"Pour faire la souveraineté, il faut une crise" (...) "Il y a des crises qui apparaissent de temps à autre, mais ce n'est pas toujours au bon moment pour nous. En fait, il faudrait susciter la crise."
Ces propos de Jacques Parizeau, ancien premier ministre et ex-chef du Parti Québécois, ont occasionné maintes réactions.
Une fois de plus, comme en 1995 (cf. note 1), M. Parizeau a dit tout haut ce que ses compagnons de parti pensent tout bas et en est bien mal récompensé.
Il est risible de voir aujourd'hui ces braves gens tenter de minimiser ses propos, voire carrément de le faire passer pour un gaffeur ou un gâteux. Il ne gaffe pas, il dit ce qu'il pense.
On peut lire aujourd'hui dans Le Devoir des opinions aussi amicales que celle-ci: "Il ne semblait pas comprendre que la caractéristique d'une entrevue est d'être diffusée, même à distance. À moins de l'enfermer, il n'y a vraiment rien à faire", dans un article titré "Enfermez-le!" histoire de bien enfoncer le clou (Le Devoir)
Garnotte, de son côté, se fend d'une caricature suffisamment explicite: la travaillante Pauline Marois voit son ouvrage menacé par le scout balourd Parizeau.
Gilles Duceppe a apporté sa pierre à la lapidation de l'imprudent: "Gilles Duceppe, a souligné que les Québécois doivent «mener des combats en tout temps. Or, si cela provoque des crises, ce n'est pas un objectif, ça peut être une conséquence.» " (Le Devoir)
Ça peut être une conséquence... voilà une bien belle formulation.
Ces réactions sont hypocrites et injustes envers Jacques Parizeau. Les élections ont eu lieu début décembre. Le PLQ a obtenu une (courte) majorité de députés au parlement. Le gouvernement, sauf accident, est là pour encore quatre ans. Le PQ est incapable de mettre en place, maintenant, le "plan" dévoilé ces derniers jours par Pauline Marois.
Quel est donc l'objectif recherché, si ce n'est susciter la zizanie pour faire parler du Parti et entretenir leur image de seuls vrais Québécois? Quel est le but de ce plan si ce n'est provoquer quelques réactions négatives dans les autres provinces ou à Ottawa, un éditorial un peu critique dans le National Post fera l'affaire, pour pouvoir les monter en épingle et dénoncer les "méchants Anglos qui ne nous aiment pas"?
Le PQ se moque du monde: il fait des plans, mais ne les assume pas.
Update
Jean-François Lisée partage le point de vue de Parizeau (dont il était jadis le conseiller): "C'est comme pour la réunification de l'Allemagne. Aucun changement dans l'Histoire, quel qu'il soit, ne s'est fait en période de calme. Il y a toujours une crise nécessaire pour mettre crûment une population devant l'urgence d'un choix." (Le Devoir du 11 juin)
L'argument tape à côté de la plaque. Personne ne reprocherait au PQ de faire face à une crise. Mais la stratégie des séparatistes est bien différente: ils sont prêts à organiser une crise au niveau national tout simplement parce que ça les arrange.
Prenons l'exemple de l'Allemagne mentionnée par Lisée. Si les deux Allemagnes ont pu se réunir c'est tout d'abord parce que l'URSS s'est effondrée de l'intérieur et n'a plus été en mesure d'imposer sa loi à ses vassaux, dont l'Allemagne de l'Est. Helmut Kohl, chancelier (côté Ouest) à l'époque de la réunification, n'a jamais planifié la chute de l'URSS. Son gouvernement a mis la crise à profit, oui, mais ne l'a pas suscitée.
C'est toute la différence avec le nième plan des péquistes.
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