mercredi 31 décembre 2008

Gaza: réactions des partis d'opposition

Voici les communiqués des partis fédéraux d'opposition siégeant à la Chambre des Communes (la position du gouvernement est rapportée par exemple ici).

Je mets en couleurs certains passages.

Parti Libéral du Canada (opposition officielle)

Déclaration de Michael Ignatieff, chef de l'opposition officielle, sur la situation en Israël et dans la bande de Gaza

Je suis très inquiet de la violence accrue en Israël et dans la bande de Gaza et de la peur et de la souffrance que cette instabilité croissante entraîne.

Le Parti libéral du Canada condamne sans équivoque les attaques à la roquette menées par le Hamas contre les civils israéliens et demande la cessation immédiate de ces attaques. Nous affirmons le droit d'Israël à se défendre contre de telles attaques, et son droit d'exister en paix et dans la sécurité.

Nous déplorons les morts causées des deux côtés de ce conflit. Nous demandons à toutes les parties de mettre fin à ces hostilités, en ayant conscience du fait qu'un cessez-le-feu de longue durée sera nécessaire pour qu'il n'y ait pas de nouvelles victimes parmi les civils et pour que les infrastructures civiles essentielles ne soient plus endommagées de manière permanente.

La communauté internationale a la responsabilité de veiller à ce que les innocents n'aient pas à payer pour ce conflit, et le Canada doit être prêt à leur venir en aide et à s'assurer que l'aide humanitaire atteint les personnes qui en ont besoin.

Nos pensées accompagnent les habitants d'Israël et de la bande de Gaza dont la vie est en danger en raison de la violence qui règne dans la région. Dans cette situation de crise, nous continuons de préconiser une solution pacifique. Nous pensons fermement que la base de cette paix sera la reconnaissance mutuelle par les Israéliens et les Palestiniens de la coexistence de deux États vivant en paix et en sécurité, le règlement complet de la question des réfugiés et des colonies, ainsi que l'établissement de frontières et de limites sécuritaires et reconnues internationalement.

Nouveau Parti Démocratique

Déclaration portant sur la situation au Moyen-Orient.

Les néo-démocrates du Canada condamnent l’escalade inacceptable de la violence au Moyen-Orient au cours de laquelle un grand nombre de civils ont été tués ou blessés dans la bande de Gaza et en Israël.

Il est tragique de voir une fois de plus des centaines de civils devenir les victimes de la violence dans ce conflit. Les attaques aériennes continuelles par Israël contre les civils de la bande de Gaza, ainsi que les tirs de roquette qui se poursuivent contre les civils israéliens, ne servent qu’à amplifier la catastrophe qui frappe les civils et compromettent encore davantage la possibilité d’une paix négociée.

Nous demandons au gouvernement du Canada d’exiger que cessent immédiatement les bombardements aériens de Gaza, le blocus de l’aide apportée aux civils et les tirs de roquette effectués sans discernement contre Israël. À vrai dire, le gouvernement doit exhorter les deux camps à mettre fin aux hostilités actuelles sans plus tarder, à rétablir le cessez-le-feu et à revenir au processus de paix.

Le gouvernement du Canada devrait également s’efforcer de s’assurer qu’une aide médicale et alimentaire est fournie aux civils de Gaza en passant par les organes de l’ONU.

Les néo-démocrates croient que le Canada doit favoriser une approche équilibrée à la crise au Moyen-Orient, conforme au profond désir des Canadiens de voir la paix s’installer dans cette région. Les néo-démocrates sont prêts à travailler avec le nouveau gouvernement américain pour en arriver à une paix durable dans la région. Il est impossible d’atteindre ce but tant que des citoyens seront tués ou mis en péril en si grand nombre.

Remarques:
Les miliciens du Hamas ou du Jihad Islamique ne sont pas "des civils".
Le NPD condamne les attaques aériennes "continuelles" par Israël. Ces attaques ont commencé samedi le 27 décembre (le communiqué du NPD est daté du lundi 29). Selon le NPD, trois jours d'attaques israéliennes suffisent pour pour les qualifier de "continuelles"; les tirs de roquettes du Hamas et du Jihad Islamique sont mentionnés, mais le fait qu'ils durent depuis plusieurs années n'est même pas rappelé!

Bloc Québécois

Situation dans la bande de Gaza - Le Bloc Québécois demande l'intervention des Casques bleus pour assurer l'acheminement de l'aide humanitaire

Ottawa, lundi 29 décembre 2008 – Le porte-parole du Bloc Québécois en matière d’Affaires étrangères, Paul Crête, demande au premier ministre du Canada, Stephen Harper, de faire preuve de leadership au plan diplomatique pour qu’une force d’interposition onusienne intervienne rapidement dans la bande de Gaza afin de permettre notamment l’acheminement de l’aide humanitaire.

« Le Canada ne peut se contenter de simplement reconnaître le droit d’Israël de se défendre. Il est vrai que les tirs du Hamas sur le territoire israélien qui perdurent depuis trop longtemps sont inacceptables, tout comme le refus du Hamas de reconnaître le droit d’Israël d’exister. Cependant, pour éviter d’être accusé d’avoir choisi ce moment précis, soit juste avant les élections israéliennes et l’entrée en fonction de l’administration Obama à Washington en janvier, pour riposter avec une telle vigueur, le gouvernement israélien doit permettre l’envoi des casques bleus et l’établissement d’un corridor sécuritaire pour que l’aide humanitaire puisse entrer dans la bande de Gaza » a déclaré Paul Crête.

« Les populations israélienne et palestinienne ne doivent pas être prises en otages. Le premier ministre du Canada ne peut rester les bras croisés. Stephen Harper doit multiplier les pressions pour que la force d’interposition sous l’égide de l’ONU voit le jour » a conclu Paul Crête.

Remarques:
Il existe déjà une force d'interposition onusienne dans la région. Localisée dans le sud du Liban, elle n'a jamais empêché le Hezbollah d'agir à sa guise, et n'a jamais été un obstacle pour les convois d'armements en provenance de Syrie. Pourquoi vouloir dupliquer à Gaza une expérience qui n'a servi à rien au Liban? Quel serait l'intérêt de déployer des Casques Bleus à Gaza, à part fournir quelques boucliers humains supplémentaires au Hamas?

mardi 30 décembre 2008

Protestations disproportionnées

On pouvait s'y attendre, des manifestations de soutien au Hamas se sont déroulées un peu partout dans le monde: Amman, Beyrouth, Téhéran, mais aussi Paris, Londres, Montréal et Toronto.

On s'y attendait également, les protestataires s'emploient dans leurs discours à nazifier les Israéliens.

Les sympathisants du Hamas utilisent pour ce faire le langage lié à la Shoah, en le retournant contre Israël - unique État juif au monde. Les mots "holocauste", "génocide", "SS", et bien d'autres, fleurissent sur les pancartes et les sites web.

Il s'agit d'un détournement vicieux et pervers du langage, ni innocent ni accidentel. Parler de génocide pour décrire les attaques israéliennes contre le Hamas, c'est un peu plus qu'une mauvaise définition: cela permet de relativiser les crimes nazis et d'absoudre les crimes des pères ou grand-pères.

Même les "courriers des lecteurs" de la presse généraliste permettent de constater le poids des préjugés anti-israéliens:

Israël paraît vouloir marquer la fin de sa 60e année d'existence comme il l'a commencée: en perpétrant des massacres contre le peuple palestinien (...) les Palestiniens de Gaza (...) sont pour Israël les cibles faciles de bombardements aveugles (courrier des lecteurs, Le Devoir)
Les bombardements ne sont pas aveugles, les cibles sont les milices armées et non pas "le peuple palestinien". Où ce lecteur a-t-il pris cette idée de bombardements aveugles de civils?

Les journalistes ne sont pas non plus à l'abri des "dérapages". Ainsi un article de La Presse commence par une étrange affirmation:
Quand Israël, puissance nucléaire, a décidé de frapper la petite bande de Gaza avec sa toute-puissance samedi, George W. Bush et Barack Obama étaient en vacances, l'un au Texas, l'autre à Hawaii
Avec sa toute-puissance? Les Israéliens n'ont justement pas utilisé leur "toute-puissance" pour attaquer le Hamas. Est-ce que le journaliste le sait, ou bien s'en moque-t-il? Son article se termine ainsi:
Un mois après l'élection d'Obama, un Groupe d'experts pour la prévention de génocides créé par le U.S. Holocaust Memorial Museum, l'American Academy of Diplomacy et le U.S. Institute for Peace, et codirigé par Madeleine Albright et William Cohen, a soumis son rapport, un document de 174 pages.
Les analystes s'y alimentent depuis pour pousser Obama, et préparer l'opinion, à «l'intervention humanitaire» tous azimuts contre les «États défaillants» - au Darfour, au Zimbabwe, en Birmanie. Obama, président du «changement», s'en servira-t-il pour voler au secours des Palestiniens? Les risques sont nuls.
Quel rapport existe-t-il entre la prévention des génocides, le Darfour, et le conflit israélo-palestinien? Comment un journaliste (encore un stagiaire?) peut-il imprimer ce genre d'insinuation dans un journal tel que La Presse?

Disproportion

Une autre accusation récurrente circule, y compris dans les médias "sérieux". La riposte israélienne serait disproportionnée. Sous-entendu: c'est mal. Mais que devraient faire les Israéliens? Tirer eux aussi des missiles et obus au petit bonheur la chance? Instaurer une loterie de la roquette identique à celle du Hamas et de ses féaux? Endoctriner puis envoyer des fanatiques (hommes, femmes, vieux: l'âge ou le sexe de la bombe importe peu) se faire exploser sur les marchés de Gaza? Pourquoi reproche-t-on aux Israéliens -et à eux seuls- d'utiliser leurs avions plutôt que des vélos et des lance-pierres?

André Pratte (éditorialiste, La Presse) se penche sur ces accusations de "disproportion": Le sens des proportions.

Extraits:

Disproportionnée? Sait-on seulement à quoi les Israéliens répliquent? Depuis 2005, le Hamas a tiré quelque 6300 roquettes sur le territoire israélien. Bilan : une dizaine de morts, des centaines de blessés, des villes terrorisées. Les médias occidentaux en ont peu parlé. À quand la dernière manifestation à Montréal contre les attentats commis par le Hamas? Qui a lancé ses souliers sur la photo du chef du Hamas?

(...)

Que veut-on dire par une réplique «proportionnelle»? Israël n'a-t-il pas le droit d'user de la puissance de feu nécessaire pour étouffer la menace? La proportionnalité de représailles armées ne peut être jugée par une comparaison du nombre de victimes. Il faut plutôt se demander si la riposte est justifiée, si elle vise des cibles militaires et si tout est fait pour épargner la population civile. Dans le cas présent, la réponse aux trois questions nous paraît positive.


André Pratte pose une question qu'on aimerait lire ou entendre ailleurs: des milliers de tirs ont eu lieu depuis Gaza ces dernières années, les cibles étaient israéliennes. Où étaient les habitués de la protestation "anti-guerre"?

Ils étaient chez eux. Pourquoi manifester, lorsqu'on ne désapprouve pas?

Le camp belliciste se réveille en Jordanie

La Jordanie et l'Égypte sont les deux seuls pays arabes ayant signé des traités de paix avec Israël. L'Égypte en 1979 et la Jordanie en 1994. Des députés jordaniens profitent aujourd'hui de l'émotion suscitée par les raids israéliens pour réclamer un "réexamen" des relations israélo-jordaniennes. Un député, Khalil Atiyeh, a saisi l'occasion pour "piétin[er] un drapeau israélien avant d'y mettre le feu sous les yeux des autres députés" (La Presse). C'est plus flamboyant que le lancer de chaussure...

Opinions et communiqués

La Paix Maintenant (branche française de Peace Now) appelle à un arrêt immédiat des combats.

Z-Word Blog aborde (en anglais) plusieurs questions, dont le détournement du vocabulaire ("génocide" à Gaza...) et la "disproportion" israélienne.

dimanche 28 décembre 2008

Godasse Solidaire (suite)

J'ai rendu compte il y a quelques jours du premier épisode.

L'attitude puérile du député lanceur de souliers, Amir Khadir, n'a pas fait rire tout le monde: un enseignant demande carrément au président de l'Assemblée à Québec d'émettre un blâme contre M. Khadir.

L'acte ridicule du nouveau député méritait certainement d'être moqué, mais un blâme? Ne devrait-on pas réserver les blâmes pour les comportements offensants, c'est-à-dire les cas sérieux? (le cas d'Yves Michaud rappelé par l'enseignant est un bon exemple de cas sérieux.)

Laissons plutôt M. Khadir agir à sa guise, sans entraves. Ça nous promet de bonnes crises (de rire), et en temps de crise (économique) c'est toujours bon à prendre.

Mise à jour
Amir Khadir a défendu son droit au lancer de godasses. Il l'a fait à sa manière, inimitable:
... le député de Mercier croit qu'il fait honneur à la fois au poste de député et à l'Assemblée nationale.
Selon lui, il s'est simplement «élevé au rang d'un citoyen» en participant à la manifestation de la semaine dernière
(La Presse)

Lancer des souliers dans la rue, voilà en effet qui rehausse l'honneur du Parlement...
«Il ne faut pas que (l'Assemblée nationale) devienne une prison pour quelqu'un comme moi, qui, depuis 30 ans, fait cela», a-t-il déclaré.
«Les gens de Mercier savent bien qui je suis», a-t-il conclu.

Les gens de Mercier (sa circonscription) savent certainement qui il est, mais savaient-ils qu'il l'était à ce point?

samedi 27 décembre 2008

Le vent ne manque pas de semeurs

Israël, après de nombreuses mises en garde, a lancé ce samedi une attaque aérienne contre une quarantaine de sites du Hamas dans la Bande de Gaza (évacuée par les Israéliens en 2005).

Comme d'habitude des critiques parfois vives se font entendre. Des voix s'élèvent qui restent muettes lorsque les cibles sont israéliennes: on n'est pas surpris d'apprendre que "l'ensemble des pays arabes et l'Organisation de la conférence islamique (OCI) ont condamné les bombardements israéliens, qualifiés de «crime de guerre»." (Le Figaro).

La France et l'UE demandent plus sobrement "l'arrêt immédiat des tirs de roquettes sur Israël ainsi que des bombardements israéliens sur Gaza"; j'applaudis des deux mains cet appel à la trève, mais les tirs de roquettes durent depuis des années: selon la France et l'UE qu'est-ce qui permettrait un arrêt définitif des tirs du Hamas? Des billets gratuits aux matchs du PSG? Des pot-de-vin? Une visite du Pape?

C'est moralement très confortable d'être pacifiste quand on vit dans un pays en paix. Mais il faut bien réaliser que depuis la fin officielle de la trève il y a une semaine c'est plus de 200 roquettes et obus de mortier qui ont été tirés sur le sud d'Israël. Depuis le début de 2008 il s'agit de 3.000 tirs (et encore, en 2008 il y a eu une trève de plusieurs mois avec "seulement" quelques tirs par semaine). Les manifestants jordaniens qui défilent aujourd'hui en criant "Hamas, continue! tu es le canon nous sommes les balles" n'y trouvaient rien à redire, l'OCI et M. Kadhafi non plus

Ces tirs n'ont même pas d'objectif militaire: ils se font un peu au hasard en direction des localités israéliennes proches de la frontière (tuant même parfois des civils palestiniens). Ces tirs -ainsi que les tentatives d'envoyer des bombes humaines en Israël- ne sont pas non plus une réponse au blocus imposé par les Israéliens: ils sont la cause du blocus. Mais ici l'OCI et "l'ensemble des pays arabes" ne parlent pas de "crime de guerre" quand bien même des civils musulmans et arabes subissent les conséquences de la politique d'affrontement menée par le Hamas depuis des années. L'OCI et la Ligue Arabe ne se scandalisent pas de la déclaration d'un porte-parole du Hamas, Fawzi Barhoum, qui a promis plus de roquettes et des attentats suicides avant d'ajouter que "le Hamas continuerait la résistance (sic) jusqu'à la dernière goutte de sang". Le sang des 1.5 millions de résidents de la Bande de Gaza dont le Hamas a la charge.

On peut mettre en doute l'utilité d'une réplique militaire, questionner la capacité de l'aviation israélienne de neutraliser les milices terroristes de la Bande de Gaza, s'interroger (bien évidemment) sur le poids des prochaines élections dans la décision de lancer cette attaque aérienne: l'objectif était-il vraiment militaire ou bien plutôt électoral? Mais avant de signer une autre pétition, avant d'aller une fois de plus dans la rue hurler notre haine des Israéliens, posons-nous quand même une question: que ferions-nous, que demanderions-nous à notre gouvernement, si nous étions les cibles quotidiennes de ces milices, si c'était nous qui devions courir aux abris lorsque retentissent les sirènes d'alerte?

Pour d'autres informations voir aussi:

Deux très bons articles du Toronto Star datés de samedi et dimanche. Le site du Yediot.

Autres réactions sur Z-Word Blog. Peace Now a désapprouvé les raids aériens de ce matin, mais n'a pas encore réagi sur son site.

Mise à jour: des groupes antisionistes canadiens ont appelé à des manifestations à Toronto et Montréal aujourd'hui dimanche.

La Presse rend compte de ces appels à la manif, ainsi que d'une manifestation à Amman hier samedi. La photographie qui illustre l'article est intéressante: on y voit des portraits de Saddam Hussein, probablement le leader arabe le plus aimé des Palestiniens depuis Nasser. Pour mémoire, rappelons que Yasser Arafat avait apporté son soutien à S. Hussein lors de la première guerre du Golfe, et que des scuds irakiens avaient été lancés sur Israël alors que ce pays n'était nullement impliqué dans le conflit (le dictateur espérait soulever la rue arabe en sa faveur et briser la coalition à laquelle participait plusieurs pays arabes).

Scuds, roquettes, obus de mortier ou bombes humaines, lorsque la cible est israélienne ça ne proteste pas beaucoup...

jeudi 25 décembre 2008

A merry, holy, jolly Christmas

Pour se dégriser des libations d'hier soir, rien de tel que la lecture du Toronto Star: Think 2008 was bad? Just wait, economists say.

A classer dans la catégorie "romans d'épouvante", sauf que ce n'est pas un roman.

Note: 1 trillion = 1.000 milliards.

mardi 23 décembre 2008

La coalition et la citoyenneté (suite)

Encore bravo aux putchistes députés de la coalition PLC-NPD!

Gilles Duceppe (chef du Bloc), dont la carrière politique consiste à répéter que "Nous sommes différents" des Canadiens des autres provinces et que les gens différents ça se sépare, s'est prévalu du préambule de l'accord conclu entre les coalisés:

"Je soulignerais simplement le fait que voilà deux partis fédéralistes qui reconnaissent dans le préambule même de ce texte les Canadiens et les Québécois. Donc, il y a une différence, hein? Ça, c'est tout à fait neuf." a déclaré avec gourmandise le chef séparatiste (La Presse du 23 décembre)

Bravo à Stéphane Dion et Jack Layton. Ils ont vendu leurs concitoyens du Québec dans l'espoir (déçu) de piquer le pouvoir à Stephen Harper avec l'appui du Bloc. C'est vrai, c'est "tout à fait neuf"!

C'est aussi tout à fait méprisable.

Point positif: ce préambule honteux a perdu de sa valeur. Le "leader" de la coalition, Stéphane Dion, a été poussé de son siège branlant de chef de parti. Reste à espérer que son successeur ne persiste pas sur cette voie.

Points négatifs: a) ce n'est pas pour avoir trahi les Canadiens du Québec -qui n'ont pas à choisir entre être Canadien et être Québécois!- que Dion a été poussé à la démission, b) un tel préambule crée un précédent que bloquistes et péquistes se feront une joie d'exploiter à l'avenir.

Godasse Solidaire

Décidément, Amir Khadir, le tout nouveau député de Québec Solidaire élu à l'Assemblée Nationale, s'avère très prometteur.

Son investiture à l'Assemblée était en soi tout un spectacle. J'aurais cru qu'après un si brillant début il allait souffler un peu et préparer son réveillon en famille. Mais non, the show must go on. And on it goes: l'Honorable Amir Khadir s'est joint à une quarantaine de protestataires à Montréal ce week-end pour manifester devant le consulat américain. Clou du happening: un lancer de chaussures sur une photo du président sortant, G.W. Bush.

"Il y a certainement des milliers d'élus dans le monde qui rêveraient d'avoir l'occasion de faire ce que j'ai fait" a déclaré le jeune médecin rebelle de 45 ans.

On sait maintenant la raison de sa candidature aux élections: pouvoir lancer ses pompes sur un portrait de W au nom des milliers d'élus dans le monde qui n'ont pas les moyens d'imprimer une photo du président américain. Pour ces élus nécessiteux privés de Deskjet, vite, créons un Pompothon!

Le député à la Godasse était bien entouré. Toujours selon La Presse une co-manifestante cultivée "a été la première à s'élancer en criant 'kalb' - chien, en arabe, a-t-elle expliqué. 'C'est la pire des insultes'." - l'insulte avec sous-titres, wow, c'est innovateur! On voit qu'ils sont de gauche et polyglottes! Ah mais, le multiculturalisme c'est pas un vain mot chez nous, verdammt!

Une question me turlupine: les manifestants anti-Bush au Liban ou en Irak beuglent-ils "asti d'toton" en manifestant? Et d'ailleurs, ce serait quoi la "pire des insultes" québécoises?

Le choix est si vaste...

lundi 22 décembre 2008

Miracle de Noël

Si je vous dis "Terre sainte", "Noël", "il était mort et le voici vivant", vous me répondez quoi?

Non, ce n'est pas Jésus. Mais c'est pas loin.

Miracle? Oui, un miracle!

Un miracle vient d'être annoncé, et pas un miracle de seconde catégorie du genre eau en vin, non, le miracle de première classe: une résurrection.

Déclaré mort en mai 2001, avec statut de "martyr", un chef militaire du Hamas a été arrêté par l'Autorité Palestinienne samedi dernier, en pleine forme.

Voilà qui va enfin relancer le tourisme dans la région. Le maire de Lourdes aurait vivement protesté et réclamé l'autopsie du ressuscité.

Encore des milliards pour renflouer la coque

Un autre paquet de milliards d'argent public va être offert prêté à des entreprises, dans l'espoir de sauver ce qui peut encore l'être.

Cette fois c'est le secteur automobile qui va recevoir un prêt de 4 milliards pour son petit Noël côté canadien, qui font écho aux 17 milliards promis par G.W. Bush. Comme c'est le temps des Fêtes, un député libéral y est allé de sa liste au Père Noël: "Si nous donnons 20 pour cent de l'argent, nous devrions avoir une garantie que le Canada ait 20 pour cent de la production et des emplois".

Une garantie sur les emplois en échange de 4 milliards d'argent public? Le parti libéral a viré communiste ou quoi?

Les patrons nécessiteux ont dit merci à leur façon: "Chrysler Canada a indiqué que les fonds proposés lui permettraient d'avoir suffisamment d'argent pour poursuivre sa restructuration". Restructuration, dans la bouche d'un capitaine d'industrie, ça veut notamment dire "licenciements". S'il manque 4 milliards pour l'assurance emploi l'an prochain, on pourra toujours savourer l'ironie.

On apprend ce lundi que Toyota s'attend à des pertes pour la première fois depuis 70 ans. Monsieur Harper, ne rangez pas tout de suite le carnet de chèques.

Chez nos voisins, tout va bien: "Bon nombre des 235 000 fonctionnaires de Californie risquent d'être licenciés et ceux qui resteront devront prendre deux jours de congé non payé par mois à partir du 1er février 2009". Les syndicats protestent: c'est pas dans la convention collective. Les tribunaux seront peut-être amenés à désigner le vainqueur: les fonctionnaires ou le déficit.

On va devoir réactualiser le vieux dicton: Noël au salon, Pâques sous les ponts!

samedi 20 décembre 2008

La révolte du gueux

De retour à la maison vendredi soir, après plus d'un kilomètre de marche par -18 degrés, la face gelée par la fine neige portée par un vent mordant, je me suis fait accueillir par une pantoufle. C'est la mode maintenant, le lancer de godasses, va falloir s'y faire.

Source de ce désagrément: mon colocataire, irrité par la lecture de mon dernier post.

Résumé de la conversation:

- mais enfin, tab... (1), comment peut-on être Français républicain et Canadien monarchiste?

- c'est simple, je ne suis pas monarchiste de conviction, par contre je suis Canadien. Ce qui importe c'est le cadre légal commun dans lequel nous évoluons, ce qui importe c'est la Charte des droits et libertés... et tout ce qui est possible, ou pas, dans un tel cadre. La nature du chef de l'Etat est secondaire: président élu ou monarque héréditaire. C'est pourquoi la comparaison Québec/Irlande faite par le député de QS était grotesque: la société québécoise est, par bien des aspects, plus "moderne", plus libre, que l'irlandaise, et c'est particulièrement flagrant pour les droits des femmes et des homosexuels. Le fait que nous soyons une monarchie constitutionnelle n'entrave absolument pas l'exercice de nos droits.

- pourquoi ne pas être républicain au Canada alors, si c'est secondaire d'avoir un roi ou un président? Instaurer une république avec un président élu, plutôt qu'un gouverneur général nommé!

- si la république était une nécessité pour améliorer le pays et le sort de la population, oui, mais le pays est déjà démocratique, contrairement aux affirmations des séparatistes nous ne sommes pas sous la botte de Sauron (2). Pourquoi se lancer dans une révolution si nous n'avons rien à y gagner? Si l'objectif est uniquement: "du passé faisons table rase", ce n'est pas un argument politique mais du romantisme de guérillero de banlieue. Maintenant dégage, c'est mon blog.

- tu vois, t'es un monarchiste anti-démocratique, tu brimes mon droit d'expression, tu refuses le débat!

- tu pourrais pas préparer la bouffe plutôt que m'infliger un discours? Je suis plus républicain que toi abruti, et puis j'ai déneigé l'entrée c'est à ton tour de bosser. Et ramasse ta pantoufle, sale gueux, elle pue.

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(1) pas de gros mots sur ce blog.

(2) Sauron: monarque absolu -absolument pas constitutionnel- des Terres du Milieu, il y a fort fort longtemps. Sa propension à envahir ses voisins entraîna sa perte.

jeudi 18 décembre 2008

Le serment "solidaire" ne vaut pas grand chose

Québec Solidaire, le parti séparatiste que la "vraie gauche" québécoise s'est donnée, a fait élire son premier député lors des élections provinciales du 8 décembre.

Félicitations! (Bon, les politesses de rigueur, c'est fait...)

Conformément aux lois, le nouveau député a été invité à prêter deux serments (1), étape nécessaire pour siéger à l'Assemblée (2).

M. Khadir a saisi cette occasion pour insulter ceux qui, parmi ses concitoyens québécois, ne partagent pas ses antipathies. Le Devoir raconte :

Les premiers mots d'Amir Khadir, tout juste assermenté à titre de député de Mercier et premier élu de la courte histoire de Québec solidaire, furent pour dénoncer le serment d'allégeance à la reine Elizabeth II que tout député est forcé de prononcer avant de faire son entrée à l'Assemblée nationale.

Ce serment, je me permets de le rappeler, est également exigé de tout nouveau citoyen. Les réfugiés rwandais, laotiens, les boat-people vietnamiens, les Haïtiens, les maudits Français et les sympathiques Belges, tous prêtent serment de fidélité à la Reine le jour où ils deviennent Canadiens.

Ce serment n'est pas un acte de soumission à une autocrate capricieuse, il ne s'agit pas de devenir le valet-de-pied d'Elisabeth II (qui de toute façon ne dispose d'aucun pouvoir politique, celui-ci relevant du Parlement), mais de jurer fidélité à ce qu'elle incarne: la Constitution, les lois, les institutions de notre nouveau pays (à commencer par les assemblées, dont M. Khadir est devenu membre élu). Libre à nous, ensuite, de respecter ou pas notre parole.

En prêtant serment pour le renier immédiatement après, M. Khadir a insulté les néo-Québécois, en plus de montrer ce que valent ses serments.

Sur sa lancée, il a ajouté un couplet sur la prétendue incompatibilité entre modernisme et démocratie d'une part, monarchie constitutionnelle d'autre part:

En attendant que le peuple du Québec, comme celui de l'Irlande, se libère des vestiges archaïques de la monarchie britannique comme le serment à la reine [...], en attendant que le Québec soit une république moderne et démocratique.

Il est peut-être facile à un nord-américain peu curieux de gober cet "argument" qui sonne très "du passé faisons table rase", mais un Européen ne peut pas ignorer que la Suède, la Norvège, le Danemark, les Pays-Bas, pour ne citer que ces pays, sont incontestablement modernes et démocratiques. Ce sont pourtant des monarchies constitutionnelles dont le monarque est, comme ici, dépourvu de pouvoir politique.

M. Khadir nous invite à suivre l'exemple de l'Irlande, Irlande "libérée" du pouvoir anachronique de la "monarchie britannique". Sa référence est particulièrement bien choisie: au Québec l'avortement est autorisé, en Irlande il est illégal (3). Au Québec les couples homosexuels peuvent se marier, en Irlande non. Quel modernisme! Amir Khadir en aura des choses à dire lors du prochain rendez-vous féministe organisé par son parti!

Le nouveau député a donc réussi, pour sa première prise de parole à l'Assemblée, à enchaîner une insulte et une bêtise. Encore une fois: félicitations!

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(1) Depuis 1982, les députés québécois prêtent deux serments. Le premier, qui remonte à la Constitution de 1867, est celui qu'a immédiatement renié M. Khadir. Le deuxième a été institué en 1982 à l'instigation du gouvernement de l'époque: "Je, xxx, déclare sous serment que je serai loyal envers le peuple du Québec et que j'exercerai mes fonctions de député avec honnêteté et justice dans le respect de la constitution du Québec".

(2) Siéger à l'Assemblée, c'est participer aux débats parlementaires, voter -ou pas- les lois, accorder sa confiance au gouvernement ou la lui retirer, et c'est aussi bénéficier de l'immunité parlementaire. Ces importantes responsabilités (et avantages) méritent bien un engagement clair et précis: "Le serment, c'est aussi un acte solennel, un engagement sur l'honneur de celui qui le prête, engagement sur l'honneur, dans le cas présent, d'être fidèle à l'autorité, de respecter la volonté du peuple et d'agir en toute honnêteté et justice pour le bénéfice de ses concitoyens" (source : site de l'Assemblée Nationale du Québec).

(3) Il n'est autorisé que si la vie de la mère est en danger.

mercredi 17 décembre 2008

Un peu de tolérance pour les néo-nazis, svp

A vot' bon coeur, m'sieurs dames. Le monde est parfois bien cruel avec d'honnêtes néo-nazis.

"Tolérance, tolérance", c'est ce que réclame un couple qui a eu l'idée de baptiser son enfant "Adolf Hitler" (une autre se prénomme JoyceLynn Aryan Nation). Les parents se plaignent amèrement parce qu'un commerçant du New-Jersey a refusé d'inscrire ce nom sur le gâteau d'anniversaire du malheureux enfant. C'est un Wal-Mart de Pennsylvanie qui s'est dévoué pour fabriquer le gâteau. Heureusement qu'il y a Wal-Mart, toujours à la pointe du progrès social. Pendant ce temps, au Canada...

La nouvelle, reprise par plusieurs sites d'information, vient de l'Associated Press, qui décrit les prénoms de ces enfants comme étant "unusual": inusités, inhabituels. L'Associated Press a le sens de l'understatement...

Question 1: ces noms sont-ils officiels ou bien de simples surnoms donnés à leurs enfants par deux losers en quête de notoriété?

Question 2, pour le bac ou le cégep: les parents sont-ils les pires ennemis de leurs enfants? Développez.

lundi 15 décembre 2008

La Reine? Kossé ça?

C'est avec un léger sourire une grande inquiétude que je lis cette nouvelle dans les journaux: Les Canadiens connaissent très mal leur système politique (Le Devoir).

Bah, bien sûr qu'ils le connaissent mal. Qui donc se souvient de ses années d'école? Et d'abord combien de temps les enseignants consacrent-ils à l'étude du système politique de notre pays?

"À l'échelle nationale, c'est le Québec qui obtient les moins bons résultats -- par exemple, 70 % des Québécois croyaient à tort que les Canadiens élisent directement le premier ministre".

Je m'abstiendrais de commenter le score des Québécois (ce n'est qu'un sondage après tout) mais la réponse à cette question n'est pas entièrement fausse. C'est vrai, nous n'élisons pas directement le premier ministre, mais nous votons pour le candidat d'un parti, parti dont le chef hyper-médiatisé durant la campagne deviendra premier ministre s'il gagne les élections (exception: le Bloc, dont la nature est d'être un parti d'opposition). Un électeur peut donc avoir le sentiment de voter directement pour le futur premier ministre; prenez par exemple les électeurs de l'ADQ en 2007, est-ce qu'ils votaient pour le candidat de leur circonscription ou bien pour Mario Dumont? Poser la question n'est-ce pas déjà y répondre?

Sans connaître les détails de ce sondage, je suis pas mal certain d'une chose: les immigrants ont sans doute eu un très bon score. Tout nouveau Canadien sait que la Reine est chef de l'Etat et que le Canada est une monarchie constitutionnelle.

Bon, c'est vrai, nos connaissances atteignent vite leurs limites. Beaucoup d'entre nous, par exemple, à la question "Qui est Pierre-Elliott Trudeau?" répondront qu'il s'agit d'un aéroport. Les mieux informés diront que c'est le papa de Justin Trudeau. Sic transit gloria mundi.

La solution pour de bons sondages? Des tandems! En faisant des équipes "un immigrant + un pure-laine" on explosera les scores.

dimanche 14 décembre 2008

Le PLC sur un nuage

Ce n'est pas une bonne nouvelle pour les autres coalisés: le Parti Libéral du Canada retrouve des couleurs dans les sondages depuis le "couronnement" de Michael Ignatieff.

Au lendemain du 14 octobre Stéphane Dion n'avait plus d'autre espoir, pour devenir premier ministre, que de s'allier au tandem Layton-Duceppe, défaire le gouvernement, et demander à la Gouverneure Générale de lui donner -enfin- la chance que les électeurs n'avaient pas voulu lui accorder. Le premier ministre a joué la carte de la prorogation, coupant ainsi l'herbe sous le pied de l'ex-chef libéral. Mais M. Harper n'a battu un rival que pour en voir surgir un autre, autrement plus inquiétant.

Au vu d'un effet si rapide et marqué sur l'opinion, Michael Ignatieff sera tenté de chercher le pouvoir pour lui-même et son parti, sans devoir le partager avec Jack Layton ni être à la merci du "soutien" des séparatistes. Il préférera sans doute utiliser la menace de la coalition pour contraindre Stephen Harper à négocier l'adoption de son updated budget fin janvier, être confirmé comme chef permanent lors du congrès du parti en mai, reconquérir le terrain perdu au sein de l'électorat libéral, s'afficher comme la seule alternative crédible à M. Harper, puis saisir la bonne occasion au bon moment pour faire tomber le gouvernement et partir en élections. Sans s'encombrer des boulets néo-démocrates et bloquistes.

En plus de devoir s'occuper des chialeux dans son propre parti, Stephen Harper se retrouve un peu coincé: soit il tient tête à M. Ignatieff, mais prend alors le risque de retourner en élections dès février face à un rival plus agressif (et populaire) que M. Dion, soit il sauve son gouvernement fin janvier et se lance dans une bataille de longue haleine contre le nouveau chef libéral. Les coups échangés ces derniers jours entre le gouvernement conservateur et le Bloc joueront alors en défaveur du premier ministre, qui pourra difficilement compter sur les séparatistes pour bloquer un vote de censure libéral... à moins bien sûr que Michael Ignatieff devienne la nouvelle bête noire du Bloc, ce qui pourrait arriver plus vite que prévu si le PLC "Iggy style" devenait un peu trop menaçant au Québec. Les bloquistes détestant au moins autant les Libéraux ("libérez-nous des Libéraux") que les Conservateurs ("Ils vont nous trouver sur leur chemin") tous coupables du péché de fédéralisme, il se baseront probablement sur les intentions de vote au Québec pour décider de leur cible prioritaire du moment: Stephen Harper ou Michael Ignatieff.

Guilad Shalit et l'anniversaire du Hamas

Ce dimanche le mouvement islamiste fêtait son 21e anniversaire et organisait un rally monstre à Gaza.

La presse écrite en rend compte plutôt brièvement. La Presse du 15 décembre consacre quelques courtes lignes à l'événement, en page 16, guère plus qu'un journal gratuit distribué dans l'île le même jour. Le Devoir en parle à peine plus.

Grand oublié de ces articles sommaires: Guilad Shalit, retenu en otage dans la Bande de Gaza depuis juin 2006. Ce lundi c'est en effet le lancer de paire de souliers, future épreuve olympique, qui prenait toute la place dans les pages "International". On a l'esprit sportif ou on ne l'a pas.

Otage et non pas prisonnier de guerre, G. Shalit n'a même pas droit aux visites de la Croix Rouge.

L'otage avait une place de choix lors des festivités de dimanche, qui ont réuni plus de 150.000 personnes:


During a colorful ceremony that included songs and plays, Hamas loyalists paraded a mock-captive Israeli soldier, who in Hebrew begged to return home.

"
I miss my Mom and Dad," said a Hamas loyalist, dressed in an Israeli soldier's uniform, in a clear reference to captured Israeli soldier Gilad Shalit, seized by Hamas-backed Palestinian terrorists in June 2006.

Voilà un spectacle digne d'un "gouvernement légitime" (ce que prétend être le Hamas).

Mise à jour: Israeli UN envoy decries Hamas play mocking Gilad Shalit (Haaretz), l'ambassadrice israélienne à l'ONU a mis à profit une discussion sur le Moyen-Orient pour rappeler le sort de Guilad Shalit aux membres du Conseil de Sécurité. Voir aussi Shalit honoré par la Ville de Paris

samedi 13 décembre 2008

Quizz

Devinette:

Dans quel pays peut-on voir un chef de gouvernement interrogé douze (12) fois en l'espace de quelques mois par les policiers chargés de l'enquête sur une affaire de corruption ? (Indice: il est question de 150.000$ US reçus sur une période de 15 ans.)

vendredi 12 décembre 2008

Mon beau sapin, roi des forêts!

Le premier ministre du Québec soi-même est intervenu dans une affaire de la plus haute importance. Le conifère illuminé devant l'Assemblée nationale à Québec avait en effet été rebaptisé "grand sapin des Fêtes" par les fonctionnaires du bureau du... premier ministre.

Jean Charest a donc clarifié la situation: l'odorant épineux est un "sapin de Noël".

Faisant preuve d'un calme exemplaire, le ministre de l'agriculture ne perd pas le nord (ça tombe bien, c'est là que réside le Père Noël) : "Pour autant que les Québécois continuent d'acheter des sapins en masse chaque hiver, le nom que l'on donne à l'arbre n'a aucune importance". C'est comme ça qu'on reconnaît un vrai libéral: du moment que vous passez monnaie, vous pouvez bien réécrire le dictionnaire, il s'en zerbifougne (je viens d'inventer le mot, je charge 1.25$ par utilisation, avant taxes).

Revenons à notre arbre. Je le sais, vous le savez, tout le monde le sait: en décembre, on dresse des sapins de Noël un peu partout. Naturels, synthétiques, électriques, mais tous de Noël.

Cette réalité, que tout gamin de 3 ans connaît, dépasse toutefois l'entendement de certains, qui veulent absolument voir dans les sapins de Noël autre chose que des sapins de Noël. Ils y voient l'arbre de Loki, l'arbre de la fertilité, l'arbre des sacrifices, le machin vert au mitan de la place, l'épineux festif, la drag queen des forêts, n'importe quoi mais surtout pas de Noël:

"Considérant tout cela, il est à mon avis beaucoup plus juste de parler de sapin des fêtes ou des réjouissances que de sapin de Noël", conclut ainsi un prof de philo (!) dans Le Devoir, après un laborieux pensum sur l'universalité du "culte de l'arbre" dans le monde.

En voilà un qui doit en baver, en ce moment.

Si vous connaissez un prof de philo de ce genre, s'il-vous-plaît aidez-le: offrez-lui un dattier en pot décoré de jouets sexuels (n'y voyez rien de pervers, il s'agit ici de symboles de fertilité), de bonbons (abondance), et décoré d'une statuette en simili-bois achetée 2 piasses dans le quartier chinois (pour le culte mystérieux et exotique). Vous lui ferez plaisir et l'aiderez à supporter l'odieux impérialisme cultuel ambiant. D'avance, merci.

PS: happy hanukah!

PPS pour les athées: courage!

mercredi 10 décembre 2008

Ça commence bien

En entrevue au journal de RDI mercredi soir, Michael Ignatieff décrit le Bloc comme le parti qui "représente le vote de mes concitoyens canadiens de langue française au québec" (ce n'est pas littéral, je cite de mémoire).

Les députés québécois de son propre parti ainsi que Thomas Mulcair (1) seront ravis d'apprendre qu'ils ne représentent pas les francophones du Québec.

Bon... on va faire preuve d'optimisme et se dire que c'était le lapsus d'une personne qui ne parle pas français couramment.

(1) et les députés conservateurs, que j'avais malencontreusement oubliés en rédigeant le message! Oups.

mardi 9 décembre 2008

Histoires de bashing

Allez, c'est reparti... Tout le monde y va de sa rengaine:

Pauline Marois: "Mr. Harper did not respect the view of the Quebecers".

Une lectrice du Devoir voit dans les récents événements "le retour de la francophobie canadienne-anglaise", "l'hystérie antiquébécoise"... "en situation de crise, le Québec redevient vite le bouc émissaire privilégié"... "le Québec ne sera jamais accepté au Canada".

Pour arriver à cette vision peut-être un peu hystérique, on commence par poser l'équation Bloc québécois = Québecois. Or ce sont 38% des voix qui sont allées vers le Bloc le 14 octobre. C'est beaucoup, mais ce n'est pas "les Québécois".

Après ce tour de passe-passe malhonnête (Bloc et ses partisans = Québec) on pousse le bouchon un peu plus loin: s'opposer au Bloc et son programme = Québec-bashing.

Et hop, abracadabra.

Une autre chose intéressante, c'est que ceux qui montent aux barricades (virtuelles) pour s'insurger contre le prétendu "Québec-bashing" de M. Harper et des Canadiens anglais ont volontiers eux-mêmes recours au West-bashing.

Un lecteur du Devoir dénonce par exemple: "l'aveuglement idéologique du petit Kaiser albertain". Imaginez un peu les réactions si un Albertain osait traiter Gilles Duceppe de "petit Kaiser québécois".

Avant les remous à la Chambre des Communes, Pierre Falardeau avait causé quelques réactions en traitant David Suzuki de "petit japanouille à barbiche, un autre emmerdeur de la côte Ouest, véritable professeur Tournesol de l'écologisme bien-pensant". En punition, P. Falardeau avait été invité à Tout le monde en parle. Comme quoi le West-bashing est très bien accepté, certains y verront même de l'audace, une manifestation de patriotisme enflammé, mais malheur à ceux qui s'opposent au séparatisme du Bloc et du PQ.

Mais au fait, y a-t-il vraiment une éruption de Québec-bashing, de francophobie, ailleurs au Canada?

Hormis les inévitables Peter Falardow que l'on trouve ici et là dans les autres provinces, c'est loin d'être certain. Patrick Lagacé, envoyé spécial de La Presse à Calgary, a observé les réactions des opposants albertains à la coalition. A propos d'une manifestation anti-coalition, il remarque:

"Des mots durs pour le Bloc, sur des affiches, oui. Mais pas un mot contre le Québec ou les Québécois, chez les orateurs. Et parmi les centaines d'affiches, j'ai eu beau chercher, pas une seule qui croquait de la grenouille."

Tout le monde n'est pas parfait en Alberta ou en Ontario, tout le monde n'est pas parfait ici non plus. S'il faut se séparer de quelque chose, je vote pour une séparation d'avec les extrêmistes. Donnons leur un morceau des Territoires du Nord-Ouest, et qu'ils aillent s'y faire la guerre.

lundi 8 décembre 2008

Tout va bien, ils sont prêts pour le pouvoir!

La coalition va bien.

Elle va même mieux que bien: elle explose de santé.

On s'attend désormais à ce que son leader, le chef libéral Stéphane Dion, annonce (une deuxième fois!) son retrait de la vie politique. Sauf que cette fois-ci, chaudement encouragé par ses camarades de parti, ça devrait être un retrait à effet immédiat. Comme le disait un observateur: "le sol s'ouvre sous ses pieds".

Michael Ignatieff a le vent en poupe pour devenir chef intérimaire: même les prudents se rallient à sa candidature. Bob Rae s'inquiète d'une intronisation de son rival par le caucus; un des partisans de M. Rae note qu'un choix effectué par les 77 députés libéraux (majoritairement pro-Ignatieff) excluerait les militants, puis s'interroge: "How democratic is that?".

Bah, ce ne serait pas moins démocratique que monter une coalition après avoir juré ses grands dieux que non non il n'était pas question de coalition (pendant la campagne électorale), après avoir décrété que les Québécois n'étaient pas Canadiens (imposer la vision des 49 députés bloquistes à la coalition dans son ensemble, sans demander leur avis aux électeurs québécois, c'était démocratique?), et ce n'est certainement pas moins moral que laisser Stéphane Dion monter au front alors que tout le monde savait qu'il n'était qu'un chef en sursis et que ses successeurs fourbissaient déjà leurs rapières.

Du côté du Bloc les choses vont bien. L'éjection de Stéphane Dion ne peut que plaire aux militants. Si la coalition survit, ça sera tout bénéf': le Bloc aura la balance du pouvoir sans avoir besoin de se salir les mains en siégeant au gouvernement. Si les vagues soulevées par la lutte interne au PLC coulent le navire, ce sera (une fois de plus) interprêté comme une preuve que "ce pays-là ne fonctionne pas", comme le susurrait déjà Pauline Marois en début de semaine dernière avant même la prorogation décidée par M. Harper.

Je me demande ce qu'elle fait, Madame Marois, quand sa voiture tombe en panne d'essence. Elle l'abandonne sur le bord de la route? Si son mari a un rhume, elle divorce? Quand son toit fuit, elle déménage? Et lorsque le PQ s'est retrouvé en 3e position à l'Assemblée, il aurait fallu le dissoudre?

Chiche!

Avis aux globe-trotters

Attention, ami voyageur. Si tu envisages de visiter Israël et l'Arabie Saoudite, le gouvernement te conseille d'aller d'abord en Arabie Saoudite: voir cet article du Jerusalem Post.

Des voyageurs canadiens insouciants se sont vus refuser l'entrée du royaume ensoleillé pour raison de boycott politique d'Israël: la présence d'un tampon ou visa d'entrée israélien dans ton passeport, et voilà les portes de l'Arabie qui se ferment devant toi.

Notre gouvernement n'ayant pas l'intention de s'opposer à cette mesure discriminatoire mais légale, les personnes concernées ont intérêt à bien planifier leurs déplacements. Allez d'abord à Ryad, puis à Jérusalem, car un visa saoudien ne vous empêchera pas d'entrer en Israël.

Bon, soyez raisonnables tout de même! Si vous vous pointez à la frontière Jordanie/Israël juste après une visite en Lybie, en Syrie puis en Iran, vous aurez peut-être à répondre à quelques questions...

Je me demande si cette mesure saoudienne s'applique à ces grands voyageurs que sont nos députés et sénateurs.

dimanche 7 décembre 2008

Mai en janvier?

Vendredi, j'avouais mon étonnement de voir Stéphane Dion se lancer dans la bataille contre Stephen Harper quelques semaines seulement après la raclée le résultat des élections.

Il y en a au moins deux qui ne sont pas mécontents d'avoir laissé Dion tester le terrain: Messieurs Rae et Ignatieff.

On peut ainsi lire dans le Toronto Star de ce jour (1) que M. Dion ne sera sans doute plus à la tête du parti lors de la reprise des travaux le 26 janvier. M. Ignatieff aimerait bien que le caucus libéral désigne le nouveau chef; M. Rae, qui redoute le choix d'un caucus majoritairement acquis à son rival, préfèrerait une course à la chefferie "en urgence" et un vote des militants, afin d'avoir un successeur au plus tard la 3e semaine de janvier.

Quelle que soit la procédure adoptée, c'est ainsi un nouveau chef qui prendrait la tête de la coalition (si elle existe encore le 26 janvier) et deviendrait, qui sait, premier ministre.

Stéphane Dion, qui aura essuyé les plâtres et pris sur ses épaules le gros de la colère des opposants à la coalition, pourra alors prendre une bérézina retraite bien méritée et laisser le terrain au nouveau mâle alpha chef.

(1) voir aussi cyberpresse.ca.

samedi 6 décembre 2008

Journalisme, ou activisme?

Vendredi, le 5 déc., je découvre en lisant La Presse un petit article, plutôt une brève, coincé entre une publicité et un texte concernant la prorogation du parlement.

Cet articulet nous annonce que "Des organisations juives honorent Harper". Ma foi, on peut dire qu'elles n'ont pas eu de chance avec les hasards du calendrier, mais ce n'est pas ça qui a attiré mon attention. La journaliste (j'ose espérer qu'il s'agit d'une stagiaire) profite de l'occasion pour terminer ainsi:

Le B'nai Brith Canada a félicité le lauréat et rappelé que le Canada a été le premier pays à annoncer qu'il ne participerait pas à la deuxième conférence de l'Organisation des nations unies (ONU) contre le racisme à Durban en 2009.

Le rapport final de la première conférence de Durban prônait la création d'un État indépendant palestinien.

Bon alors, je ne sais pas trop ce qu'on apprend dans les écoles de journalisme, mais une des choses importantes consiste à vérifier ce qu'on s'apprête à publier, non?

Si elle avait pris cette précaution élémentaire, la rédactrice de l'articulet aurait découvert que:
  • la conférence de suivi prévue au printemps 2009 ne se tiendra pas à Durban (aux dernières nouvelles on parlait de Genève)
  • si le Canada a décidé de ne pas participer à cette conférence, ce n'est pas parce que "la première conférence de Durban prônait la création d'un État indépendant palestinien", mais parce que ladite conférence avait tourné au Jew-bashing, aux manifestations anti-israéliennes et antijuives, et que les préparatifs de la conférence de suivi sont peu encourageants et laissent craindre une répétition de Durban. Avec un comité d'organisation présidé par la Lybie et auquel participe l'Iran (qui prône ouvertement la destruction d'Israël, ou encore a organisé un congrès négationniste fin 2006 à Téhéran), est-ce bien étonnant?
Ce sont ces "dérapages" qui ont été reprochés à la conférence de Durban, c'est cela qui risque de se reproduire en 2009, et c'est pour cela que le Canada a jeté l'éponge, comme l'a expliqué Jason Kenney et comme aurait dû le rappeler la journaliste.

vendredi 5 décembre 2008

Viva la coalicion!

L'idée d'une coalition n'était pas mauvaise.

Contrairement à ce que voudraient faire croire les conservateurs, les députés du PLC du NPD et du Bloc n'ont violé ni la démocratie ni la Constitution en envisageant de défaire le gouvernement minoritaire et de le remplacer par un gouvernement de coalition.

Les électeurs votent rarement dans l'espoir que leurs candidats se retrouveront sur les bancs de l'opposition (à l'exception notable des électeurs du Bloc!). Alors si des partis peuvent s'entendre pour gouverner ensemble, pourquoi pas? Le recours à des coalitions n'est pas rare en France ou en Italie. Dans un pays comme Israël il est même impossible de gouverner sans coalition.

Toutefois, outre le scandaleux préambule de l'entente des coalisés, on peut se demander si les circonstances étaient favorables pour le PLC. L'opposition officielle semble avoir fait le raisonnement suivant:

  • nous venons de prendre une raclée aux élections et avons perdu 26 députés (le PLC avait pu sauver 103 députés lors des précédentes élections, il n'en avait plus que 77 au soir du 14 octobre)
  • en conséquence de cette baffe, notre chef, Stéphane Dion, a annoncé son retrait prochain de la vie politique (prévu pour mai 2009)
mmhhh... le moment nous semble idéal pour prendre la tête d'une coalition et se lancer à l'assaut du gouvernement! La réussite ne sourit-elle pas aux audacieux? Vite, convoquons notre meilleur vidéaste et enflammons la populace!

C'est peut-être ça qu'on appelle "l'énergie du désespoir"... à moins que ce ne soit "prendre ses désirs pour des réalités"?

La prorogation (personne n'a pu trouver de mot plus laid?) va donner à tout le monde l'occasion de respirer et se calmer. Elle aura aussi un avantage indéniable: si la troïka PLC-NPD-Bloc n'est pas capable de survivre jusqu'au 26 janvier, nous n'aurons plus à avoir de regret: ce sera la preuve qu'elle aurait été incapable de tenir 18 mois.

Séparatiste, un vilain mot?

En lisant les journaux cette semaine, je remarque que décidément les journalistes québécois n'aiment pas le mot "séparatiste".

En effet, lorsque quelqu'un se permet d'utiliser ce terme, ils en rendent compte mais en prenant soin de mettre le mot "séparatiste" entre guillemets, se moquant volontiers de cette peur des "séparatisssss'" entretenue par les Albertains, Ontariens, et autres peuplades étrangères.

Les partisans de la sécession (les sécessionisssss') préfèrent en effet le mot "souverainiste". C'est plus positif. C'est plus chic. Ca permet d'oublier que, de l'autre côté des frontières du Québec, vivent un gros million de francophones qui percevraient sans aucun doute comme une "séparation" l'indépendance du Québec.

Le terme "séparatiste" décrit pourtant parfaitement les partisans de l'indépendance:

séparatisme, nom masculin (anglais separatism): Attitude, tendance à sortir d'un ensemble national et à former une entité politique distincte de l'État d'origine.
C'est exactement le programme du Bloc, du Parti Québécois et de Québec Solidaire. Il est donc tout à fait correct de les qualifier de "séparatistes".

Au fait, en parlant de sécession, le terme convient très bien lui aussi :

sécession, nom féminin (latin secessio, de secedere, se retirer): Action menée par une fraction de la population d'un État en vue de se séparer, de façon pacifique ou violente, de la collectivité nationale pour former un État distinct ou se réunir à un autre.
(Ces définitions sont tirées du site larousse.fr.)

Sans rancune, amis journalissssss'!

Mise à jour du 7 décembre: je me sens moins seul depuis hier: "...dans les dictionnaires, «séparatiste» n'est ni péjoratif ni insultant. Selon le Robert, est séparatiste toute «personne qui réclame une séparation d'ordre politique, l'autonomie par rapport à un État, une fédération». N'est-ce pas précisément ce que veulent le PQ et le Bloc?" (André Pratte).

Selon la Coalition, les Québécois ne sont pas Canadiens

C'est officiel, pour les 114 députés de la coalition PLC-NPD (pour ceux du Bloc ce n'est pas une nouveauté), les Québécois ne sont pas des Canadiens.

La coalition, soutenue par le Bloc, affirme clairement en préambule de son "Accord politique pour remédier à la crise économique actuelle" sa conviction que "le gouvernement doit agir en partenariat avec les Canadiens et les Québécois", voir ici.

J'ai d'abord pensé qu'il s'agissait d'une subtile stratégie destinée aux électeurs -francophones à 99.9%- du Bloc (tous ceux qui auront vu le message de Stéphane Dion à la nation savent combien l'équipe libérale maîtrise l'art de la subtilité) mais la version anglaise est identique: "... to act as a partner with Canadians and Quebecers".

La bonne nouvelle dans tout ça, c'est que Libéraux et Néo-démocrates viennent de nous faire économiser les coûts d'un troisième référendum. En cette période de crise économique, ce n'est pas rien.

Les réactions à ce virage idéologique libéral sont minimes. Il est vrai qu'à force de se l'entendre dire par ses politiciens, auteurs, chanteurs, cinéastes, professeurs, syndicalistes etc, une partie de la population québécoise considère depuis longtemps Ottawa comme une capitale étrangère et croit fermement que "the Canadians" se trouvent au-delà des frontières du Québec, exception faite des colonies canadiennes implantées dans l'ouest de l'île de Montréal.

Même André Pratte mentionne le fait comme en passant, un détail parmi d'autres détails:

Une parenthèse: on s'étonne que Stéphane Dion, généralement très sensible à ce genre de choses, ait signé un texte qui parle d'un partenariat «avec les Canadiens et les Québécois». Tiens, les Québécois ne sont plus Canadiens?
Cette histoire permet en tout cas de se faire une idée de l'influence du Bloc sur cet hypothétique gouvernement de coalition: il est déjà capable de convaincre le Parti Libéral du Canada (et du Québec ?) de renier son idéal et son histoire. Après avoir ainsi torpillé la citoyenneté canadienne en en excluant les Québécois, les coalisés ont même osé dire que la prorogation décidée par Stephen Harper était immorale.

Dépouiller les Québécois de leur identité canadienne dans l'unique but de s'assurer le soutien du Bloc et s'emparer du pouvoir est par contre parfaitement moral. Et constitutionnel, cela va sans dire.