samedi 20 juin 2009

Et maintenant, les menaces

Les toujours si sympathiques ultranationalistes sont très mécontents de voir deux groupes anglos participer au spectacle de l'Autre St-Jean.

Gilles Rhéaume (Association des descendants des patriotes) a par exemple déclaré : «Comme ancien président des Fêtes, moi si j'avais de jeunes enfants, je n'irais pas là, a dit M. Rhéaume. Que la police assume ses responsabilités, qu'elle assure la sécurité de l'événement. Il peut se produire n'importe quoi, y compris des agents doubles d'Ottawa qui vont venir mettre le trouble et mettre ça sur le dos des séparatistes.» (La Presse Canadienne)

C'est bien évident. Tout le monde sait que les séparatistes les plus radicaux n'usent jamais de la violence. Jamais.

Je vais néanmoins suivre l'avis de M. Rhéaume. Pas parce que je crains les casseurs séparatistes que l'on voudrait nous faire prendre pour des agents doubles d'Ottawa, mais parce que la fête du 24 juin ne me concerne pas. Comment le pourrait-elle? Contrairement au discours officiel ce n'est pas la fête de tous : c'est une fête nationaliste organisée par des souverainistes. En quoi devrais-je me sentir concerné?

Pour ma part je préfère la fête du Canada (ou les célébrations des 400 ans de l'Acadie il y a quelques années, pour donner un autre exemple) plutôt que la St-Jean pour une raison simple: les métèques comme moi s'y sentent très bien, nous y avons notre place sans qu'il soit nécessaire d'en débattre dans les journaux ou sur les ondes.

La fête nationaliste, par contre, m'incommode. Coincé entre les drapeaux des Patriotes et les tonneaux de mauvaise bière, les oreilles vrillées par les discours séparatistes beuglés depuis la tribune par certains artistes "engagés" qui savent sur quels boutons appuyer pour se mettre la foule dans la poche et se faire pardonner leur silence des 364 autres jours de l'année, les festivités du 24 juin ont toujours eu cet effet de me rappeler que je suis irrémédiablement un "ethnique" (voir note 1)

Le 24 juin sera une excellente occasion pour siffler une pinte ou deux dans un pub irlandais et terminer le polar de Johan Theorin (L'heure trouble, éd. Albin-Michel), loin des foules et des slogans.

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