jeudi 14 mai 2009

Nelligan vs Bilderberg: un match inégal

Jolie perle sur le site du Haaretz, à propos de la réunion du groupe Bilderberg en Grèce:

"From today until May 17, approximately 150 of the most influential members of the world's elite will be meeting behind closed doors at a hotel in Greece. They are called the Bilderberg Group or the "Bilderbergers," and you have probably never heard of them."

Je me demande bien qui n'a "probablement jamais entendu parler" du groupe Bilderberg et de ses membres, dont des listes circulent ici ou là. "Untel en est-il? Oui il était au congrès au Japon l'autre année. Aaaah... "

Je me suis amusé à comparer les résultats de recherche Google pour "Bilderberg Group" (l'expression exacte) avec d'autres termes d'usage plus ou moins courant:

Émile Nelligan : 170 000 (poète québécois)
Shunyata : 322 000 (concept bouddhique)
Clitoris : 6 360 000 (vous avez vraiment besoin d'une explication?)

"Bilderberg Group" s'en sort avec un très honorable 792 000 résultats de recherche, ce qui équivaut à 4.65 fois plus de résultats que Nelligan, 2.46 fois plus que Shunyata.

Le groupe Bilderberg "vaut" 12.45% d'un clitoris (en terme de résultats de recherche Google), ce qui est excellent pour une organisation dont vous n'avez "probablement jamais entendu parler".

***

Je profite de l'occasion pour faire un peu de pub à l'oeuvre d'Émile Nelligan, poète né en décembre 1879 à Montréal (voir sa biographie). De lui on peut vraiment dire que vous n'avez probablement jamais entendu parler!

Admirateur de Charles Baudelaire, sa carrière de poète sera brève; il est interné au tournant du siècle, et meurt des suites d'une intervention chirurgicale en novembre 1941.

Pour donner le goût de le découvrir, voici son poème intitulé, Vaisseau d'Or:

Ce fut un grand Vaisseau taillé dans l'or massif:
Ses mâts touchaient l'azur, sur des mers inconnues;
La Cyprine d'amour, cheveux épars, chairs nues,
S'étalaient à sa proue, au soleil excessif.

Mais il vint une nuit frapper le grand écueil
Dans l'Océan trompeur où chantait la Sirène,
Et le naufrage horrible inclina sa carène
Aux profondeurs du Gouffre, immuable cercueil.

Ce fut un Vaisseau d'Or, dont les flancs diaphanes
Révélaient des trésors que les marins profanes,
Dégoût, Haine et Névrose, entre eux ont disputés.

Que reste-t-il de lui dans la tempête brève?
Qu'est devenu mon coeur, navire déserté?
Hélas! Il a sombré dans l'abîme du Rêve!

***

Pas mal, non?

Un dernier pour la route, extrait de Mon Âme:

Et cependant, toujours, de tous les maux souffrir,
Dans le regret de vivre et l'effroi de mourir,
Et d'espérer, de croire... et de toujours attendre!

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