jeudi 8 janvier 2009

Au moins un qui s'excuse

Tout récemment le comité des employés d'université du CUPE-Ontario (la branche ontarienne du Canadian Union of Public Employees, un syndicat de fonctionnaires) annonçait qu'il allait proposer une résolution "controversée", comme on dit quand on est poli: boycotter (1) les Israéliens qui enseignent, font de la recherche, ou participent à des colloques et conférences au sein des universités de l'Ontario, sauf ceux parmi eux qui accepteraient de "condamner explicitement le bombardement de l'université islamique de Gaza le 29 décembre et l'attaque contre Gaza en général".

Le CUPE-Ontario n'en est pas à son premier essai puisque déjà, en 2006, la résolution #50, prônant une campagne de BDS (boycott, désinvestissement et sanctions) à l'encontre d'Israël avait été adoptée.

Sid Ryan, patron du CUPE-Ontario, a en prime établi une comparaison entre l'attaque israélienne contre le Hamas à Gaza et les... devinez... les nazis, oui.

Le Congrès Juif Canadien s'est permis de protester. Le toupet de ces gens... l'axe américano-sioniste nous tient dans son étau, moi j'vous dis, on ne peut plus dire tout haut ce qu'on pense tout bas!

M. Ryan, gêné par ses propres outrances ou alors bien conseillé, vient de présenter ses excuses pour sa comparaison avec les nazis.

"I made some remarks (about) the actions of the Israeli army and that was a stupid statement for me to make. I unequivocally apologize." (Toronto Star)

Il est rare, très rare d'entendre quelqu'un présenter des excuses pour avoir comparé les Israéliens aux nazis. Pour cela je tire mon chapeau à M. Ryan.

Il reste évident néanmoins que le projet d'interdire aux Israéliens de travailler avec les universités ontariennes est une mesure tendancieuse, qui flirte avec l'antisémitisme.

Car c'est aux Israéliens et à eux seuls que le CUPE-Ontario demande des comptes. Un exemple explicite: lorsque je cherche le mot "Tibet" sur le site du syndicat, j'obtiens ce résultat:

No results found. Did you mean: Debate or debates or Doubt?
Non, je ne voulais pas écrire "débat" ou "doute", j'ai écrit "Tibet". Vous avez quand même bien un atlas qui traîne sur une étagère quelque part dans une de vos bibliothèques universitaires? Les Jeux olympiques 2008 ça vous rappelle vaguement quelque chose? Beijing, Pékin? Non ce n'est pas en Cisjordanie...

Bref, le CUPE-Ontario n'a jamais rien exigé des universitaires chinois. Et vu les échos dans les journaux il n'a jamais rien exigé de qui que ce soit. Sauf des Israéliens.

Les universitaires israéliens, et eux seuls, pourraient se voir contraints d'abjurer publiquement l'attaque israélienne contre le Hamas afin de pouvoir continuer leurs activités d'enseignement ou de recherche.

On peut expliquer une telle attitude par du conformisme (la discrimination anti-israélienne est à la mode), de la connerie, ou encore par le fait d'avoir une dent particulière contre les Juifs. Ou un mélange de tout cela.

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Pas un mais deux bons articles, brefs et clairs, de Lysiane Gagnon, La Presse: Israël et le Hamas, et Une riposte démesurée?


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(1) Le lien n'est plus actif. Le CUPE-Ontario a en effet décidé de "relooker" son projet de boycott. Il ne s'agirait plus désormais de clouer au pilori les collègues israéliens qui refuseraient d'abjurer publiquement l'opération militaire à Gaza, mais de boycotter les institutions académiques israéliennes. Sans doute dans le but de prouver qu'ils ne sont pas antisémites, le staff du syndicat publie une courte missive envoyée par un "professeur juif" partisan du boycott. Détail amusant, l'en-tête du message fait encore référence à l'ancienne formulation: "Re: Union Calls For Ban On Israeli Professors".

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