mercredi 30 décembre 2009

La peau de l'ennemi

Le petit tsunami provoqué par les "révélations" de Donald Boström (voir cet autre billet) n'en finit pas de faire des vagues.

Étant donné que personne n'a la moindre preuve -et pour cause- que des Israéliens ont enlevé et tué de jeunes Arabes palestiniens afin de voler leurs organes, les amateurs de la "critique" permanente d'Israël se rabattent sur ce qu'ils trouvent. Dans ce cas précis, ils raclent les fonds de tiroirs pour ressortir triomphalement tout ce qui concerne un prélèvement ou trafic d'organes impliquant au moins un Israélien.

Nouvelles (?) révélations

Nancy Scheper-Hughes, professeur d'anthropologie à l'Université de California-Berkeley a récemment dévoilé une entrevue datant de l'an 2000 faite avec un certain Yehuda Hiss, ancien directeur de l'Institut médico-légal d'Abu Kabir, près de Tel-Aviv.

Qu'a donc dit M. Hiss? Que dans les années 90, des spécialistes à Abu Kabir avaient prélevé de la peau, des cornées, des valves cardiaques et des os sur des corps qui passaient par l'Institut (1). Ces prélèvements se faisaient sans la moindre considération pour l'origine des personnes, les défunts étaient Israéliens (civils ou militaires), Palestiniens, voire même des étrangers qui travaillaient et vivaient en Israël. M. Hiss ajoutait que l'accord des familles n'était ni nécessaire ni demandé et que les spécialistes agissaient avec discrétion. Cela n'a pas empêché que des familles (juives ou arabes) protestent.

[Précisons que la loi israélienne, qui était floue dans le passé, a récemment été mise à jour. Une autorisation est désormais requise. Il est même possible de trouver un formulaire en ligne, le remplir, le signer, puis le retourner par fax à l'organisme public qui centralise ces données.]

Dans les médias (pas uniquement anti-"sionistes") cette entrevue vieille de neuf ans mais tout récemment dévoilée est devenue: Israël: des organes ont été prélevés sur des Palestiniens (NouvelObs). Dans le corps de l'article, le site NouvelObs est très évasif sur la nationalité des défunts: "des corps, notamment palestiniens". La présentation des "faits" par NouvelObs est très intéressante:
Le Dr Hiss a fait ces déclarations en 2000 à un universitaire américain. Ce dernier a décidé de ne le rendre public maintenant en raison d'une controverse qui a éclaté l'été dernier. Un article d'un journal suédois avait laissé entendre que des soldats israéliens tuaient des Palestiniens pour faire commerce de leurs organes. Des allégations qu'Israël a vivement démenties.

Des extraits de l'entretien ont été diffusés ce week-end sur la 2e chaîne de télévision israélienne. Le Dr Jehuda Hiss précise que des cornées ont été prélevées sur des cadavres "de manière extrêmement informelle. Aucune autorisation n'était demandée à la famille".

En réponse à ce reportage, l'armée israélienne a reconnu que les faits avait [sic] eu lieu. L'activité a cessé il y a dix ans et cela n'arrive plus, d'après un communiqué de Tsahal repris par la télévision.
Le découpage des paragraphes et le flou de la formulation pourrait laisser penser que "l'armée israélienne a reconnu que les faits avait eu lieu" fait référence à "Un article d'un journal suédois avait laissé entendre que des soldats israéliens tuaient des Palestiniens pour faire commerce de leurs organes" et non pas à "des cornées ont été prélevées sur des cadavres de manière extrêmement informelle".

The Guardian, journal britannique de gauche, a publié lui aussi un article reprenant la nouvelle, avec un titre identique à celui de NouvelObs: Israel admits harvesting Palestinian organs (The Guardian, 21 décembre). Mais le titre de l'édition Internet a été modifié et est devenu: Doctor admits Israeli pathologists harvested organs without consent (The Guardian).

La différence est de taille. Le Guardian a expliqué la raison de cette modification:
We should not have put the headline “Israel admits harvesting Palestinian organs” on a story about an admission, by the former head of the Abu Kabir forensic institute near Tel Aviv, that during the 1990s specialists at the institute harvested organs from the bodies of Israeli soldiers, Israeli citizens, Palestinians and foreign workers without getting permission from the families of the deceased (21 December, page 15). That headline did not match the article, which made clear that the organs were not taken only from Palestinians. This was a serious editing error and the headline has been changed online to reflect the text of the story written by the reporter.
Le titre ne reflétait pas le contenu de l'article. Il était suffisamment inexact et trompeur pour que le Guardian, journal pourtant connu pour ses vives "critiques" d'Israël, le modifie radicalement.

Regardons un peu le contenu de la "nouvelle". La dépêche reprise par tous les médias fait systématiquement référence à l'article initial de Boström. Le rapport entre Boström et Hiss est pourtant fortement tiré par les cheveux, mais comme d'habitude lorsqu'il s'agit d'Israël il suffit que des mots se ressemblent pour qu'on établisse un lien. Les mots magiques, dans ce cas, sont "prélèvements d'organes", "trafic d'organes" et "sans autorisation de la famille" (ou du défunt).

Le Dr. Hiss n'a jamais dit -et pour cause (bis)- que l'armée israélienne abattait de jeunes Arabes pour les transporter ensuite à Abu Kabir à des fins de prélèvements, ni que ces prélèvements servaient à alimenter le marché noir, mais qu'importe! Il suffit qu'au moins un prélèvement ait été fait sur au moins un Arabe palestinien sans autorisation de sa famille pour alimenter la machine à ragots (re)lancée cet été par Aftonbladet.

Scientifique et militant, c'est possible

Comme le précisent les médias, l'entrevue du Dr. Hiss dévoilée par Nancy Scheper-Hughes date de... 2000. Mme Scheper-Hughes se définit comme une "anthropologue militante". Elle a fait un voyage en URSS (vers 1959, 1960) mais ne s'étend pas trop sur le sujet, et de retour aux States a milité pour les droits civiques des Noirs (là, je lève mon chapeau) et au sein de Peace Corps.

Question: si cette entrevue est aussi choquante que certains veulent le croire, pourquoi la fondatrice d'Organs Watch (2) a-t-elle attendu neuf ans pour la faire connaître?

Comme on peut le lire par exemple sur le site NouvelObs, Scheper-Hughes a "sorti" l'info à cause, précisément, des réactions à l'article de Boström: "[Nancy Scheper-Hughes] a décidé de ne le rendre public maintenant en raison d'une controverse qui a éclaté l'été dernier".

Pour en savoir un peu plus il n'est pas inutile de lire un article d'Alison Weir intitulé Special Report. Israeli Organ Trafficking and Theft: From Moldova to Palestine, publié par le Washington Report on Middle East Affairs (WRMEA) de novembre 2009, pp. 15-17. L'article est disponible sur le site Internet du magazine. Le WRMEA est un média US qui semble particulièrement "critique" envers Israël, pour dire le moins.

Une chouette bande de bons copains

Alison Weir contribue au WRMEA dont le responsable (publisher) est Andrew Killgore. Weir et Killgore sont aussi deux dirigeants de l'organisation If Americans Knew (Si les Américains savaient... sous-entendu, si les Américains savaient la vérité sur Israël, ils deviendraient anti-israéliens).

Weir part du principe que l'article de Boström présentait de bons éléments de preuve (grisly evidence suggesting that Israel had been taking Palestinian internal organs) mais que les Israéliens ont comme d'habitude hurlé à "l'antisémitisme" (les guillemets sont d'elle).

Elle affirme ensuite que les prélèvements d'organes en Israël sont documentés depuis de nombreuses années (3). C'est exact, mais ça n'a pas grand-chose à voir avec le pamphlet d'Aftonbladet.

Weir s'appuie largement sur les travaux de Scheper-Hughes, qu'elle cite à plusieurs reprises (mais rien n'indique qu'elles se connaissent ou s'apprécient).

À propos du commerce des organes, Scheper-Hughes aurait déclaré: "Israël est au sommet. Il a des tentacules partout dans le monde" (Israel is at the top. It has tentacles reaching out worldwide.)

S'il est exact que des Israéliens trempent dans le commerce des organes, il est intéressant de voir une anthropologue parler des "tentacules" israéliens. L'image est pour le moins malheureuse (le thème de la pieuvre est un classique de la littérature judéophobe; se référer par exemple à l'ouvrage de Joël et Dan Kotek, Au nom de l'antisionisme, Éd. Complexe)

Quant à voir Israël au "sommet" en matière de commerce d'organes, je suis perplexe. Le communiqué de l'université de Berkeley en 1999 annonçant la création d'Organs Watch ne mentionne même pas Israël (il est par contre question de l'Afrique du Sud, du Brésil, de l'Inde, de la Chine, et des USA). Dans une longue entrevue de 2004 accordée à Three Monkeys Online (4) sur le sujet du trafic mondial des organes, Scheper-Hughes mentionne -parmi d'autres cas- un intermédiaire israélien impliqué dans un "échange" de reins entre des donneurs brésiliens (vivants) et des receveurs israéliens: Dispelling the myth. The realities of organ trafficking. Professor Nancy Scheper-Hughes in interview (novembre 2004).

En 2004 pourtant, Scheper-Hughes avait déjà dans son tiroir depuis 4 ans les déclarations du Dr. Yehuda Hiss. Israël aurait-il atteint le "sommet" entre 2004 et 2009?

La faute à la Shoah ?

Scheper-Hughes (toujours citée par Alison Weir) va un peu plus loin. Dans un exposé l'anthropologue aurait déclaré percevoir deux motivations aux trafiquants israéliens: l'appât du gain, bien sûr, mais aussi "une vengeance, une restitution - en réparation de l'Holocauste" (Revenge, restitution—reparation for the Holocaust).

Des intermédiaires -et même des médecins- israéliens (qu'elle ne nomme pas) auraient même dit à Scheper-Hughes: "c'est une sorte d'œil pour œil dent pour dent. Nous prendrons tous les reins, foies et coeurs que nous pourrons. Le monde nous le doit." (it’s kind of ‘an eye for an eye and a tooth for a tooth. We’re going to get every single kidney and liver and heart that we can. The world owes it to us)

Toujours dans le cadre de cette analyse psychologique de comptoir, l'anthropologue voit dans de simples prélèvements de peau (nécessaires pour le traitement des grands brûlés) un lourd symbole: il s'agirait de "prendre la peau de la population perçue comme ennemie" (5)

Et la clinique de greffe de cheveux de l'oncle Shlomo, c'est pour scalper l'ennemi?

Comme le dit Alison Weir dans son article, Israël est unique de bien des manières (Israel is unique in several significant ways). Unique de par l'hystérie qu'il suscite, sans aucun doute.

Propagande et vieilles rengaines

L'article de Weir ne se base pas que sur Scheper-Hughes. C'est en fait un résumé très complet de toutes les rumeurs circulant sur les Israéliens "voleurs d'organes". Elle va même jusqu'à insinuer que dans au moins un cas (celui d'Abraham Sadegat en 1968), il est possible, peut-être même probable, que le cœur ait été prélevé alors qu'il battait encore (Sadegat’s medical condition before his heart was removed has not been made public. It is possible—perhaps probable—that up until his heart was removed it was still beating)

Elle cite également l'agence de presse de la République islamique d'Iran (A 2002 news story from IRNA) et Yasser Arafat interviewé par Al-Jazeera. La citation du vieux chef est claire et correspond bien au personnage: "Ils assassinent nos enfants et utilisent leurs organes comme pièces de rechange" (They murder our kids and use their organs as spare parts)

Pour faire bon poids, Weir ajoute un petit rappel sur le "racisme" et le "chauvinisme" du judaïsme. Elle affirme ainsi que la Loi juive permet "probablement" que l'on prenne l'organe d'un non-juif innocent qui passe par là afin de sauver la vie d'un Juif. Elle affirme baser son délire sur deux rabbins. Honnête journaliste, Alison Weir écrit que "Bien qu'il soit impossible de savoir si des Israéliens ont déjà agi en fonction de ces autorisations religieuses de tuer un non-juif afin de fournir des organes à des Juifs, certains observateurs considèrent que c'est une possibilité" (While it is impossible to know whether any Israelis have ever acted on such religious permission to kill a non-Jew in order to provide body parts to Jews, some observers have considered this a possibility)

À ce stade on n'est plus très surpris de voir le nom d'Israel Shahak apparaître à l'appui de telles élucubrations (Weir mentionne son ouvrage Jewish History, Jewish Religion). Note rapide: Shahak était un chimiste israélien. Il a développé une obsession maladive envers la religion juive. Ses "travaux" servent de source à nombre de "critiques" d'Israël (voir par exemple Werner Cohn).

Des pétitionnaires pour la Vérité

En conclusion de son article délirant, qui mélange habilement informations et ragots, WRMEA invite le lecteur indigné (comment ne pas l'être?) à ajouter son nom à une pétition. Le but de la pétition est d'obtenir une enquête sur les "possibles" crimes de guerre israéliens (dans ce cas, les "vols d'organes").

Les organisateurs font bien évidemment référence à l'article de Boström et aux propos de Scheper-Hughes, parmi d'autres sources. Le soutien aux thèses de Boström est explicite: "En tant que personnes profondément concernées par les droits humains (...) nous soutenons Donald Boström et Aftonbladet dans leur décision de publier l'article 'On pille les organes de nos fils'. Nous saluons le refus du gouvernement suédois de se soumettre aux pressions israéliennes à l'encontre de la liberté de la presse. Nous appuyons les appels à une enquête et exhortons le Comité International de la Croix Rouge et autres tribunaux compétents à entreprendre une enquête fouillée et impartiale des allégations selon lesquelles les Israéliens ont illégalement pris des organes à des Palestiniens" (6)

Parmi les soutiens officiels de la pétition on retrouve If Americans Knew, d'Alison Weir.

Weir a bien évidemment signé cette pétition "pour une enquête impartiale". Elle est en 3e position sur la liste des signataires.

Mais on trouve d'autres personnes, plus ou moins intéressantes. Leurs commentaires traduisent fort bien leurs inquiétudes... et souvent aussi leurs paranoïas:

Michelle J. Kinnucan est le nom de l'auteur d'un article passionnant sur les scandaleuses célébrations entourant la fête nationale israélienne. Elle y voit une célébration triomphante du racisme et du génocide: "The Jewish Federation's triumphal celebration of racism and genocide would be a travesty anywhere but such a display of wealth and power is even more egregious in a place like the State Fair neighborhood" (Palestine Chronicle). Salut à Z-Word Blog au passage.

On trouve au moins un pasteur, Edward P., qui recommande de "rester fort" (stay strong). Le bon berger a eu jadis des soucis avec la justice dans une sombre histoire d'achats de votes lors d'une élection... des broutilles (7). D'ailleurs ses amis le disent franchement, il a été condamné parce le jury était composé de Blancs et le juge était corrompu (8).

R. E., du Texas, a signé. Il a aussi donné 400$ à la campagne de Barack Obama en 2008 (Political Contributions). Comme quoi on peut être Démocrate et parfaitement "gullible".

Darlene Wallach profite de la pétition pour écrire que "This is beyond disgusting, atrocious, dispicable! Those participating must be held accountable!". Darlene Wallach, c'est aussi le nom d'une membre de Free Gaza Activists. Avec d'autres personnes elle a pris deux fois le bateau pour "briser le blocus" de Gaza.

R.H. écrit en commentaire: "Zionist butchers!". En voilà un qui a été convaincu par la rhétorique Weirienne.

I. S. pense qu'il faut mettre un terme aux crimes sionistes: "The criminal zionists need to be stopped before many more crimes are done by them"

Selon S. Al-M., le vol d'organes est contre l'éthique, la décence et la religion "y compris le judaïsme". Il ajoute dans la foulée que c'est particulièrement honteux lorsque le vol d'organes est commis par des rabbins juifs! Le pléonasme est offert, sans frais supplémentaire (Organs theft is whither by Jews or otherwise is against any standard of decency, ethics, religions including Judaism itself, human rights. It is mean and digusting. It is shameful specially when committed by Jewish rabbis who are supposed to be, instead, a guidance to their followers)

Eleanor O. commente ainsi: "The UN pictures of White Phosphorous being dropped intentionally on civilians in Gaza by Israel last January is another crime that Israel should be prosecuted for, along with the American corporations which devise and sell such weapons. It seems this "law-abiding" nation is anything but that!" Elle peut donner des leçons en matière de ventes d'armes et d'observation des lois internationales puisqu'elle fait partie du American-Iranian Friendship Committee.

Mark Dankof laisse un commentaire de soutien assez long dans lequel il félicite ses "bons amis" Alison Weir, mais aussi Chuck Carlson de We Hold These Truths (une organisation chrétienne plutôt anti-israélienne semble-t-il): "My good friends Alison Weir of If Americans Knew, and Chuck Carlson of We Hold These Truths, are among those doing an invaluable service for the world in attempting to get at the bottom of the latest tragedy involving the State of Israel. The organ harvesting and trafficking scandal, along with the USS Liberty tragedy, the Gaza genocide, and the Pollard/AIPAC spy cases, begs the question as to how much longer American conservatives specifically, and the American public generally, will allow the Israeli lobby to operate with complete impunity in its control of the media and government of the United States. Enough is enough"

M. Dankof est animateur sur RBN Radio, auteur, activiste etc., "membre de l'aile Taft/Buchanan du Parti Républicain". Un de ses récents invités était "Dr." David Duke, extrémiste de droite, ex-membre du KKK et auteur de "Jewish Supremacism: My Awakening to the Jewish Question". Ah, le suprémacisme juif...

J'ai gardé le meilleur (?) pour la fin. En 2e position sur la liste des signataires on trouve un certain Imad Mughniyah, Beirut. Soit il s'agit d'un homonyme, soit c'est un cas de communication avec l'au-delà. Imad Mughniyah était le nom d'un chef du Hezbollah. Il a été victime d'un attentat à Damas début 2008.

Conclusion (temporaire ?)

Comme souvent, on constate que des gens intelligents, des gens qui s'engagent pour soulager les souffrances d'autrui, ne sont pas immunisés contre la bêtise; plusieurs mettent leur esprit critique en berne et adoptent une vision proprement paranoïaque dès qu'il est question d'Israël.

Des agitateurs judéophobes profitent de cette hystérie ambiante.

Le problème du prélèvement d'organes "sauvage" (qui n'implique pas nécessairement un trafic) n'est pourtant pas propre à Israël; voir par exemple cette enquête actuelle en Grande-Bretagne (The Telegraph, merci à G.)

Comme tout commerce, légal ou pas, le trafic d'organes est fondé sur l'offre et la demande. Tant qu'il y aura des pauvres et tant qu'il y aura des malades en attente d'une greffe, le commerce continuera. Autant dire qu'on n'est pas sortis de l'auberge.

Vous ne trouverez pas cette info chez les anti-"sionistes" mais des Israéliens (y compris juifs, eh oui) s'efforcent de lutter contre les trafics et l'exploitation de la misère humaine. Lire par exemple ce texte de Yaakov Lavi (orthographe alternative Jacob Lavee) sur le site de Haaretz. L'auteur est directeur de l'unité de transplantation cardiaque au Centre médical Sheba de Tel-Hashomer, en Israël (autant dire qu'Alison Weir ne signera jamais de pétition en sa faveur...)

Y. Lavi constate qu'Israël est mal placé en matière de dons d'organes. Un adulte sur dix seulement aurait une carte d'autorisation de prélèvement. Il a même rencontré des malades en attende de greffe qui lui ont confié qu'eux-mêmes refuseraient de donner les organes d'un proche, s'il venait à mourir! [Nancy Scheper-Hughes, qui peut très bien faire des observations pertinentes, pense que les pays musulmans ainsi qu'Israël ont des difficultés dans ce domaine car leurs habitants auraient souvent l'impression que le don d'organes contrevient à des préceptes religieux.]

Lavi suggère une solution originale: introduire un nouveau critère afin d'établir la liste d'attente des malades. Parallèlement aux critères médicaux habituels (qui resteraient prépondérants), il propose de prendre en considération l'attitude du patient envers le don d'organes. Toutes choses égales par ailleurs, un patient qui aurait signé -un an ou deux auparavant- une autorisation de don grimperait un peu plus haut dans la liste d'attente.

Augmenter le nombre des dons est sans doute le meilleur moyen de tarir le trafic.

Dans cette conclusion nous nous sommes bien éloignés d'Aftonbladet et de If Americans Knew. C'est normal: Jacob Lavee n'a pas encore fait don de son cerveau. Et lui il s'en sert.

Vous êtes dégoûté par le commerce des organes? Signez une autorisation de prélèvement! Ce sera cent fois plus efficace que de signer une pétition débile. Au fait, combien de personnes parmi les 500 et quelques signataires de la pétition de Weir & Cie sont des donneurs d'organes? On se le demande...


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NOTES

(1) "... in the 1990s, specialists at Abu Kabir harvested skin, corneas, heart valves and bones from the bodies of Israeli soldiers, Israeli citizens, Palestinians and foreign workers, often without permission from relatives"

(2)
Organs Watch est une organisation californienne créée en 1999. Son centre d'intérêt est le commerce des organes à travers le monde. Nancy Scheper-Hughes est un des quatre fondateurs - source Univ. de Californie, Berkeley.

(3)
The fact is, however, that Israeli organ harvesting—sometimes with Israeli governmental funding and the participation of high Israeli officials, prominent Israeli physicians, and Israeli ministries—has been documented for many years.

(4) Three Monkeys Online se présente ainsi: "
a free current affairs and arts magazine, produced by writers in Ireland, Italy, Spain and the UK. The Magazine was founded in 2004 by a small group of writers with a clear idea that internet publishing could be about more than simply gossip, conspiracy theories, and dodgy you tube videos. It doesn't have to focus on Paris Hilton. It can be about in-depth interviews, debates, intelligent opinion pieces, and reviews. We hope you enjoy our take on what an online magazine can and should be"

(5) Scheper-Hughes said that while Palestinians were "
by a long shot" not the only ones affected by the practice in the 1990s, she felt the interview must be made public now because "the symbolism, you know, of taking skin of the population considered to be the enemy, (is) something, just in terms of its symbolic weight, that has to be reconsidered." (NY Times)

(6) As people deeply concerned with human rights, we believe it is essential to listen respectfully when occupied people speak about war crimes committed against them. Therefore, we support Donald Boström and Aftonbladet in their decision to publish "Our sons plundered for their organs." We salute the Swedish government's refusal to submit to Israeli pressure and undermine the freedom of the press. We support calls for an investigation and urge the International Committee of the Red Cross, and other competent tribunals to undertake a thorough, impartial investigation of allegations that Israelis have unlawfully removed organs from Palestinians.

(7) In 2007, P. was convicted for paying people $5 to vote in a recall election for a congressional seat in Michigan's 6th District that he lost. He warned that the Lord would smite the judge who sentenced him to probation with "
consumption and with a fever and with an inflammation and with extreme burning," referring to a passage in Deuteronomy (USA Today).

(8) This conviction was made possible by a biased jury - and the corrupt Judge, courts, police, and prosecution (...) the prosecution's first victory came when an all-white, middle-class jury was selected. (Blog)

jeudi 17 décembre 2009

Explorations du vide

Afin de me distraire de lectures plus sérieuses ou tout simplement pour me changer les idées durant les périodes de gros boulot, j'aime bien feuilleter des choses un peu niaises ou légères (mais j'évite soigneusement d'acheter; il ne faut pas encourager le vice).

Par exemple Marianne, un hebdomadaire bobo dirigé par de braves gens qui se rêvent à gauche mais vivent à droite.

Marianne se prétend "anti-sarkozyste" mais colle la photo du Président (ou de ses ministres) sur chaque couverture ou presque. Ça m'amuse toujours beaucoup.

Commençons par l'édito de Maurice Szafran pour la semaine du 12 au 18 décembre: "Marianne n'a jamais dissimulé un anti-sarkozysme non pas radical -ce qualificatif ne nous convient pas- mais rigoureux." Dixit Szafran, qui ajoute "Nous nous sommes interdit la facilité de la caricature."

C'est sans doute ce noble refus de la facilité qui a poussé Marianne à titrer en couverture de ce même numéro: "Arrêtez-le! Éric Besson, l'homme le plus détesté de France".

Sacré Maurice!

En page 6 on nous apprend "la conversion de Lellouche". Il s'agit du député Pierre Lellouche, "souvent considéré comme un néoconservateur à la française". En fait de "conversion" Lellouche aurait simplement critiqué le "bétonnage de Jérusalem-Est" lors d'une entrevue. On aime les fines blagues et les clins d'œil, chez Marianne.

En page 16 Joseph Macé-Scaron nous offre une réflexion sur une récente décision "sarkozyste": l'abolition des cours d'histoire en dernière année de filière S. L'article a pour titre "Une bagatelle pour un massacre". Le texte se penche sur ce projet de réforme (l'auteur est contre, ce que je trouve insensé car une telle mesure ne pourrait qu'augmenter le lectorat de certains magazines, suivez mon regard) et discute de la réorganisation des filières (jadis C, D, E, aujourd'hui S, etc).

Quel rapport avec le pamphlet antisémite "Bagatelle pour un massacre"? Aucune idée mais à mon avis il est inutile de chercher une raison (une raison pertinente). La "bagatelle" apparaît ainsi dans le texte, sans la moindre référence: "... Voilà pourquoi nos chères élites, version génération Sarkozy, auront donc quatre heures pour parcourir au pas de charge ou au galop le XIXe et le XXe siècle, de la révolution industrielle à la chute du mur de Berlin, une bagatelle pour un massacre."

Et ça devient le titre de l'article. C'est idiot mais ça attire l'attention du lecteur. Les magazines pipole ont rarement plus d'ambition que cela.

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Puisqu'on parle de Céline... Les éditions Écriture publient, dans le cadre de leur collection "Céline & Cie", une compilation des meilleurs articles de Philippe Sollers sur ce thème. La couverture proclame "Sollers - Céline", en toute modestie.

Loin de moi l'idée de foutre au feu les bouquins de Céline. Ce genre de comportement était une caractéristique de ses anciens amis, précisément. Pour ma part je n'ai jamais pu me résoudre à lire un bouquin de ce type (je parle ici de ses "bonnes" œuvres, comme Voyage au bout de la nuit). Idem pour Drieu La Rochelle, Brasillach, "et Cie". Il y a suffisamment de grands auteurs pour s'éviter une telle épreuve.

Mais si quelqu'un choisit de lire Céline, voire de l'aimer, grand bien lui fasse. Il a d'avance ma bénédiction.

Sollers a toutefois d'autres projets qu'une simple critique (fût-elle admirative) des œuvres de cet auteur. La quatrième de couverture de son patchwork d'articles (de 1963 à 2009, mazette) commence ainsi:
Je me rappelle très bien le choc que fut la découverte de D’un château l’autre en 1957, ou de Nord, en 1960. Dès la publication d’extraits dans la NRF, j’ai senti qu’il se passait quelque chose d’essentiel. Depuis, ma fréquentation de l’œuvre de Céline n’a pas cessé. Malgré sa réputation d'infréquentable, alors que son biologisme –ainsi qu’il faudrait définir son racisme– me paraissait en total désaccord avec son génie d’écrivain, j’ai persisté à l’admirer avec constance.

Je sais que cela prendra encore un siècle ou deux, mais il faut débarrasser Céline de ses oripeaux de fou vociférant et, cela va de soi, de son antisémitisme. L'image qui prédominera alors sera celle d'un Céline enfantin. Car c'est sans doute ainsi qu'il faut le voir: un enfant innocent perdu dans un monde coupable.
Un bon coup de plumeau sur le point de détail qui dérange quelques esprits mesquins et rancuniers, et le tour sera joué. Bizarre quand même de prétendre admirer et faire connaître un auteur tout en proposant d'effacer les "bourdes" dans le CV du héros...

Selon Sollers il faudra "un siècle ou deux" pour parvenir à "débarrasser Céline de son antisémitisme". Je le trouve bien pessimiste. Au train où vont les choses, une ou deux décennies suffiront amplement.

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Le prix Nobel de la Paix 2009 a été attribué à M. Obama. C'est la première fois, à ma connaissance, que le prestigieux prix est attribué uniquement parce que le récipiendaire a gagné une élection.

On vit une époque intéressante.

samedi 28 novembre 2009

Les drôles de sympathies du mouvement séparatiste

Le mouvement nationaliste québécois a depuis longtemps les yeux de Chimène pour le nationalisme palestinien. Y compris sa composante radicale.

Mais cela va parfois très loin. Comme en France, c'est vers le Hamas et le Hezbollah que vont désormais les sympathies. On en trouve des traces là où l'on s'y attend le moins.

Par exemple dans un tout récent bouquin des éditions dites "du Québécois" intitulé "Michael Ignatieff: Imposture et ascension", de Pierre-Luc Bégin.

Le chef du Parti Libéral du Canada est une cible traditionnelle du mouvement séparatiste, M. Ignatieff n'échappe donc pas à la vindicte.

En page 105 s'ouvre un chapitre passionnant: Ignatieff et l'impérialisme.

Devinez de qui il va être question... Le chapitre s'ouvre sur la seconde guerre du Liban, que Bégin considère sans doute comme la plus marquante manifestation d'impérialisme de ces dernières années!
"Israël met le Liban à feu et à sang

En 2006 (...) Israël décidait de lancer une offensive monstre sur le Liban (...)

Rappelons les faits. Le Hezbollah s'en est pris à quelques soldats israéliens, lesquels auraient pénétré le territoire national libanais, selon le Hezbollah, violant la souveraineté de ce pays. Le Hezbollah fit prisonniers deux militaires israéliens. La revendication du Hezbollah: la libération de prisonniers détenus par Israël. Voilà le motif.

(...) Comment Ignatieff peut-il tenir le Hezbollah libanais responsable de cette dérive sanguinaire d'Israël?"
Le reste est à l'avenant.

Cette intéressante relecture de l'Histoire appelle deux remarques (on va faire court, c'est le week-end et j'ai d'autres chats à caresser):

- un mensonge répété mille fois vaut toutes les vérités du monde: le "rappel des faits" de Bégin semble obéir à ce principe, en affirmant tranquillement que les deux militaires israéliens enlevés (il omet de parler de ceux qui sont morts immédiatement durant l'attaque du Hezbollah) avaient violé la souveraineté du Liban. Bégin ne peut pourtant pas ignorer, plus de trois ans après, que la patrouille israélienne circulait du côté israélien de la frontière et que c'est le gang du Hezbollah qui a "violé la souveraineté" israélienne...

Même l'ONU s'en était rendu compte, ce qui n'est pas rien:
Le Secrétaire général adjoint aux opérations de maintien de la paix, Jean-Marie Guéhenno, a rappelé que la crise avait débuté le 12 juillet dernier, lorsque le Hezbollah a tiré des roquettes depuis le territoire libanais contre des positions des forces de défense israéliennes situées près de la localité de Zarit, de l’autre côté de la Ligne bleue. Peu après avoir pénétré en territoire israélien, des militants du Hezbollah ont attaqué une patrouille israélienne, capturant deux soldats, en tuant trois autres et faisant plusieurs blessés (Conseil de sécurité de l'ONU, 14 juillet 2006, document CS/8776).
Mais les éditions du Québécois ne voient aucun inconvénient à présenter les affabulations du Hezbollah comme crédibles et sérieuses.

- mettre la réalité cul par-dessus tête, en s'indignant que l'on puisse reprocher quoi que ce soit au Hezbollah dans les événements de l'été 2006.

Ce type de "raisonnement" est un grand classique... Encore cette semaine on pouvait voir dans l'émission "Les années Derome" une entrevue entre l'ex-journaliste vedette de Radio-Canada et un ex-membre de la cellule Chenier du Front de Libération du Québec. Cette "cellule" est connue pour avoir enlevé et assassiné le ministre du Travail (du Québec) Pierre Laporte en 1970.
Selon le sympathique "militant", Laporte est mort à cause des siens qui l'ont abandonné, à cause de la météo (pluvieuse) ou du Père Noël... bref, à cause de tout le monde sauf de ceux qui l'ont kidnappé et abattu.
Le "militant" a déclaré n'avoir jamais eu de problème avec sa conscience.

C'était un grand moment de télévision, qui aide un peu mieux à saisir l'admiration que cette mouvance peut entretenir pour les terroristes du Hezbollah & Cie.

Pierre Falardeau et Julien Poulin posent avec des jeunes alors que ce dernier brandit le drapeau du Hezbollah.
Photo David Boily, Archives La Presse

dimanche 15 novembre 2009

Ce que révèle "l'affaire Cluzet"

Les ennemis d'Israël parlent beaucoup, depuis 2-3 ans, d'un Franco-Israélien du nom de Salah Hamouri, actuellement en prison en Israël. J'en ai entendu parler pour la première fois lorsque des militants soi-disant "propalestiniens" étaient allés vandaliser une affiche de soutien aux otages du Hamas et du Hezbollah (1) érigée par la Ville de Paris dans un discret parc du XIIe arrondissement.

Voici ce qu'en a dit récemment l'acteur François Cluzet (vidéo sur Dailymotion):
[Salah Hamouri est] "en prison en Israël, pour délit d'opinion" (...) "il est en prison pour délit d'opinion, simplement parce qu'il a dit qu'il était contre les colonisations et la poursuite de la colonisation, c'est ça. Personne n'en parle".
Cluzet se trompe totalement lorsqu'il affirme, à deux reprises, qu'Hamouri est en prison "pour délit d'opinion - simplement parce qu'il était contre les colonisations".

C'est une erreur, ou plus exactement un mensonge. Aucun "délit d'opinion" n'a jamais été reproché à Hamouri dans un pays ou la divergence d'opinions semble considérée comme un loisir... Par contre il lui est reproché d'être membre du FPLP et d'avoir comploté "avec deux complices l’assassinat en Israël du grand rabbin Ovadia Yossef, chef spirituel d’un parti politique, le Shass (...) Il a reconnu les faits et plaidé coupable" (Véronique Chemla).

La propagande anti-"sioniste" n'en est pas à son premier bobard mais Cluzet n'est probablement même pas conscient qu'il s'agit d'un mensonge. Il fait sans doute confiance à celui (ou ceux) qui l'a "informé" sur le cas Hamouri et s'imagine défendre la victime d'un "délit d'opinion". Ce n'est pas la première fois qu'une célébrité se fait avoir...

Personne ne s'attend à ce qu'une vedette de cinéma ou de la chanson soit bien informée des sujets dont elle parle. Par contre l'absence de réactions du journaliste et du député est préoccupante parce que c'est leur job, à eux, d'être informés et d'informer leurs concitoyens. Or l'énorme ineptie relayée par Cluzet a été accueillie avec une totale indifférence. Le député Copé (2) ne sursaute pas lorsqu'on lui dit qu'en Israël on embastille des gens à cause de leurs opinions...

Et le mensonge peut continuer son petit bonhomme de chemin.


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(1) Gilad Shalit, Ehud Goldwasser et Eldad Regev. Les corps de ces deux derniers ont été restitués par le Hezbollah en 2008 en échange de terroristes vivants.

(2) Google enregistre les requêtes qui lui sont soumises. Pour le député Jean-François Copé il en a retenu quatre qui donnent une idée des
centres d'intérêt des internautes: "Jean-François Copé", "Jean-François Copé juif", "Jean-François Copé divorcé", "Jean-François Copé et Nadia"... tout commentaire me semble superflu.

samedi 31 octobre 2009

Wordle: un nouveau gadget

Un nouveau gadget fait fureur sur la Toile: fournissez un texte à www.wordle.net et il produira en échange une "soupe de mots" amusante, voire même instructive.

La taille des mots dépend de leur fréquence dans le texte initial.

Je m'y suis essayé, avec le discours de Barack Obama au Caire. Voici le résultat (cliquez sur l'image pour l'agrandir):

vendredi 23 octobre 2009

Le sacrifice du cavalier

L'ex-chef du parti Vision Montréal, qui avait cédé sa place à la star Louise Harel (ex-ministre, ex-députée provinciale) s'est fait prendre la main dans le pot de confiture.

Financement occulte. Des enveloppes brunes circulent. Des entrepreneurs entreprenants financent les partis sous la table en échange de contrats juteux.

Diantre, qui l'eût cru?

Monsieur Labonté a jusqu'au bout tenté de nier les faits allégués. Son chef, Louise Harel, qui mise sur son image de "chevalier blanc", lui a demandé de démissionner. Aux échecs on appelle ça sacrifier un cavalier.

Du coup Monsieur Labonté décide de dire la vérité. Enfin... ce qu'il affirme aujourd'hui être la vérité.

Elle est intéressante sa vision de la politique, à Labonté: tant qu'il était maire d'arrondissement ou dirigeant de parti, il mentait ou se taisait. C'est uniquement depuis qu'il est grillé et a quitté -contre son gré- la vie politique qu'il informe le public. Dommage qu'on ne puisse plus voter pour lui.

Labonté semble surtout vouloir entraîner dans sa chute le plus de personnes possible, tant au niveau municipal que provincial.

Son amertume se comprend parfaitement: si tous les partis sont compromis dans le "financement sectoriel" (joli nom) pourquoi devrait-il être le seul à perdre son job et sa réputation? Personnellement c'est à cette question que j'aimerais avoir une réponse. Faire payer à un seul homme les fautes partagées par bien d'autres serait le comble de l'hypocrisie.

Labonté va nous manquer, mais heureusement d'autres sont encore là pour servir le peuple.

Louise Harel, par exemple. À l'entendre le financement occulte est tout à fait hors de question, si seulement elle avait pu se douter que Benoît Labonté... ou d'autres... ah non vraiment on a abusé de sa bonne foi...

Madame Harel a été députée de la même circonscription pendant plus de 25 ans, elle a été ministre (1). C'est une quasi-fonctionnaire de la politique. Et elle ne sait rien sur le "financement sectoriel" des partis?

Attention, des pertes de mémoire peuvent être le symptôme d'un mal très sérieux.

Je réserve la palme de la fausse naïveté aux citoyens eux-mêmes. Un parti ça se finance, ça ne vit pas de l'air du temps. Croit-on vraiment que la vente de cartes d'adhérents à 10$ ou les p'tits dons de 5$ (2) ça suffit pour financer une structure, des permanents, des locaux, des campagnes électorales?

Les plus insupportables sont les abstentionnistes qui prennent pour excuse le récent "grand déballage" pour justifier leur refus d'aller voter dimanche prochain. Un petit stage de citoyenneté à Téhéran leur ferait le plus grand bien. Ça les aiderait à remettre les choses en perspective.


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(1) Elle a notamment été "Ministre d'État aux Affaires municipales et à la Métropole du 15 décembre 1998 au 30 janvier 2002", cf. site du parlement provincial.

(2) Eh oui, les dons de 5$ sont soigneusement répertoriés et identifiés par Vision Montréal! Les noms de certains entrepreneurs dont on parle beaucoup ces derniers jours n'y figurent pas... sans doute un oubli ou un retard dans la mise à jour du site.

jeudi 22 octobre 2009

Vaut une lecture

Encore une fois André Pratte analyse en quelques paragraphes et de manière limpide la stratégie séparatiste: La disparition du fédéral (La Presse, 22 octobre).
Les indépendantistes, en particulier, cherchent à faire disparaître toute trace du fédéral en territoire québécois; après les terrains devant le parlement, on réclamera les plaines d'Abraham. La présence du Bloc à Ottawa découle de la même stratégie: si les Québécois sont moins nombreux au sein du cabinet fédéral, celui-ci nous paraîtra de plus en plus étranger
Mais il met également en évidence l'attitude mortifère du Parti Libéral du Québec, qui aime jouer à la guéguerre contre le gouvernement fédéral pour draguer les voix nationalistes:
L'argument du ministre Béchard est également révélateur parce qu'il laisse entendre que le gouvernement du Canada n'est pas le gouvernement des Québécois. Un tel point de vue va à l'encontre des principes mêmes du fédéralisme. Les libéraux abdiquent ici, comme ils le font souvent, devant la thèse indépendantiste selon laquelle le gouvernement fédéral est celui d'«une autre nation».

(...) les politiciens fédéralistes sont trop couards ou trop malhabiles pour s'interposer efficacement: moins le Canada sera présent dans nos vies, plus il sera facile de s'en séparer
Autant je suis en désaccord avec Pratte lorsqu'il parle d'argent public de taxes ou d'impôts (j'y reviendrais peut-être un jour) autant il est lucide et convaincant lorsqu'il est question du lavage de cerveaux séparatiste.

samedi 17 octobre 2009

Que faire du CDH ?

Le Conseil dit "des Droits de l'Homme" de l'ONU (CDH), qui siège à Genève, n'est pas une cible facile pour les moqueurs.

Le CDH se caricature si bien lui-même, que pourrions-nous y ajouter?

Depuis plusieurs jours les médias nous rapportent que le "Rapport Goldstone" (qui présente les conclusions d'une enquête impartiale -forcément impartiale- menée par le juge sud-africain Richard Goldstone) accuse Israël et des "militants palestiniens" d'avoir commis des crimes de guerre, voire même des crimes contre l'humanité, durant l'offensive israélienne dans la bande de Gaza en décembre-janvier.

Les événements récents se chargent de prouver que cette prétendue neutralité, qui renvoie dos à dos Israéliens et "militants palestiniens", n'est qu'hypocrisie: ce sont bien les Israéliens, eux seuls, qui sont aujourd'hui condamnés par le Conseil dit "des Droits de l'Homme", sous les applaudissements de l'AP et du Hamas (voir par exemple cet article de La Presse).

Oh bien sûr, le digne Conseil (composé des représentants de 47 pays) se penche aussi sur d'autres sujets très généraux, comme l'eau potable, le droit d'avoir un avocat, l'éducation des enfants, ou des cas parfois très particuliers comme Aung San Suu Kyi ("Aux termes d'une résolution sur Aung San Suu Kyi et autres prisonniers politiques au Myanmar (A/HRC/12/L.32), adoptée sans vote, le Conseil se déclare vivement préoccupé par la récente condamnation de Daw Aung San Suu Kyi et demande sa libération immédiate et sans conditions" - communiqué de presse du 2 octobre 2009).

Mais il faudra se lever tôt pour voir le CDH sortir de ses gonds sur un autre sujet que "l'occupation israélienne":
CONSEIL DES DROITS DE L'HOMME: SESSION EXTRAORDINAIRE SUR LA SITUATION DES DROITS DE L'HOMME DANS LE TERRITOIRE PALESTINIEN OCCUPÉ

21 janvier 2008
Le CDH ne cache d'ailleurs pas quel est l'ennemi public numéro 1 car ce communiqué de presse précise immédiatement que :
"Cette session, convoquée à la demande du Groupe des États arabes et de l'Organisation de la Conférence islamique, sera la sixième session extraordinaire du Conseil des droits de l'homme depuis sa création en juin 2006, et la quatrième liée à des incursions militaires israéliennes"
Quatre sessions spéciales sur six consacrées à Israël... une obsession extraordinaire, en effet, et ça continue :
LE CONSEIL DES DROITS DE L'HOMME TIENT UNE SESSION EXTRAORDINAIRE SUR LA SITUATION DANS LE TERRITOIRE PALESTINIEN OCCUPÉ LE 15 OCTOBRE

13 octobre 2009

"Cette douzième session extraordinaire du Conseil des droits de l'homme est convoquée à la demande de la Palestine, appuyées [sic] par les 18 États membres suivants du Conseil: Bahreïn, Bangladesh, Bolivie, Chine, Cuba, Djibouti, Égypte, Gabon, Indonésie, Jordanie, Maurice, Nicaragua, Nigéria, Pakistan, Philippines, Qatar, Arabie saoudite et Sénégal"
Note perso: j'attends de voir une session extraordinaire "convoquée à la demande du Tibet"... ça ne risque pas de se produire puisque selon le CDH le Tibet n'existe pas.

D'autres pays ont parfois le privilège d'une session "extraordinaire". Ainsi le Sri Lanka en 2009, mais admirons les précautions de la résolution adoptée par le CDH à cette occasion, tout en rappelant que le nombre de victimes civiles au Sri Lanka est de très loin supérieur à ce qu'on a pu voir dans la bande de Gaza en décembre-janvier (même si l'on accepte les statistiques fournies par le Hamas) :
Réaffirmant le respect de la souveraineté, de l’intégrité territoriale et de l’indépendance de Sri Lanka, et ses droits souverains de protéger ses citoyens et de lutter contre le terrorisme,

Condamnant toutes les attaques lancées par les Tigres de libération de l’Eelam tamoul contre la population civile et leur pratique consistant à utiliser les civils comme boucliers humains, (...)

Accueillant avec satisfaction la cessation des hostilités et la libération par le Gouvernement sri‑lankais de dizaines de milliers de citoyens retenus en otage par les Tigres de libération de l’Eelam tamoul, ainsi que les efforts du Gouvernement pour assurer la sécurité et la sûreté de tous les Sri‑Lankais et pour instaurer une paix permanente dans le pays, (...)

Encouragé par l’assistance humanitaire de base, en particulier, l’eau potable, l’assainissement, la nourriture et les services médicaux et de soins de santé que le Gouvernement sri‑lankais, avec l’aide d’organismes des Nations Unies, a apportée aux personnes déplacées, (...)

2. Se félicite de la volonté constante de Sri Lanka de promouvoir et de protéger tous les droits de l’homme et l’encourage à continuer de respecter ses obligations dans le domaine des droits de l’homme et les normes du droit international des droits de l’homme; (...)

6. Encourage le Gouvernement sri‑lankais à continuer de persévérer dans ses efforts en faveur du désarmement, de la démobilisation et de la réadaptation des anciens enfants soldats (...)

12. Prie instamment la communauté internationale de coopérer avec le Gouvernement sri‑lankais dans les efforts de reconstruction (...)

Résolution adoptée par 29 voix contre 12, avec 6 abstentions, à l’issue d’un vote enregistré. Les voix se sont réparties comme suit:

Ont voté pour: Afrique du Sud, Angola, Arabie saoudite, Azerbaïdjan, Bahreïn, Bangladesh, Bolivie (État plurinational de), Brésil, Burkina Faso, Cameroun, Chine, Cuba, Djibouti, Égypte, Fédération de Russie, Ghana, Inde, Indonésie, Jordanie, Madagascar, Malaisie, Nicaragua, Nigéria, Pakistan, Philippines, Qatar, Sénégal, Uruguay, Zambie;
C'est virulent, hein? Ah on ne mâche pas ses mots, à Genève.

Comparons avec la toute chaude conclusion de la session spéciale du Conseil dit "des Droits de l'Homme" datée du 16 octobre 2009:
COUNCIL CONCLUDES SPECIAL SESSION AFTER ADOPTING A RESOLUTION CALLING FOR THE IMPLEMENTATION OF THE RECOMMENDATIONS IN THE GOLDSTONE REPORT

16 October 2009

The Human Rights Council concluded its twelfth Special Session today after adopting a resolution that focused on continuing violations of human rights by Israel in the Occupied Palestinian territories, in particular in East Jerusalem, and endorsed the recommendations set out in the reports of the Fact-Finding Mission to Gaza led by Justice Goldstone and by the High Commissioner for Human Rights, and called for their implementation

In its resolution, which was adopted by a vote of 25 in favour, six against, and 11 abstentions, the Council strongly condemned all policies and measures taken by Israel, the occupying Power (...)

Ont voté pour: Argentina, Bahrain, Bangladesh, Bolivia, Brazil, Chile, China, Cuba, Djbouti, Egypt, Ghana, India, Indonesia, Jordan, Mauritius, Nicaragua, Nigeria, Pakistan, Philippines, Qatar, Russia, Saudi Arabia, Senegal, South Africa, Zambia.
Ah, tiens, où sont passés les "militants palestiniens" épinglés par le rapport Goldstone? Et depuis quand Jérusalem dite "Est" est-elle située dans la bande de Gaza? Bah, le CDH a simplement fait d'une pierre deux coups et a utilisé la publicité faite au rapport Goldstone pour faire passer ses habituels messages sur la "Puissance occupante" (occupying Power).

22 pays ont signé à la fois la calme et posée résolution "contre" le Sri Lanka et celle endossant le rapport Goldstone contre Israël: Afrique du Sud, Arabie Saoudite, Bahreïn, Bangladesh, Bolivie, Brésil, Chine, Cuba, Djibouti, Égypte, Russie, Ghana, Inde, Indonésie, Jordanie, Nicaragua, Nigéria, Pakistan, Philippines, Qatar, Sénégal, Zambie. Ils devaient être en rupture de stock de verveine le 15 octobre.

Le CDH reprend sans hésiter ni rougir la propagande palestinienne la plus paranoïaque, voir ce passage sur les prétendues excavations "dans, aux alentours de" et "sous" la mosquée Al-Aqsa et "ses environs":
It also condemned the recent Israeli violations of human rights in Occupied East Jerusalem, particularly (...) the continuous digging and excavation works in and around Al-Aqsa mosque and its vicinity. The Council demanded that Israel (...) immediately cease all digging and excavation works and activities beneath and around Al Aqsa Mosque
Pour poursuivre la comparaison avec la résolution sur la guerre civile au Sri Lanka :
The Council also condemned the non-cooperation by Israel with the Independent International Fact-Finding Mission established by its resolution S-9/L.1.
Ce passage semble indiquer que l'important, pour le Conseil, n'est pas le nombre de victimes mais la largeur des sourires des gouvernements concernés et le nombre de pâtisseries offertes lors des réceptions des éminences onusiennes.

Au vu des obsessions du Conseil je doute toutefois qu'un dirigeant Israélien, même le plus parfait des hôtes et le plus courtois des diplomates, puisse un jour être jugé digne de mériter une résolution aussi aimable et positive que celle rendue à propos du Sri Lanka (ou de n'importe quel autre pays).

Finalement, que doit-on faire du CDH?

Rien. Absolument rien. Le Conseil dit "des Droits de l'Homme" remplit déjà parfaitement sa fonction: servir de cache-sexe aux pays membres et leurs amis. Sans oublier d'agiter régulièrement l'épouvantail israélien pour nous convaincre de sa détermination à protéger les droits de l'Homme...


Update
Richard Goldstone trouve que le CDH pousse le bouchon un peu loin. Il a exprimé des réserves dans une entrevue avec Le Temps (journal suisse) : Richard Goldstone déplore la récupération politique de son rapport. L'article du Temps est en accès payant.

Haaretz résume le point de vue du juge sud-africain : Richard Goldstone slams UN for failing to censure Hamas.
South African jurist Richard Goldstone, who headed a UN investigation commission into the conduct of Israel and the Palestinian group Hamas during Israel's offensive in Gaza last winter, criticized on Friday the United Nations Human Rights Council's decision to endorse the report his commission had compiled.

Goldstone, whose report accused both Israel and Hamas of committing war crimes, lamented the wording of the resolution adopted by the UN Human Rights Council on Friday, because unlike the report, he said, the draft does not include any condemnation of Hamas, Israel Radio reported.

Goldstone told the Swiss newspaper Le Temps before the vote that the wording of the resolution was unfortunate because it included only censure of Israel. He voiced hope that the Human Rights Council would alter the wording of the draft
D'aucuns feront remarquer qu'un rapport biaisé ne pouvait que susciter de telles récupérations...

samedi 10 octobre 2009

Il faut signer la Constitution

Je suis d'accord avec Jean Allaire sur un point: le Québec doit signer la Constitution.

Par contre je suis opposé à l'idée d'imposer des conditions préalables à cette signature, surtout lorsqu'on regarde les conditions proposées par M. Allaire.

La reconnaissance de la nation québécoise, par exemple.

Ce genre de reconnaissance est une boîte de Pandore, car il n'y a pas que les "Québécois francophones de souche" qui pourraient ou voudraient se définir comme une nation. Or les fondateurs du Canada n'ont pas voulu créer un sac de confettis, mais un pays.

Ensuite, il existe des francophones ailleurs qu'au Québec. Reconnaître une nation québécoise les isolerait encore un peu plus (sans compter l'accroissement de l'isolement du Québec lui-même, qui ne ferait plaisir qu'aux séparatistes).

Enfin, accorder un statut constitutionnel à la "nation québécoise" poserait un problème à ceux, au Québec (y compris nés au Québec) qui ne se reconnaissent pas dans le nationalisme québécois. Un tel amendement à la Constitution officialiserait la dichotomie entre les "vrais Québécois", et les autres.

Tant que cette dichotomie n'existe que dans les discours des séparatistes il est possible de s'en accommoder, supporter l'injure et serrer les dents. Mais si la Constitution devait adopter un tel point de vue les choses deviendraient très différentes.

Il faut mettre un terme à ce long psychodrame qui ne sert que les intérêts des séparatistes.

Il faut signer la Constitution.

dimanche 4 octobre 2009

Encore un boycott? No, it's a BUYcott!

Si vous êtes, comme moi, lassé de voir à tous les coins de rue des campagnes de boycott contre "l'État raciste", "l'entité", "le cancer", "la tête de pont de l'impérialisme occidental", "le régime d'apartheid", "l'USraël", bref si vous en avez ras le bol de ces déchaînements de haine récurrents contre l'unique État juif au monde, vous serez sans doute intéressé par cette initiative canadienne:

Buycott Israel est née en avril 2009 et s'est déjà illustrée dans deux opérations de contre-boycott à Vancouver et Toronto. Ses parrains et marraines sont le Comité Canada-Israël, le Canadian Jewish Congress, et les communautés juives de Vancouver et Toronto.

Dans le cas du vin israélien boycotté dans un magasin du Grand Toronto, des courriels ont circulé: plutôt qu'acheter du vin n'importe où, des buycotteurs sont allés se fournir dans le magasin ciblé par les militants "antisionistes". Résultat: le stock de vin israélien a rapidement été vendu.

L'appel au boycott s'est transformé en succès commercial pour le produit visé.

Pour le moment Buycott Israel est encore dans une phase de construction. Leur premier objectif est de se constituer une base de contacts suffisamment large. Ces contacts pourront à la fois servir d'informateurs sur les innombrables campagnes de boycott "antisionistes", mais surtout agir en tant que consommateurs éclairés: les buycotteurs.

Plus d'information dans cet article du JPost.

Que vaut un homme?

On savait déjà que, selon le Hamas, un Juif valait plusieurs centaines d'Arabes:
Another senior Hamas official in Damascus told a Qatari newspaper, Al-Arab, that a prisoner swap involving Shalit will be consummated "soon."

According to Israel Radio, the official told Al-Arab that Israel will release 1,000 Palestinian prisoners - 550 of whom are affiliated with Hamas while the remainder belong to various Palestinian factions (Haaretz, 3 octobre 2009)
Taux de change surprenant venant d'une organisation pourtant peu suspecte de philosémitisme...

Mais que faire pour des chiffres plus modestes? Que vaudraient vingt Palestiniens, par exemple?

Là encore le Hamas nous apporte sa réponse. Vingt Palestiniennes valent une cassette vidéo:
Israël a rajouté deux femmes hautement dangereuses dans la liste des 20 Palestiniennes libérées aujourd'hui (...) En échange de ces libérations en série, l'Etat hébreu doit recevoir une vidéo du Hamas, prouvant que Guilad Shalit, le soldat israélien capturé en 2006, est toujours en vie (JPost, 4 octobre)
En échange d'hommes, le Hamas aurait-il fourni un Blu-Ray? Pour le savoir, il suffit d'attendre que le mouvement terroriste procède à de nouveaux enlèvements, comme son chef l'a promis encore récemment: Hamas vows to try to kidnap more IDF soldiers (Haaretz, 2 octobre).

Croisons donc les doigts, deux fois: une fois pour la libération de Gilad Shalit, une deuxième fois pour que, parmi les centaines de prisonniers qui seront libérés par Israël, aucun ne reprenne du service pour le compte d'une milice terroriste.

* * *

Voici le contenu de la vidéo fournie par les "autorités" de Gaza. C'est très court.

Traduction de l’hébreu par M. Macina, pour l’Upjf (http://www.upjf.org/actualites/article-17221-143-7-qu-dit-cher-gilad-shalit-video-filmee-hamas-ysh.html):
« Shalom, je suis Gilad Shalit, fils de Aviva et Noam Shalit, frère de Hadas et Joël, habitant à Mitzpeh Hilla, Numéro de carte d’identité xxxxxxxxxx. Aujourd’hui, lundi 14 septembre 2009.

Comme vous pouvez le voir, j’ai en main un journal palestinien de ce jour, 14 septembre 2009, publié à Gaza.

Je lis ce journal pour y trouver l’information me concernant, et j’espère y trouver une indication quelconque sur ma libération et mon retour prochain à la maison.

Il y a longtemps que j’attends et désire ardemment le jour où je serai libéré.

J’espère que le gouvernement actuel dirigé par Benjamin Netanyahu ne gâchera pas cette opportunité de conclure l’accord et qu’en conséquence, je pourrai enfin réaliser mon rêve et être libéré.

Je veux transmettre mon bonjour à ma famille et leur dire que je les aime, qu’ils me manquent beaucoup, et que j’aspire au jour où je les reverrai.

Papa, Yoël et Hadas, vous souvenez-vous du jour où vous êtes venus à ma base de Ramat Ha-Golan, le 31 décembre 2005 - laquelle, si je ne m'abuse, s’appelle Revaya B ? Nous avons fait une promenade autour de la base et vous m’avez photographié sur un char Merkava et sur l'un des vieux chars à l'entrée de la base.

Après quoi, nous sommes allés (en voiture) au restaurant dans un des villages druzes et, en chemin, nous nous sommes pris en photo sur le bord de la route, avec en toile de fond le Hermon enneigé.

Je tiens à vous dire que me sens bien sur le plan santé. Les mudjahidin des Brigades Ezzedim al-Kassam me traitent parfaitement.

Merci beaucoup et au revoir. »

samedi 3 octobre 2009

Selon que vous serez puissant ou misérable...

S'il est une chose agaçante en ce monde, c'est lorsqu'une corporation serre les rangs autour d'un délinquant. Célèbre et couvert d'honneurs, le délinquant, de préférence.

Que l'on m'explique par exemple pourquoi l'artiste Patrick Font a été marqué du seau éternel de l'opprobre, abandonné de presque tous bien qu'il ait "payé sa dette à la société" comme on dit, alors que le fugitif Roman Polanski a, lui, été aidé durant sa longue cavale et se voit aujourd'hui entouré d'un rempart de saltimbanques de luxe.

Trop popu, Font? Trop provincial? Il doit bien y avoir une raison pour que l'un soit traité comme un pestiféré alors qu'on se bat pour arpenter les tapis rouges en compagnie de l'autre. Est-ce une affaire de talent? Un Oscar pour oublier le sédatif, un César pour absoudre la sodomie? Pas de statuette dorée, pas de pardon, quand bien même on aurait purgé sa peine?

Que l'on me cite un violeur de mineur(e) fauché et/ou anonyme, un seul, qui aurait bénéficié d'une telle complicité internationale durant trente années, et qui verrait un ministre s'emporter publiquement contre ceux qui s'efforcent de le faire juger et ainsi clore l'affaire une bonne fois pour toutes.

Bien sûr, on peut aimer Polanski, peut-être surtout ses films; pourquoi d'ailleurs le haïrait-on alors que sa victime a passé l'éponge? Bien sûr, on doit souhaiter un dénouement rapide et équitable pour tous, y compris pour l'accusé. Mais dénouement il y aurait eu depuis longtemps si le prévenu n'avait pas choisi de fuir son pays et ses juges. Et si une peine légère est appliquée, qu'elle soit fondée sur le droit et non pas sur l'épaisseur du carnet d'adresses de l'agresseur.

Ce qui est ahurissant dans cette affaire ce n'est pas que Polanski ait opté pour la fuite et refait sa vie ailleurs. Chacun sa stratégie de défense après tout. Ce qui est scandaleux et proprement immoral c'est que l'on attend du citoyen "de base" qu'il respecte la justice, qu'il se plie aux lois (concernant les droits d'auteurs par exemple...) y compris celles qu'il ne connaît pas car nul n'est censé ignorer la loi, tandis que le gratin se mobilise pour exiger qu'un des leurs en soit définitivement exempté.

Il ne leur manque que la perruque poudrée. La mentalité d'ancien régime, la morgue aristocratique, le mépris de la plèbe, ils l'ont déjà.

* * *

Lecture conseillée: le billet d'Eolas consacré à cette pathétique affaire. Voilà un avocat qui ne se fera pas beaucoup d'amis sur la Croisette; ce n'est pas très grave car les avocats "fréquentables" ne manquent pas, dieux merci.

Extrait du billet d'Eolas:
"Je trouve honteux d’entendre des artistes qui il y a quelques semaines vouaient aux gémonies les téléchargeurs et approuvaient toute législation répressive et faisant bon cas de droits constitutionnels pour sanctionner le téléchargement illégal de leurs œuvres crier au scandale quand c’est à un des leurs qu’on entend appliquer la loi dans toute sa rigueur. Quand on sait que pas mal de téléchargeurs ont dans les treize ans, on en tire l’impression que les mineurs ne sont bons à leurs yeux qu’à cracher leur argent de poche et leur servir d’objet sexuel. Comme si leur image avait besoin de ça. Et après ça, on traitera les magistrats de corporatistes."
Pour plus de détails sur l'attitude de la caste artistique ou les déclarations scandaleuses de certains politiques, n'importe quel journal français fera l'affaire.

Update
Polanski, une victime? de Lysiane Gagnon, et La pédophilie politiquement correcte par Yves Boisvert. Ils mettent bien en évidence le "deux poids deux mesures" réclamé par certains. Le ministre parisien de la Culture ainsi que quelques autres bonnes consciences n'ont rien à craindre des frimas qui approchent, les voilà habillés pour l'hiver...

La liste des signataires contre "l'Amérique qui fait peur" (aux violeurs d'enfants?) sur le site de la SACD (Société des Auteurs et Compositeurs Dramatiques).

En comparaison de la grande compassion de la SACD pour un violeur de gamine en cavale, regardez un peu leur attitude face à la reproduction des œuvres des artistes (la SACD représente ses membres, auteurs et compositeurs, auprès des diffuseurs; elle perçoit les versements et les répartit ensuite entre les adhérents, en gardant un petit pourcentage au passage): Loi Création et Internet, ou encore la copie privée.

Si quelqu'un a vu, un jour, une pétition organisée par la SACD pour demander l'élargissement d'un gamin coupable de téléchargement, qu'il me fasse signe!

jeudi 1 octobre 2009

Ces accouplements qui menacent Montréal

Pierre Curzi, député péquiste (donc séparatiste) élu au parlement provincial à Québec, porte-parole de l'opposition officielle en matière de langue, s'inquiète beaucoup pour l'avenir de Montréal.

L'affaire est tellement grave que La Presse et Le Devoir publient aujourd'hui une fulgurante analyse du député. On peut la lire sur le site Internet du Devoir: Protégez le français, revenez sur votre île! (Montréal est située sur une île bordée par le Saint-Laurent au sud et la rivière des Prairies au nord.)

Que nous dit le député? "L'anglicisation de Montréal est un phénomène qui me préoccupe grandement."

Bon, certes, Pierre Curzi est du genre à se sentir menacé par la venue d'un chanteur anglophone (Paul McCartney) lors des festivités organisées pour les 400 ans de la ville de Québec... Mais tout de même, en tant que Montréalais francophone, je me sens concerné par son cri d'alarme. Oui, je suis tout disposé à m'inquiéter comme "près de 90 % des Québécois francophones [qui] estiment que la langue française est menacée à Montréal". C'est un sondage Léger-Marketing qui l'affirmait en juin 2009. Si des sondés à Joliette, Rimouski, Gaspé ou Chicoutimi "estiment" que la langue française "est menacée à Montréal", c'est que c'est vrai. Le fait que les séparatistes chantent cette rengaine depuis des années n'a probablement aucune influence sur l'opinion des sondés.

Mais diantre! Je vis depuis six ans à Montréal et je n'avais pas remarqué cette satanique vague anglobeurk. Pierre Curzi (plus exactement la source sur laquelle il se fonde) est formel: "Dans les faits, le poids démographique des individus de langue maternelle française recule sans cesse à Montréal depuis 40 ans. Il est passé de 61 % en 1971 à 50 % en 2006".

Aïe. Je commence déjà à me sentir un peu angoissé, même si le député oublie de préciser sa source.

Si on accepte les chiffres fournis par le député péquiste, pourquoi le nombre d'individus de langue maternelle française baisse-t-il à Montréal?

C'est tout bête: de plus en plus de francophones vont s'acheter un pavillon en banlieue. Les rats quittent le navire, tabarouette! Ils s'échappent par les ponts! Plutôt que vivre en vrais patriotes dans un 4 1/2 dont le loyer s'envole et faire barrage à la (prétendue) vague anglophone, ils préfèrent investir dans une bicoque dans des municipalités où il y a déjà 95% de vrais Québécois-de-souche! Quel gâchis...

Or un individu "de langue maternelle française" qui s'installe à Brossard ou Laval, c'est bien plus qu'un -1 dans les statistiques. Pierre Curzi a très bien vu le péril mortel qui menace notre ville: un Franco qui s'en va, c'est un Franco qui n'entre plus "en contact quotidiennement avec les allophones" (1).

Et que va faire un allophone ainsi privé du "contact quotidien" avec nos Tremblay, Gagné, Gagnon, Laliberté, Lafleur, Choquette et Paquette? Il va céder aux tentations du diab', asti! "Les allophones ont donc le choix et la possibilité de vivre dans les deux cultures. D'ailleurs, un allophone sur deux vit dans la culture anglophone à Montréal", nous dit le député.

On ne dira jamais assez le danger pernicieux que cachent "le choix" et "la possibilité". Heureusement Pierre Curzi et son parti sont là pour nous alerter sur la face cachée de ces diaboliques concepts.

Mais il y a pire encore que l'emprise anglobeurk sur l'esprit de nos concitoyens allophones. Les Anglos ne se contentent pas de profiter honteusement de la défection des Tremblay, Gagné, Gagnon, Laliberté, Lafleur, Choquette et Paquette pour leur bourrer le crâne avec Corner Gas et Little Mosque on the Prairie, oh que non!
[Le] risque de transfert linguistique intergénérationnel vers l'anglais [devient] exponentiel s'il y a union avec un ou une anglophone. Donc, moins il y a de francophones sur l'île de Montréal, plus les allophones vont fonder des familles avec des anglophones. Si l'on veut que les allophones s'intègrent majoritairement à la culture francophone, nous devons vivre avec eux et nous devons être nombreux à le faire!
C'est pas de l'analyse ça?

Après le choix et la possibilité de regarder des conneries en anglais plutôt qu'en français à la télé, voici donc un autre terrible danger: les étalons francophones étant hors de portée en banlieue (franchir un pont, tu penses, ça te casse la libido) la femelle allophone, poussée par d'impérieux instincts naturels, est désormais tentée de s'accoupler avec le premier Anglo qui passe. Les petits issus de cette union sont alors assimilés par l'ennemi. Damned!

Et voilà comment Montréal descend doucement dans sa tombe... Sérieusement, ça ne vous plonge pas dans des affres d'angoisse? Ça ne vous fait pas suer de peur? Moi si! D'ailleurs dès demain j'adhère au Parti Québécois et j'engrosse j'épouse une immigrante allophone. Un utérus de moins pour les Anglais, et toc.

Et elle est là, la solution! Les Tremblay, Gagné, Gagnon, Laliberté, Lafleur, Choquette et Paquette sont priés de rapatrier leurs gonades sur l'île, et fissa: "Il faut travailler au développement des politiques pour garder sur l'île de Montréal les francophones qui y habitent déjà et créer les conditions de retour vers Montréal pour les francophones souhaitant y demeurer".

J'ai hâte de voir les propositions que ne manquera pas de faire le député péquiste. Comment limiter "le choix" et "la possibilité" des habitants de l'île, bref, comment restreindre les libertés des Montréalais en matière de lieu d'habitation, de biens culturels voire de partenaires sexuels? Instaurer des taxes en fonction de la langue maternelle des habitants? Des péages sur les ponts? (Devront payer les francophones qui sortent de l'île et les anglophones qui veulent y entrer.)

Quel suspense!

* * *

Pour finir, la question que tout le monde se pose (surtout les Français et les Belges): ils sont payés pour pondre ce genre d'analyses, les députés québécois? La réponse est oui, et plutôt bien (sans oublier les petits à côté).


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(1) Le terme "allophone" désigne une personne dont la langue maternelle n'est ni le français ni l'anglais.

vendredi 25 septembre 2009

Discours de Kadhafi

À lire sur le blog de Malka Marcovich: Le programme politique de la Libye, présidente de l'Assemblée Générale.

Il ne s'agit que de courts extraits d'un discours de plus d'une heure trente, mais on y trouve de multiples "trésors" de la Pensée du Guide.

Où donc de nos jours, ailleurs qu'à la tribune de l'ONU (ou au sein de sa plus récente métastase: le Conseil dit "des Droits de l'Homme" à Genève), peut on entendre autant de dictateurs faire l'éloge de la démocratie... pour les autres? "Les Palestiniens. La solution est un pays démocratique pour les palestiniens et les juifs. Une solution de deux états n'est pas pratique. (...) La solution est un état démocratique arabe sans fanatisme religieux. "

jeudi 24 septembre 2009

Discours du sous-chef iranien: le Canada boycotte

Une traduction en français du discours du président iranien M. Ahmadinejad est disponible sur le site de l'UPJF.

Antisémitisme et négationnisme étaient au menu; un discours classique de la part d'un despote en second (1) qui n'a pas grand-chose à perdre. Selon Le Figaro, M. Ahmadinejad a "joué la provocation" (voir aussi la vidéo, en anglais, sur la page du Figaro):
Une douzaine de délégations [dont le Canada! La France et les USA se sont également abstenus] a quitté cette nuit à New York la salle de l'Assemblée générale de l'ONU pour protester contre le discours du président iranien, jugé antisémite.
D'après Le Figaro et La presse canadienne, le "parterre était à moitié vide" à la fin du discours du président iranien.


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(1) Au-dessus de lui se trouve le Leader "spirituel", Ali Khamenei, successeur de Khomeyni.

mercredi 23 septembre 2009

Egypte 0 - Libye 2

Farouk Hosni, candidat égyptien au poste de big boss de l'UNESCO, n'obtiendra pas le poste convoité.

C'est la Bulgare Irina Bokova qui devient directrice générale de l'organisme international.

Le perdant y voit la main de "vous-savez-qui":
Unesco: l'Egypte blâme le "lobby juif" (Le Figaro)

Le quotidien Al-Ahram al-Messai (gouvernemental) attribue cet échec cuisant à "des attaques indignes de la part d'intellectuels juifs en France" et aux efforts de sape "de l'ambassadeur américain à l'Unesco ainsi que des médias sionistes en Europe et aux Etats-Unis".
La direction de l'Unesco échappe à Farouk Hosni (AFP / La Presse)

[Farouk Hosni] était accusé de prises de position antisémites et anti-israéliennes, ainsi que d'appartenir à un régime pratiquant la censure. Il lui est notamment reproché d'avoir déclaré en 2008 devant le Parlement égyptien qu'il brûlerait «lui-même» les livres en hébreu qu'il trouverait dans les bibliothèques du pays.

M. Hosni avait assuré «regretter» ces paroles selon lui sorties de leur contexte, et démenti tout sentiment antisémite (...)

Quant à Israël, il avait levé en mai son opposition à [la candidature de M. Hosni] après une rencontre entre le Premier ministre Benjamin Netanyahu et M. Moubarak.
Egyptian minister blames Jews for UNESCO loss (Ynetnews)

Egypt's culture minister on Wednesday blamed a conspiracy "cooked up in New York" by the world's Jews for keeping him from becoming the next head of the UN's agency for culture and education (...)

"It was clear by the end of the competition that there was a conspiracy against me," Hosny told reporters (...)

"There are a group of the world's Jews who had a major influence in the elections who were a serious threat to Egypt taking this position," he said.
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Update
Unesco : la colère égyptienne (Le Figaro). Les opinions en provenance d'Égypte sont assez peu nuancées: "choc des civilisations", mépris du "Nord" envers un représentant du "Sud", complot du "lobby sioniste", sans oublier le très classique: "est-il possible de critiquer Israël et d'accéder à un poste de responsabilité au niveau international ?"
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Pendant que le ministre égyptien de la Culture se remettait tant bien que mal des intrigues du complot juif international, le Guide libyen faisait son grand retour au sein l'Assemblée générale de l'ONU.

Il a fêté l'événement en infligeant un discours-fleuve aux malheureux délégués (heureusement que les iPod et autres jouets miniaturisés existent).

Gaddafi blasts big powers in UN speech (Ynetnews)

Tout grand homme a au moins une réforme sous le coude. Le Roi des rois (1) ne fait pas exception:
Gaddafi called for a reform of the Security Council – abolishing the veto power of the five permanent members – or expanding the body with additional member states to make it more representative.
C'est une idée intéressante. On pourrait par exemple diviser la Libye en dix États indépendants, chacun dirigé par un membre de la famille du Guide, ça aiderait à rendre l'Assemblée plus "représentative".

Mais les agents du "complot" ne désarment pas et s'acharnent contre les hommes de vertu (2):
While the Libyan leader spoke, hundreds gathered outside the UN Headquarters to protest the speech. The demonstrators carried signs with Gadhafi's picture saying 'Terrorist' and 'Murderer'.

Many were protesting his presence in New York due to his welcoming of the 'Lockerbie terrorist' back into Libya.
Cela fait deux beaux succès pour la Libye en peu de temps: la libération du terroriste responsable de l'attentat de Lockerbie et son accueil triomphal dans son pays, et le retour du Roi des rois à l'ONU.

Le "Machin" ne s'améliore guère avec le temps. Mais au moins aura-t-on de plus nombreuses occasions de se taper sur les cuisses. Si seulement Fidel Castro pouvait se remettre et rejoindre MM. Kadhafi, Ahmadinejad et Chavez sur la grande scène la tribune de l'Assemblée générale, la troupe serait au complet.


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(1) Gaddafi, introduced as the "king of kings" by his countryman and assembly president Ali Treki (Ynetnews)

(2) et en prime des riverains ne veulent pas de sa "tente" dans leur voisinage (Le Figaro)