dimanche 9 août 2009

Amour de la justice, ou bien haine des "sionistes"?

Tout d'abord un petit résumé: le gang responsable du rapt, de la torture, puis de la mort d'Ilan Halimi a été jugé en France. Dans plusieurs cas les juges ont attribué des peines plus légères que celles réclamées par le procureur, ce qui a vivement ému la famille. Le ministre de la Justice, Madame Alliot-Marie, a demandé au Parquet de faire appel de ces sentences "trop légères".

Voici la réaction de la prétendue "Union juive française pour la paix" (1), à propos de la décision de la ministre de la Justice (communiqué émis le 23 juillet) :
On ne saurait admettre les pressions communautaristes du CRIF et d’autres associations juives confondant justice et vengeance
et un peu plus loin :
Les parties au procès peuvent, comme le ministère public, faire appel du jugement. C’est leur droit. Telle n’a pas été la suite des évènements : des instances communautaires conduites par le CRIF ont fait pression, avec le relais de médias, pour que la ministre de la Justice, représentant le gouvernement, fasse appel. Elle s’est exécutée.
le tout se termine par une autre accusation particulièrement perverse:
Car dans les suites du verdict nous assistons à une double régression : il en va d’abord de l’indépendance de la justice par rapport au pouvoir politique, mais également des valeurs de la République qui devraient s’opposer au communautarisme, « ethnique » et pro-israélien, du CRIF qui ne peut que renforcer l’antisémitisme en France.
En résumé:

1) le CRIF et "autres organisations juives" donnent leurs ordres -via les médias- à la ministre de la Justice, qui s'exécute...

2) ce sont les actions des "communautaristes" ethniques et pro-israéliens qui suscitent l'antisémitisme en France (2)

Ce dernier point me rappelle fortement la réaction que la bonne société réservait aux victimes de viol, jadis. Le viol, c'était la faute des jupes trop courtes, la faute du maquillage, bref la faute de la femme, cette éternelle Jézabel, aguicheuse impénitente, qui mène de pauvres hommes à leur perte.

En 2009, si quelqu'un s'avisait d'afficher une telle opinion sur la culpabilité des femmes violées il se ferait -au minimum- rire au nez. Accuser les "communautaristes" ou les "sionistes" (en clair: les Juifs) d'être la cause du racisme qui les frappe encore parfois est, par contre, très bien accepté.

Ces accusations sont proférées également par des groupes "propalestiniens" et bien évidemment par des militants d'extrême gauche (3) , bien incapables de percevoir ce que de tels propos ont de ridicule et de choquant.

La haine envers les "sionistes" autorise et sanctifie bien des dérapages.

Update
Dans son éditorial (Marianne du 8-14 août) Maurice Szafran, sous le prétexte de répondre à une chronique d'Adler qui ne mentionne même pas Marianne, reprend les mêmes accusations: "(...) le bras politique des Juifs de France a mis en place une implacable machine à fabriquer de... l'antisémitisme". M. Szafran décrit le Crif comme un "bras politique". Mais dans ce cas comment peut-on protester lorsque le Crif s'implique dans le débat public? Comment peut-on oser écrire et dire que, si le Crif s'oppose et critique, c'est au risque de "fabriquer de l'antisémitisme"? Fermer sa gueule et raser les murs, ou bien parler, protester, critiquer, et donc générer de l'antisémitisme: c'est ça le choix offert aux Juifs de France en 2009? Prasquier et le CRIF ont visiblement de solides ennemis, à l'extrême gauche autant qu'au centre...


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(1) Je ne perçois pas bien ce que cette association a de "juive", et encore moins en quoi elle serait "pour la paix" puisque ses dirigeants sont en faveur du démantèlement de l'État juif (ce qui serait une manière, je l'admets, de régler "le problème" une bonne fois pour toutes). Il semble que certains individus, aussi Juifs que moi je suis Espagnol (je suis très sérieux, j'ai des origines espagnoles) se souviennent de leur judéité uniquement lorsqu'il s'agit de "critiquer" Israël et de diffuser la bonne parole "antisioniste". Ce type de revendication m'a toujours laissé perplexe; en quoi le fait d'avoir un papa ou une mamie juive donnerait plus de poids aux opinions "antisionistes" de quiconque? Mystère.

(2) Le patron de l'ujfp, Pierre Stambul, émet régulièrement ce genre de propos. Ainsi en juin 2008 écrivait-il que: "les sionistes (...) prétendent que toute critique d’Israël est forcément antisémite alors qu’au contraire leur politique provoque un nouvel antisémitisme"

(3) La rengaine sur "Le Lobby qui contrôle le gouvernement et les médias" se retrouve, bien sûr, dans les milieux d'extrême droite.

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