samedi 12 septembre 2009

Quand le gouvernement suédois veut, il peut

À l'occasion d'une réunion au sommet des ministres des Affaires étrangères de l'Union Européenne à Stockholm ce week-end, le ministère suédois a adressé une étrange demande au Musée d'art moderne de la capitale, qui hébergeait la rencontre (Haaretz):
Swedish Foreign Ministry requested this week to temporarily remove two paintings containing swastikas from the museum of modern art in Stockholm.

The Swedish foreign ministry said this week that the paintings might spark discomfort at the conference for the European Union Foreign Ministers to be held in the city at the end of the week.

The museum spokeswoman confirmed the request and added that the foreign ministry also requested that a painting containing female genitalia be removed from the museum walls, but the museum declined the request as they feel that sometimes art should be offensive
Le ministère souhaitait faire retirer deux peintures sur lesquelles figuraient des svastikas, et une autre qui montrait un sexe de femme un peu trop réaliste (dans ce dernier cas le musée a refusé de se plier à la demande du ministère).

Voir aussi le site du Svenska Dagbladet, Tavlor gömdes inför ministermöte [on cache des tableaux avant une réunion des ministres], et le site du Moderna Museet pour avoir un aperçu des tableaux de Dick Bengtsson.

Outre le fait que mettre dans le même sac croix gammée et vagin en dit long sur les critères du gouvernement suédois en matière de bon goût, je remarque que le ministère des Affaires étrangères refuse bec et ongles de critiquer officiellement un article contenant des allégations antisémites, mais est parfaitement capable de demander le retrait de trois œuvres d'art moderne afin de ne pas prendre le risque d'incommoder ses hôtes de marque.

Il y a là une dissymétrie flagrante: dans un cas on prend prétexte de la liberté d'expression pour garder le silence alors même que de graves accusations sont colportées, dans un autre on demande le retrait (temporaire) de trois œuvres d'art sans se soucier outre mesure de la liberté d'expression des artistes et du musée.

Ah, si seulement Aftonbladet avait orné son pamphlet d'une croix gammée ou d'une foufoune épanouie, le gouvernement aurait pu réagir!

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