mardi 30 décembre 2008

Protestations disproportionnées

On pouvait s'y attendre, des manifestations de soutien au Hamas se sont déroulées un peu partout dans le monde: Amman, Beyrouth, Téhéran, mais aussi Paris, Londres, Montréal et Toronto.

On s'y attendait également, les protestataires s'emploient dans leurs discours à nazifier les Israéliens.

Les sympathisants du Hamas utilisent pour ce faire le langage lié à la Shoah, en le retournant contre Israël - unique État juif au monde. Les mots "holocauste", "génocide", "SS", et bien d'autres, fleurissent sur les pancartes et les sites web.

Il s'agit d'un détournement vicieux et pervers du langage, ni innocent ni accidentel. Parler de génocide pour décrire les attaques israéliennes contre le Hamas, c'est un peu plus qu'une mauvaise définition: cela permet de relativiser les crimes nazis et d'absoudre les crimes des pères ou grand-pères.

Même les "courriers des lecteurs" de la presse généraliste permettent de constater le poids des préjugés anti-israéliens:

Israël paraît vouloir marquer la fin de sa 60e année d'existence comme il l'a commencée: en perpétrant des massacres contre le peuple palestinien (...) les Palestiniens de Gaza (...) sont pour Israël les cibles faciles de bombardements aveugles (courrier des lecteurs, Le Devoir)
Les bombardements ne sont pas aveugles, les cibles sont les milices armées et non pas "le peuple palestinien". Où ce lecteur a-t-il pris cette idée de bombardements aveugles de civils?

Les journalistes ne sont pas non plus à l'abri des "dérapages". Ainsi un article de La Presse commence par une étrange affirmation:
Quand Israël, puissance nucléaire, a décidé de frapper la petite bande de Gaza avec sa toute-puissance samedi, George W. Bush et Barack Obama étaient en vacances, l'un au Texas, l'autre à Hawaii
Avec sa toute-puissance? Les Israéliens n'ont justement pas utilisé leur "toute-puissance" pour attaquer le Hamas. Est-ce que le journaliste le sait, ou bien s'en moque-t-il? Son article se termine ainsi:
Un mois après l'élection d'Obama, un Groupe d'experts pour la prévention de génocides créé par le U.S. Holocaust Memorial Museum, l'American Academy of Diplomacy et le U.S. Institute for Peace, et codirigé par Madeleine Albright et William Cohen, a soumis son rapport, un document de 174 pages.
Les analystes s'y alimentent depuis pour pousser Obama, et préparer l'opinion, à «l'intervention humanitaire» tous azimuts contre les «États défaillants» - au Darfour, au Zimbabwe, en Birmanie. Obama, président du «changement», s'en servira-t-il pour voler au secours des Palestiniens? Les risques sont nuls.
Quel rapport existe-t-il entre la prévention des génocides, le Darfour, et le conflit israélo-palestinien? Comment un journaliste (encore un stagiaire?) peut-il imprimer ce genre d'insinuation dans un journal tel que La Presse?

Disproportion

Une autre accusation récurrente circule, y compris dans les médias "sérieux". La riposte israélienne serait disproportionnée. Sous-entendu: c'est mal. Mais que devraient faire les Israéliens? Tirer eux aussi des missiles et obus au petit bonheur la chance? Instaurer une loterie de la roquette identique à celle du Hamas et de ses féaux? Endoctriner puis envoyer des fanatiques (hommes, femmes, vieux: l'âge ou le sexe de la bombe importe peu) se faire exploser sur les marchés de Gaza? Pourquoi reproche-t-on aux Israéliens -et à eux seuls- d'utiliser leurs avions plutôt que des vélos et des lance-pierres?

André Pratte (éditorialiste, La Presse) se penche sur ces accusations de "disproportion": Le sens des proportions.

Extraits:

Disproportionnée? Sait-on seulement à quoi les Israéliens répliquent? Depuis 2005, le Hamas a tiré quelque 6300 roquettes sur le territoire israélien. Bilan : une dizaine de morts, des centaines de blessés, des villes terrorisées. Les médias occidentaux en ont peu parlé. À quand la dernière manifestation à Montréal contre les attentats commis par le Hamas? Qui a lancé ses souliers sur la photo du chef du Hamas?

(...)

Que veut-on dire par une réplique «proportionnelle»? Israël n'a-t-il pas le droit d'user de la puissance de feu nécessaire pour étouffer la menace? La proportionnalité de représailles armées ne peut être jugée par une comparaison du nombre de victimes. Il faut plutôt se demander si la riposte est justifiée, si elle vise des cibles militaires et si tout est fait pour épargner la population civile. Dans le cas présent, la réponse aux trois questions nous paraît positive.


André Pratte pose une question qu'on aimerait lire ou entendre ailleurs: des milliers de tirs ont eu lieu depuis Gaza ces dernières années, les cibles étaient israéliennes. Où étaient les habitués de la protestation "anti-guerre"?

Ils étaient chez eux. Pourquoi manifester, lorsqu'on ne désapprouve pas?

Le camp belliciste se réveille en Jordanie

La Jordanie et l'Égypte sont les deux seuls pays arabes ayant signé des traités de paix avec Israël. L'Égypte en 1979 et la Jordanie en 1994. Des députés jordaniens profitent aujourd'hui de l'émotion suscitée par les raids israéliens pour réclamer un "réexamen" des relations israélo-jordaniennes. Un député, Khalil Atiyeh, a saisi l'occasion pour "piétin[er] un drapeau israélien avant d'y mettre le feu sous les yeux des autres députés" (La Presse). C'est plus flamboyant que le lancer de chaussure...

Opinions et communiqués

La Paix Maintenant (branche française de Peace Now) appelle à un arrêt immédiat des combats.

Z-Word Blog aborde (en anglais) plusieurs questions, dont le détournement du vocabulaire ("génocide" à Gaza...) et la "disproportion" israélienne.

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