme? Non, non, juste une critique d'Israël).

Sydsvenskan se penchait également, le 21 août, sur les tentatives de Jan Helin & Cie pour transformer leur erreur de jugement en une question de liberté d'expression: Försök inte, Aftonbladet (N'essaye pas, Aftonbladet). À propos de la prise de position de l'ambassadrice de Suède en Israël, Elisabeth Borsiin Bonnier, prise de position qui a été utilisée sans honte par Aftonbladet afin de se faire passer pour une victime, Sydsvenskan écrit :
"Regeringen och svenska myndigheter skall inte försöka styra vad som skrivs i svensk press – det gäller även ambassadörer. Det är fullt tillåtet att trycka smörja i Sverige, och skall så vara"

[le gouvernement et les administrations suédoises ne doivent pas essayer d'influencer ce qui est écrit dans la presse nationale - cela vaut également pour les ambassadeurs. Il est parfaitement autorisé, en Suède, d'imprimer des saloperies, et cela restera ainsi]
Puis Sydsvenskan, ayant rappelé ce dogme sacré pour l'ensemble des médias suédois, (re)taille de belles croupières à Aftonbladet pour avoir laissé passer un article aussi grossier et mal fichu, pointe les méthodes pour le moins douteuses de Donald Boström, et cherche le lien entre l'accusation de vol d'organes et l'enquête du FBI. La connexion réside-t-elle dans le fait que des gens, prêts à venir aux USA pour vendre un organe, étaient Israéliens? Mais ils étaient bien vivants et munis de visas, ils n'ont strictement aucun rapport avec la mort d'un Palestinien en 1992. Le lien établi par Boström ne résiderait-il pas plutôt dans le fait que certains suspects américains interrogés par le FBI sont juifs?

Sydsvenskan conclut:
Svenska myndigheter har inget skäl att be om ursäkt för vad som publiceras i svensk press (...)

Men smörja är och förblir smörja. Aftonbladet bör inte komma undan så lätt

[Les autorités suédoises n'ont aucune raison de s'excuser pour ce qui est publié dans la presse suédoise (...) Mais une saloperie est et reste une saloperie. Aftonbladet ne devrait pas s'en tirer aussi facilement.]
Voilà qui est bien dit.


Update
À lire, sur le sujet:
EISCA (European Institute for the Study of Contemporary Antisemitism), Recycling Old Libels
Fred i Mellanöstern (blog)
MEMRI, à propos du feuilleton iranien "Zahra's Blue Eyes"

Ainsi que la pertinente réaction de Benny Dagan, ambassadeur d'Israël en Suède, en réponse à un journaliste suédois qui lui demandait candidement si Israël ne devrait pas enquêter sur les allégations d'Aftonbladet:
"You know what, I have a suggestion for you," Dagan retorted. "Why won't you investigate why the Mossad and the Jews were behind the bombing of the twin towers? Why won't we investigate why Jews are spreading AIDS in the Arab countries? Why won't we investigate why Jews killed [Christian children to bake Matzot on Pessah]?"
Enquêter sur le rôle des Juifs dans les attentats contre le World Trade Center, la diffusion du SIDA dans les pays arabes, ou le meurtre d'enfants chrétiens, ce ne serait effectivement pas plus con qu'enquêter sur la foi des fantasmes de Boström & Cie (ce n'est pas une blague du tout: Aftonbladet a réellement suggéré une enquête internationale).

vendredi 21 août 2009

L'ambassadrice suédoise se fait taper sur les doigts

Elisabet Borsiin Bonnier, ambassadrice de Suède en Israël, avait réagi négativement aux accusations antisémites publiées par Aftonbladet.

Voici ce qu'elle écrivait le 19 août sur le site de son ambassade :
On 17 August the Swedish daily Aftonbladet published an article on alleged organ trafficking in Israel. It related, inter alia, claims from individual Palestinians that organs had been stolen from captured Palestinians. The given sources, and a photograph of a dead Palestinian man, pertain to an incident in l992.

The article in the Swedish newspaper Aftonbladet is as shocking and appalling to us Swedes, as it is to Israeli citizens. We share the dismay expressed by Israeli government representatives, media and the Israeli public. This Embassy cannot but clearly distance itself from it.

Just as in Israel, freedom of the press prevails in Sweden. However, freedom of the press and freedom of expression are freedoms which carry a certain responsibility. It falls on the editor-in-chief of any given newspaper.

Elisabet Borsiin Bonnier
Ambassador
Ce texte est encore visible grâce au "cache" de Google, mais il n'est plus disponible sur le site de l'ambassade.

Apparemment le gouvernement suédois est beaucoup plus préoccupé par la dénonciation de l'antisémitisme, que par l'antisémitisme lui-même.

Merci à vous, Madame Borsiin Bonnier, d'avoir voulu sauver l'honneur.

Update
Parmi les bonnes âmes qui ont fustigé l'ambassadrice on retrouve, bien sûr, le rédacteur en chef d'Aftonbladet, Jan Helin, mais aussi les chefs de l'opposition parlementaire, dont le chef des Verts suédois, Per Gahrton. Les compères tout comme le chef du gouvernement, agitent l'alibi de la "liberté de la presse" et "d'expression" (Haaretz).

C'est comme ça qu'on appelle un pamphlet antisémite, de nos jours: une liberté.

jeudi 20 août 2009

Juifs voleurs d'organe - critique d'Israël ou antisémitisme?

Un journal suédois, Aftonbladet (1), publie un article signé Donald Boström: "On vole les organes de nos fils".

Haaretz résume, en anglais, les accusations contenues dans l'article ainsi que la réaction d'un autre journal suédois, Sydsvenskan, qui a publié une courte tribune fort justement intitulée "Antisemitbladet". Lire aussi Engage: Blood libel in maintream Swedish newspaper.

Le rédacteur en chef d'Aftonbladet, Jah Helin, a eu une réaction parfaitement prévisible. Il se planque derrière la liberté de la presse, et se permet même d'accuser l'ambassadrice de Suède en Israël d'avoir vertement critiqué le pamphlet.

Bref, une fois de plus (et ce ne sera pas la dernière), la "critique" d'Israël recycle les vieux poncifs antisémites (le mythe du Juif suceur de sang remonte au Moyen-Âge).

Pendant ce temps, Jean Daniel (inamovible ponte du Nouvel Obs) écrit une lettre ouverte à Maurice Szafran. En résumé il félicite ce dernier pour son dernier éditorial, l'approuve chaleureusement, et reprend à son compte la dernière diffamation à la mode: c'est l'attitude du CRIF qui génère l'antisémitisme.

Quelque chose me dit que Jan Helin et Donald Boström seraient entièrement d'accord. On n'en est plus à une diffamation antijuive près.


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(1) et ce n'est pas un journal d'extrême droite: "Aftonbladet est détenu par la confédération suédoise des syndicats (à 50,1%) [et] se définit comme étant indépendant, mais d'orientation sociale-démocrate" (Wikipedia).

mercredi 12 août 2009

La sale guerre contre le CRIF

Alexandre Adler a rédigé une chronique dans Le Figaro du 31 juillet (1). Cette chronique concernait les verdicts rendus contre le "gang des barbares". Alexandre Adler y exprime notamment son regret que l'antisémitisme du gang n'ait pas reçu plus d'attention de la part du tribunal.

On peut être d'accord ou pas avec le raisonnement ou certaines conclusions d'Alexandre Adler, là n'est pas la question. Le chroniqueur termine son texte par ces deux phrases: "Après l'antisémitisme violent comme un vomissement des Proudhon, des Drumont et des Bernanos, voici venu l'antisémitisme insinuant et presque invisible des Badiou. Pour mesurer son pouvoir de radiation, lisez donc une certaine presse hebdomadaire".

Le pdg de l'hebdomadaire Marianne, Maurice Szafran, s'est senti visé. Il a répondu à Alexandre Adler dans un éditorial publié dans le numéro du 8-14 août de l'hebdo, sous le titre "À propos d'Alexandre Adler, du Crif et de l'antisémitisme".

Adler et Szafran ne partagent pas le même avis sur les leçons à tirer du procès du "gang des barbares", ils sont en désaccord à propos de la décision de la ministre de la Justice d'ordonner au parquet de faire appel dans certains cas (certaines peines ayant été considérées comme trop légères).

Être en désaccord, la belle affaire. Mais M. Szafran, qui s'indigne -avec raison ou pas, là n'est toujours pas la question- de certains propos de M. Adler, ne semble pas pressé de donner l'exemple de la rigueur et de la retenue. Bien au contraire: il profite de son éditorial pour reprendre à son compte de vieilles et sales accusations qui traînent sur le Crif.

Voici une description du Crif, selon le patron de Marianne:
"(...) un intouchable de la République, le Conseil représentatif des institutions juives de France"

"(...) d'un claquement de doigts, relayé par le président de la République lui-même, le Crif a obtenu que la ministre de la Justice fasse appel du jugement. En gonflant ses biceps, en faisant jouer sa force, son influence, la crainte qu'il provoque, le bras politique des Juifs de France a mis en place une implacable machine à fabriquer de... l'antisémitisme"
Ce n'est ni Minute ni Présent, mesdames et messieurs, c'est Marianne.

Accuser le CRIF de générer l'antisémitisme, ce serait du même niveau qu'accuser Barack Obama de provoquer le racisme antinoir aux USA.

Voici quelques extraits d'une dépêche AFP toute récente:
"Les groupuscules d'extrême droite, qui n'ont toujours pas digéré l'élection du premier président noir des Etats-Unis, connaissent un nouvel essor dans le pays après une décennie de déclin, selon une étude publiée mercredi"
(...)
"C'est la croissance la plus importante à laquelle nous ayons assisté depuis 10 ou 12 ans"
(...)
"En début d'année, un rapport interne du gouvernement fédéral avait d'ailleurs averti que le marasme économique et l'élection de Barack Obama constituaient un terreau très propice au recrutement de nouveaux militants"
Selon la logique de M. Szafran (et d'autres), il faudrait conclure que l'élection d'un Noir à la Maison Blanche est la cause de l'essor des mouvements racistes aux USA observée ces derniers mois.

Ce serait évidemment totalement crétin. M. Obama n'est pas responsable de l'essor de l'extrême droite américaine, il ne "fabrique" pas le racisme antinoir dans son pays. De la même manière, le CRIF n'a jamais "fabriqué" la moindre once d'antisémitisme en France, comme l'écrit sans trembler Maurice Szafran.

Il n'est guère surprenant de voir une association "antisioniste" proférer ce genre de bêtises. Mais il est tout simplement hallucinant de voir le pdg de Marianne adopter un mode de pensée aussi vicié. Sa colère contre Alexandre Adler et sa chronique l'a-t-elle à ce point aveuglé?

Il me semble utile de rappeler certaines vérités élémentaires (enfin... elles ne sont pas élémentaires pour tout le monde, de toute évidence) :

- le Crif a parfaitement le droit -et je pense pouvoir écrire que c'est même son devoir- d'intervenir dans les débats de société et les réflexions politiques qui l'intéressent (au risque de se faire critiquer)

- le Crif a parfaitement le droit de ne pas suivre les opinions des éditorialistes de Marianne (et vice versa)

- le "bras politique des Juifs de France" a parfaitement le droit d'interpeller le gouvernement, le parlement, la présidence, le Pape ou le poinçonneur des Lilas, si ça le chante

- le Crif a parfaitement le droit d'émettre des communiqués de presse et de les diffuser (et il est permis de ne pas les publier)

- l'exercice de ces droits, qui ne sont nullement propres au Crif, ne saurait susciter (générer, fabriquer...) de l'antisémitisme

- il ne sert à rien de rechercher la cause de l'antisémitisme dans le comportement de la victime de l'antisémitisme (2) : la cause ultime de l'antisémitisme réside dans le cerveau de l'antisémite.


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(1) Ce que révèle l'affaire Fofana.

(2) De même que la femme n'est pas la cause du viol; l'égalité homme-femme n'est pas la cause des violences conjugales; le mariage des couples de même sexe n'est pas la cause de l'homophobie, etc.

dimanche 9 août 2009

La longue vie des citations truquées

La propagande "antisioniste" utilise divers moyens.

Un de ces moyens consiste à citer les propos "révélateurs" de dirigeants israéliens, quitte à améliorer un peu ce qui a vraiment été dit ou écrit. Quand il ne s'agit pas d'invention pure et simple...

On trouve sur le Web des listes et des listes de ces "citations" qui se contentent d'indiquer des sources parfois aussi nébuleuses que "radio Kol-israel 25 janvier 1971". De nombreux articles et pamphlets recyclent sans modération ces "citations" et contribuent à les répandre.

Parfois, parfois seulement, un média présente des excuses.

C'était le cas le 8 août pour le Toronto Star: Damaging Israeli misquote finally corrected.

Résumé de "l'affaire". Moshe Yaalon aurait dit en 2002 à un journaliste de Haaretz, alors qu'il était chef d'État-major de l'armée, que "The Palestinians must be made to understand in the deepest recesses of their consciousness that they are a defeated people" [Nous devons faire comprendre aux Palestiniens, dans les plus profonds recoins de leur conscience, qu'ils sont un peuple vaincu]

Cette "citation" circule depuis des années. On la retrouve sur une multitude de sites. À titre d'exemple voici une liste hélas loin d'être exhaustive:

www.palestine-solidarite.org
www.planetenonviolence.org
www.protection-palestine.org
www.bilin-village.org
www.republique-des-lettres.fr
www.ism-france.org
www.humanrights-geneva.info
electronicintifada.net
voiceofpalestine.net
www.tadamon.ca
www.palestinechronicle.com
palsolidarity.org
www.nybooks.com
www.socialistreview.org.uk
etc...

On retrouve cette fausse citation sous les plus prestigieuses signatures, comme dans cet article d'Alain Gresh, Monde diplomatique de février 2009.

Le Toronto Star ne le mentionne pas, mais ils doivent la réalisation de leur erreur à une organisation américaine, CAMERA [Committee for Accuracy in Middle East Reporting in America], cf. leur article daté du 1er février 2009.

Rendons à César, etc.

Pour terminer, voici ce que Moshe Yaalon a vraiment dit, ce jour-là:
Attempting to define what would constitute an Israeli victory in the Palestinian conflict, he said the following: "I defined it from the beginning of the confrontation – the very deep internalization by the Palestinians that terrorism and violence will not defeat us, will not make us fold" [ce qui constituerait une victoire israélienne (...) serait que les Palestiniens intériorisent profondément que le terrorisme et la violence ne nous vaincront pas, ne nous feront pas plier]
Quite different, eh?

* * *

Ce trucage n'est qu'un exemple parmi cent (1). La méfiance devrait être de mise devant toute "citation" véhiculée par les militants "antisionistes". Malheureusement ce n'est que très rarement le cas, il suffit de voir dans l'article du Star les noms des journaux qui se sont si facilement fait avoir (The New York Times, le Boston Globe ou le Chicago Tribune).

Voilà où mène la prétendue "critique" d'Israël: nous gobons tout sans barguigner du moment que cela conforte nos préjugés anti-israéliens, et bien peu de professionnels prennent la peine de vérifier "l'information" qui circule (voir aussi Les drôles de méthodes de Freedom House).


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(1) CAMERA recense sur son site quelques exemples de citations bidonnées: voir ici, et là.

Amour de la justice, ou bien haine des "sionistes"?

Tout d'abord un petit résumé: le gang responsable du rapt, de la torture, puis de la mort d'Ilan Halimi a été jugé en France. Dans plusieurs cas les juges ont attribué des peines plus légères que celles réclamées par le procureur, ce qui a vivement ému la famille. Le ministre de la Justice, Madame Alliot-Marie, a demandé au Parquet de faire appel de ces sentences "trop légères".

Voici la réaction de la prétendue "Union juive française pour la paix" (1), à propos de la décision de la ministre de la Justice (communiqué émis le 23 juillet) :
On ne saurait admettre les pressions communautaristes du CRIF et d’autres associations juives confondant justice et vengeance
et un peu plus loin :
Les parties au procès peuvent, comme le ministère public, faire appel du jugement. C’est leur droit. Telle n’a pas été la suite des évènements : des instances communautaires conduites par le CRIF ont fait pression, avec le relais de médias, pour que la ministre de la Justice, représentant le gouvernement, fasse appel. Elle s’est exécutée.
le tout se termine par une autre accusation particulièrement perverse:
Car dans les suites du verdict nous assistons à une double régression : il en va d’abord de l’indépendance de la justice par rapport au pouvoir politique, mais également des valeurs de la République qui devraient s’opposer au communautarisme, « ethnique » et pro-israélien, du CRIF qui ne peut que renforcer l’antisémitisme en France.
En résumé:

1) le CRIF et "autres organisations juives" donnent leurs ordres -via les médias- à la ministre de la Justice, qui s'exécute...

2) ce sont les actions des "communautaristes" ethniques et pro-israéliens qui suscitent l'antisémitisme en France (2)

Ce dernier point me rappelle fortement la réaction que la bonne société réservait aux victimes de viol, jadis. Le viol, c'était la faute des jupes trop courtes, la faute du maquillage, bref la faute de la femme, cette éternelle Jézabel, aguicheuse impénitente, qui mène de pauvres hommes à leur perte.

En 2009, si quelqu'un s'avisait d'afficher une telle opinion sur la culpabilité des femmes violées il se ferait -au minimum- rire au nez. Accuser les "communautaristes" ou les "sionistes" (en clair: les Juifs) d'être la cause du racisme qui les frappe encore parfois est, par contre, très bien accepté.

Ces accusations sont proférées également par des groupes "propalestiniens" et bien évidemment par des militants d'extrême gauche (3) , bien incapables de percevoir ce que de tels propos ont de ridicule et de choquant.

La haine envers les "sionistes" autorise et sanctifie bien des dérapages.

Update
Dans son éditorial (Marianne du 8-14 août) Maurice Szafran, sous le prétexte de répondre à une chronique d'Adler qui ne mentionne même pas Marianne, reprend les mêmes accusations: "(...) le bras politique des Juifs de France a mis en place une implacable machine à fabriquer de... l'antisémitisme". M. Szafran décrit le Crif comme un "bras politique". Mais dans ce cas comment peut-on protester lorsque le Crif s'implique dans le débat public? Comment peut-on oser écrire et dire que, si le Crif s'oppose et critique, c'est au risque de "fabriquer de l'antisémitisme"? Fermer sa gueule et raser les murs, ou bien parler, protester, critiquer, et donc générer de l'antisémitisme: c'est ça le choix offert aux Juifs de France en 2009? Prasquier et le CRIF ont visiblement de solides ennemis, à l'extrême gauche autant qu'au centre...


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(1) Je ne perçois pas bien ce que cette association a de "juive", et encore moins en quoi elle serait "pour la paix" puisque ses dirigeants sont en faveur du démantèlement de l'État juif (ce qui serait une manière, je l'admets, de régler "le problème" une bonne fois pour toutes). Il semble que certains individus, aussi Juifs que moi je suis Espagnol (je suis très sérieux, j'ai des origines espagnoles) se souviennent de leur judéité uniquement lorsqu'il s'agit de "critiquer" Israël et de diffuser la bonne parole "antisioniste". Ce type de revendication m'a toujours laissé perplexe; en quoi le fait d'avoir un papa ou une mamie juive donnerait plus de poids aux opinions "antisionistes" de quiconque? Mystère.

(2) Le patron de l'ujfp, Pierre Stambul, émet régulièrement ce genre de propos. Ainsi en juin 2008 écrivait-il que: "les sionistes (...) prétendent que toute critique d’Israël est forcément antisémite alors qu’au contraire leur politique provoque un nouvel antisémitisme"

(3) La rengaine sur "Le Lobby qui contrôle le gouvernement et les médias" se retrouve, bien sûr, dans les milieux d'extrême droite.

mardi 4 août 2009

Une nouvelle qui ne fera pas la Une des médias "antisionistes"

Il ne faudra pas compter sur les médias (professionnels ou associatifs) qui se font une spécialité de "critiquer" quotidiennement Israël pour apprendre ce genre de nouvelles :
Le Hamas ferme les frontières
Par YAAKOV KATZ (Jérusalem Post)

Cinquante Palestiniens censés se rendre en Israël depuis la bande de Gaza, mardi, ont été refoulés par les forces de sécurité du Hamas. La majorité des migrants devaient essentiellement obtenir des soins médicaux de l'autre côté de la frontière.

Plusieurs membres du mouvement islamiste ont barré la route de la jonction Beit Hameches - à l'ouest du point de passage d'Erez - et bloqué le passage des Palestiniens.

De source officielle israélienne, le Hamas visait surtout à empêcher le passage de membres du Fatah, qui se seraient déguisés et qui prévoyaient de se rendre à l'assemblée générale du parti à Bethléem mardi.

(...)

Il est probable que le Hamas accepte finalement de laisser passer les Palestiniens, une fois que l'état de santé de ces derniers aura été vérifié.
Voilà le genre de nouvelle qui laissera totalement indifférents les "antisionistes" de tous bords, puisqu'elle concerne une mesure prise par "la résistance".

Les "antisionistes" préfèrent laisser croire que les hôpitaux israéliens sont interdits aux Arabes.

dimanche 2 août 2009

L'homophobie tue

Colère.

Au XXIe siècle, même dans une ville "in" comme Tel-Aviv, des gays et lesbiennes peuvent être la cible d'un tueur.

Haaretz, Le Figaro, JTA, Toronto Star.

Selon la police il ne s'agirait pas d'un terroriste. Je suppose qu'ils veulent dire par là que l'assassin ne serait pas membre d'un groupe terroriste arabe. Répandre la terreur et la mort me semble pas mal "terroriste" pourtant, mais l'enquête permettra d'en savoir plus.

Une des victimes était mineure, l'autre était dans la vingtaine. Plusieurs autres personnes sont blessées, certaines gravement.

Un des jeunes présent lors de l'attaque s'inquiétait parce que ce drame signifiait que ses parents allaient apprendre son homosexualité...

Et dire qu'il y a encore des abrutis pour se demander à quoi servent, de nos jours, les mouvements de libération LGBT!

samedi 1 août 2009

Les drôles de méthodes de Freedom House

Freedom House est, paraît-il, une ONG très respectée dont les rapports sur la liberté dans le monde ont une bonne audience au sein des médias et du monde politique.

Le 1er mai 2009, FH a livré son rapport sur la liberté de la presse dans le monde pour l'année 2008.

Les pays y sont classés en trois grandes catégories, selon le "score" qu'ils obtiennent: libres (0 à 30 points), partiellement libres (31 à 60 points), non libres (61 à 100 points).

En 2008, trois pays sont passés de "presse libre" à "partiellement libre" : Hong Kong, l'Italie (ah bon?) et Israël (cf. communiqué de presse).

Adi Schwartz, journaliste israélien qui signe régulièrement des articles dans Haaretz, a voulu savoir quels critères avaient poussé Freedom House à rétrograder son pays (1) . Il rend compte de ses trouvailles ici : How did Israel stop being a free country (2).

Au-delà des remarques sur la subjectivité de certains critères retenus par Freedom House (par exemple la prétendue auto-censure des journalistes durant les raids contre le Hamas dans la bande de Gaza), Adi Schwartz a pris la peine de contacter FH et a constaté les faits suivants :

- le rapport contient des erreurs factuelles et n'est pas exempt de parti-pris politique

- le rapport est le résultat du travail d'un seul homme, Adam Werner, qui n'est pas journaliste; c'est également la première fois qu'il travaille pour Freedom House

- M. Werner n'a interviewé qu'un seul Israélien : Yizhar Beer, ex-patron de B'Tselem, militant d'extrême gauche pas très porté sur la critique sereine et impartiale de son pays...

Schwartz a demandé à Werner s'il avait rencontré d'autres personnes en Israël, des juristes, des journalistes, des spécialistes des sciences politiques, des rédacteurs en chef, bref des professionnels concernés par le sujet de la presse et des libertés.

M. Werner a répondu : non.

Les conclusions d'Adam Werner sur l'autocensure à l'oeuvre au sein des médias israéliens viennent uniquement de M. Beer.

Et voilà comment Israël est devenu "partiellement libre".

Adi Schwartz ne s'est pas arrêté là, il a contacté Karin Karlekar, responsable à Freedom House du rapport sur la liberté de la presse.

FH précise en effet sur son site que "Although there is an element of subjectivity inherent in the survey findings, the ratings process emphasizes intellectual rigor and balanced and unbiased judgments." et également que "The findings are reached after a multilayered process of analysis and evaluation by a team of regional experts and scholars."

Adam Werner a par ailleurs précisé à A. Schwartz que, selon les procédures en vigueur chez Freedom House, le rapport devait d'abord être envoyé à un panel de trois spécialistes israéliens pour consultation, et ne devenait officiel que lorsque ces derniers l'avaient contresigné.

Or, le Dr Karlekar a avoué au journaliste israélien que cette année, pour cause de difficultés financières, cette étape avait été omise.

Conclusion d'Adi Schwartz :
To sum it up: an un-experienced person, who is not an authority in his field, writes a report based on an interview with one interviewee with a very clear political agenda. No body checks it. Freedom House headquarters decide to downgrade Israel from “free” to “partially free”, even though they declare that when a country is being downgraded, an additional check is made. Such a review did not occur.
Et il rappelle également qu'il a été le seul journaliste à creuser un peu l'étrange procédure de Freedom House. Le rapport de cette ONG est passé comme une lettre à la poste, car personne ne s'étonne lorsqu'Israël est "critiqué".


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(1) Israël est passé de 28 points (donc "libre") à 31 points, ce qui le place désormais dans les "partiellement libres" en matière de presse.

(2) merci à l'UPJF d'avoir diffusé l'info.