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samedi 18 juin 2011

Flottille 2011, c'est reparti comme en 2010

Avec une grosse différence: les fanatiques turcs ont été rappelé à l'ordre par leur gouvernement, ce qui représente environ 500 activistes en moins cette année (lemonde.fr).

Qu'à cela ne tienne! Des Français, des Canadiens, et plein d'autres "indignés" vont prendre place à bord des dix ou quinze bateaux de la Flottille 2011. On y trouvera une députée européenne verdâtre, une candidate de Québec Solidaire, des communistes, des adeptes de Trotski, et autres marginaux de la politique.

Juré, craché, les centaines de personnes qui embarqueront pour Gaza ne font pas ça pour le Hamas. Leur but est strictement hu-ma-ni-tai-re. Comme le précise BateauGazaFr sur Twitter: "1,5 millions de gazaouis ont également besoin d'aide, nous leur apportons".

En quoi quelques dizaines d'allumés sur un bateau (plusieurs centaines pour l'ensemble de l'expédition) représentent-ils une quelconque aide? Les Arabes palestiniens, aux dernières nouvelles, ne sont pas cannibales. Par ailleurs les dirigeants israéliens répètent à qui veut bien l'entendre que l'aide humanitaire est acceptée, il suffit de débarquer à Ashdod et elle sera acheminée par camions vers la Bande.

Alors pourquoi une autre expédition? Comme l'an dernier, le but n'est visiblement pas d'apporter de "l'aide", mais de faire parler, de pointer un doigt rageur vers Israël, et de se préparer à empocher le jackpot médiatique en cas d'arraisonnement "musclé".

Les Israéliens, de leur côté, sont coincés. Leurs alliés et amis n'ayant pas l'intention et/ou le pouvoir d'empêcher le départ de cette nouvelle caravane flottante, ils n'auront le choix qu'entre Charybde et Scylla: soit ils laissent passer la Flottille "humanitaire", et ils n'ont plus qu'à mettre un terme à l'embargo contre le Hamas. Soit ils empêchent les illuminés de faire route jusqu'à Gaza, et ils ont toutes les chances de perdre la bataille médiatique.

Il est là, le but véritable de ces flottilles "pour la paix": imposer aux Israéliens un choix "perdant/perdant".

Les Gazaouis sont un alibi commode pour masquer l'habituel et unique objectif, le même qu'en 2010: l'État juif.

Pendant ce temps, un peu au nord, sur les côtes syriennes... on dit qu'il se passe des choses... Oui, mais en Syrie il n'y a pas le moindre "sioniste" au pouvoir.

mercredi 23 juin 2010

Les trucs de la police d'Amsterdam

Sources: Harry's Place et The Telegraph.

On trouve, à Amsterdam, des casseurs de pédés, des agresseurs de vieilles dames, et des antisémites, entre autres. Une vidéo a fait du bruit il y a quelques jours. On pouvait y voir un rabbin pris à partie par des jeunes. Des manifs pour soutenir la "résistance" du Hamas c'est une chose, mais revoir des saluts hitlériens dans la ville qui abrite le musée Anne Frank ça fait désordre. La municipalité a réagi.

La police de la ville a l'habitude d'envoyer de temps en temps des "appâts", des agents déguisés en mamies, homosexuels ou prostituées afin d'attirer les criminels et les coffrer.

Le maire d'Amsterdam, Lodewijk Asscher, a donc demandé aux policiers d'étendre cette mesure aux Juifs "visibles", qui se font régulièrement insulter, cracher dessus ou agresser dans certains quartiers de la paisible ville néerlandaise (1).

Le but est de décourager les agresseurs, en misant sur la capacité du skinhead ou du djihadiste amateur de se demander s'il a affaire à une vraie cible ou à un flic déguisé.

La méthode a paraît-il donné des fruits à Gouda: les vols à l'arraché baissent après chaque envoi d'une pseudo-mamie (2).

Ces efforts néerlandais sont une bonne chose, qui en disent toutefois long sur la dégradation de la situation.

Quant aux activistes anti-"sionistes", ils peuvent continuer à soutenir des milices terroristes antisémites, du moment qu'ils s'abstiennent de beugler sieg heil.


NOTES
(1) "Jews in at least six Amsterdam neighbourhoods often cannot cross the street wearing a skullcap without being insulted, spat at or even attacked"

(2) "If we receive several reports of street robbery in a certain location, we send out the granny. That soon quietens things down", said a spokesman.

dimanche 6 juin 2010

Un provocateur sioniste perturbe une manif pour la Paix

La vidéo ci-dessous a été tournée durant une manifestation "humanitaire" (Los Angeles, selon le clip) (www.juif.org).



Une surprise: le petit nombre "d'humanistes" présents.

Un provocateur sioniste s'est invité à la petite sauterie. Il est très jeune. La meute de "pacifistes" s'intéresse vivement à lui. On lui jette des "Allahu akbar! allahu akbar!", "You kill my people", "murderer! murderer!", etc.

Un cordon de flics (des musclés, à l'américaine) s'interposent entre le jeune contre-manifestant et les "humanitaires". On voit un militant (service d'ordre?) tenter de calmer ses troupes.

Une large banderole affirme:

AFTER THE HOLOCAUST
THE WORST THING THAT HAS HAPPENED
TO THE JEWISH PEOPLE IS THE STATE OF ISRAEL

[Après l'Holocauste, la pire chose qui soit arrivé au peuple juif c'est l'État d'Israël]

Si j'en crois la banderole, il s'agirait d'une citation de Bob Avakian, président du Revolutionary Communist Party (RCP) aux USA.

Bel exemple de "convergence des luttes": aux USA aussi l'extrême-gauche manifeste au son des "allahu akbar".

Une pancarte s'exerce à la rime: "Israeli pirates kill / US pays the bill" [Les pirates israéliens tuent / Les USA paient la facture]

Le caméraman discute avec deux manifestants (dont celle qui hurlait "You kill my people").

Caméraman: "Est-ce qu'un État palestinien aux côtés d'Israël serait satisfaisant pour vous?" [Would a palestinian state alongside Israel satisfy you?]

La femme: "C'est... Non, non, non! Aux côtés des Juifs [qui] peuvent vivre dans un État palestinien. Il ne devrait pas y avoir d'État israélien! (Caméraman: "ok, merci"; la femme continue sur sa lancée) L'État d'Israël n'existe même pas!" [It's... No no no! alongside with the jews can live in a palestinian state. there should not be an israeli state! (...) Israeli state doesn't even exist!]

Un homme intervient: "L'unique raison pour laquelle Israël fait ça, c'est parce qu'ils se sont fait expulser de, euh, les Allemands... quoi qu'il leur soit arrivé... alors ils essayent de reporter leur colère sur quelqu'un d'autre" [The only reason Israel is doing this is because they got kicked out from, er, the Germans, whatever, whatever happens to them. So they're trying to take out the anger to someone else]

mercredi 30 décembre 2009

La peau de l'ennemi

Le petit tsunami provoqué par les "révélations" de Donald Boström (voir cet autre billet) n'en finit pas de faire des vagues.

Étant donné que personne n'a la moindre preuve -et pour cause- que des Israéliens ont enlevé et tué de jeunes Arabes palestiniens afin de voler leurs organes, les amateurs de la "critique" permanente d'Israël se rabattent sur ce qu'ils trouvent. Dans ce cas précis, ils raclent les fonds de tiroirs pour ressortir triomphalement tout ce qui concerne un prélèvement ou trafic d'organes impliquant au moins un Israélien.

Nouvelles (?) révélations

Nancy Scheper-Hughes, professeur d'anthropologie à l'Université de California-Berkeley a récemment dévoilé une entrevue datant de l'an 2000 faite avec un certain Yehuda Hiss, ancien directeur de l'Institut médico-légal d'Abu Kabir, près de Tel-Aviv.

Qu'a donc dit M. Hiss? Que dans les années 90, des spécialistes à Abu Kabir avaient prélevé de la peau, des cornées, des valves cardiaques et des os sur des corps qui passaient par l'Institut (1). Ces prélèvements se faisaient sans la moindre considération pour l'origine des personnes, les défunts étaient Israéliens (civils ou militaires), Palestiniens, voire même des étrangers qui travaillaient et vivaient en Israël. M. Hiss ajoutait que l'accord des familles n'était ni nécessaire ni demandé et que les spécialistes agissaient avec discrétion. Cela n'a pas empêché que des familles (juives ou arabes) protestent.

[Précisons que la loi israélienne, qui était floue dans le passé, a récemment été mise à jour. Une autorisation est désormais requise. Il est même possible de trouver un formulaire en ligne, le remplir, le signer, puis le retourner par fax à l'organisme public qui centralise ces données.]

Dans les médias (pas uniquement anti-"sionistes") cette entrevue vieille de neuf ans mais tout récemment dévoilée est devenue: Israël: des organes ont été prélevés sur des Palestiniens (NouvelObs). Dans le corps de l'article, le site NouvelObs est très évasif sur la nationalité des défunts: "des corps, notamment palestiniens". La présentation des "faits" par NouvelObs est très intéressante:
Le Dr Hiss a fait ces déclarations en 2000 à un universitaire américain. Ce dernier a décidé de ne le rendre public maintenant en raison d'une controverse qui a éclaté l'été dernier. Un article d'un journal suédois avait laissé entendre que des soldats israéliens tuaient des Palestiniens pour faire commerce de leurs organes. Des allégations qu'Israël a vivement démenties.

Des extraits de l'entretien ont été diffusés ce week-end sur la 2e chaîne de télévision israélienne. Le Dr Jehuda Hiss précise que des cornées ont été prélevées sur des cadavres "de manière extrêmement informelle. Aucune autorisation n'était demandée à la famille".

En réponse à ce reportage, l'armée israélienne a reconnu que les faits avait [sic] eu lieu. L'activité a cessé il y a dix ans et cela n'arrive plus, d'après un communiqué de Tsahal repris par la télévision.
Le découpage des paragraphes et le flou de la formulation pourrait laisser penser que "l'armée israélienne a reconnu que les faits avait eu lieu" fait référence à "Un article d'un journal suédois avait laissé entendre que des soldats israéliens tuaient des Palestiniens pour faire commerce de leurs organes" et non pas à "des cornées ont été prélevées sur des cadavres de manière extrêmement informelle".

The Guardian, journal britannique de gauche, a publié lui aussi un article reprenant la nouvelle, avec un titre identique à celui de NouvelObs: Israel admits harvesting Palestinian organs (The Guardian, 21 décembre). Mais le titre de l'édition Internet a été modifié et est devenu: Doctor admits Israeli pathologists harvested organs without consent (The Guardian).

La différence est de taille. Le Guardian a expliqué la raison de cette modification:
We should not have put the headline “Israel admits harvesting Palestinian organs” on a story about an admission, by the former head of the Abu Kabir forensic institute near Tel Aviv, that during the 1990s specialists at the institute harvested organs from the bodies of Israeli soldiers, Israeli citizens, Palestinians and foreign workers without getting permission from the families of the deceased (21 December, page 15). That headline did not match the article, which made clear that the organs were not taken only from Palestinians. This was a serious editing error and the headline has been changed online to reflect the text of the story written by the reporter.
Le titre ne reflétait pas le contenu de l'article. Il était suffisamment inexact et trompeur pour que le Guardian, journal pourtant connu pour ses vives "critiques" d'Israël, le modifie radicalement.

Regardons un peu le contenu de la "nouvelle". La dépêche reprise par tous les médias fait systématiquement référence à l'article initial de Boström. Le rapport entre Boström et Hiss est pourtant fortement tiré par les cheveux, mais comme d'habitude lorsqu'il s'agit d'Israël il suffit que des mots se ressemblent pour qu'on établisse un lien. Les mots magiques, dans ce cas, sont "prélèvements d'organes", "trafic d'organes" et "sans autorisation de la famille" (ou du défunt).

Le Dr. Hiss n'a jamais dit -et pour cause (bis)- que l'armée israélienne abattait de jeunes Arabes pour les transporter ensuite à Abu Kabir à des fins de prélèvements, ni que ces prélèvements servaient à alimenter le marché noir, mais qu'importe! Il suffit qu'au moins un prélèvement ait été fait sur au moins un Arabe palestinien sans autorisation de sa famille pour alimenter la machine à ragots (re)lancée cet été par Aftonbladet.

Scientifique et militant, c'est possible

Comme le précisent les médias, l'entrevue du Dr. Hiss dévoilée par Nancy Scheper-Hughes date de... 2000. Mme Scheper-Hughes se définit comme une "anthropologue militante". Elle a fait un voyage en URSS (vers 1959, 1960) mais ne s'étend pas trop sur le sujet, et de retour aux States a milité pour les droits civiques des Noirs (là, je lève mon chapeau) et au sein de Peace Corps.

Question: si cette entrevue est aussi choquante que certains veulent le croire, pourquoi la fondatrice d'Organs Watch (2) a-t-elle attendu neuf ans pour la faire connaître?

Comme on peut le lire par exemple sur le site NouvelObs, Scheper-Hughes a "sorti" l'info à cause, précisément, des réactions à l'article de Boström: "[Nancy Scheper-Hughes] a décidé de ne le rendre public maintenant en raison d'une controverse qui a éclaté l'été dernier".

Pour en savoir un peu plus il n'est pas inutile de lire un article d'Alison Weir intitulé Special Report. Israeli Organ Trafficking and Theft: From Moldova to Palestine, publié par le Washington Report on Middle East Affairs (WRMEA) de novembre 2009, pp. 15-17. L'article est disponible sur le site Internet du magazine. Le WRMEA est un média US qui semble particulièrement "critique" envers Israël, pour dire le moins.

Une chouette bande de bons copains

Alison Weir contribue au WRMEA dont le responsable (publisher) est Andrew Killgore. Weir et Killgore sont aussi deux dirigeants de l'organisation If Americans Knew (Si les Américains savaient... sous-entendu, si les Américains savaient la vérité sur Israël, ils deviendraient anti-israéliens).

Weir part du principe que l'article de Boström présentait de bons éléments de preuve (grisly evidence suggesting that Israel had been taking Palestinian internal organs) mais que les Israéliens ont comme d'habitude hurlé à "l'antisémitisme" (les guillemets sont d'elle).

Elle affirme ensuite que les prélèvements d'organes en Israël sont documentés depuis de nombreuses années (3). C'est exact, mais ça n'a pas grand-chose à voir avec le pamphlet d'Aftonbladet.

Weir s'appuie largement sur les travaux de Scheper-Hughes, qu'elle cite à plusieurs reprises (mais rien n'indique qu'elles se connaissent ou s'apprécient).

À propos du commerce des organes, Scheper-Hughes aurait déclaré: "Israël est au sommet. Il a des tentacules partout dans le monde" (Israel is at the top. It has tentacles reaching out worldwide.)

S'il est exact que des Israéliens trempent dans le commerce des organes, il est intéressant de voir une anthropologue parler des "tentacules" israéliens. L'image est pour le moins malheureuse (le thème de la pieuvre est un classique de la littérature judéophobe; se référer par exemple à l'ouvrage de Joël et Dan Kotek, Au nom de l'antisionisme, Éd. Complexe)

Quant à voir Israël au "sommet" en matière de commerce d'organes, je suis perplexe. Le communiqué de l'université de Berkeley en 1999 annonçant la création d'Organs Watch ne mentionne même pas Israël (il est par contre question de l'Afrique du Sud, du Brésil, de l'Inde, de la Chine, et des USA). Dans une longue entrevue de 2004 accordée à Three Monkeys Online (4) sur le sujet du trafic mondial des organes, Scheper-Hughes mentionne -parmi d'autres cas- un intermédiaire israélien impliqué dans un "échange" de reins entre des donneurs brésiliens (vivants) et des receveurs israéliens: Dispelling the myth. The realities of organ trafficking. Professor Nancy Scheper-Hughes in interview (novembre 2004).

En 2004 pourtant, Scheper-Hughes avait déjà dans son tiroir depuis 4 ans les déclarations du Dr. Yehuda Hiss. Israël aurait-il atteint le "sommet" entre 2004 et 2009?

La faute à la Shoah ?

Scheper-Hughes (toujours citée par Alison Weir) va un peu plus loin. Dans un exposé l'anthropologue aurait déclaré percevoir deux motivations aux trafiquants israéliens: l'appât du gain, bien sûr, mais aussi "une vengeance, une restitution - en réparation de l'Holocauste" (Revenge, restitution—reparation for the Holocaust).

Des intermédiaires -et même des médecins- israéliens (qu'elle ne nomme pas) auraient même dit à Scheper-Hughes: "c'est une sorte d'œil pour œil dent pour dent. Nous prendrons tous les reins, foies et coeurs que nous pourrons. Le monde nous le doit." (it’s kind of ‘an eye for an eye and a tooth for a tooth. We’re going to get every single kidney and liver and heart that we can. The world owes it to us)

Toujours dans le cadre de cette analyse psychologique de comptoir, l'anthropologue voit dans de simples prélèvements de peau (nécessaires pour le traitement des grands brûlés) un lourd symbole: il s'agirait de "prendre la peau de la population perçue comme ennemie" (5)

Et la clinique de greffe de cheveux de l'oncle Shlomo, c'est pour scalper l'ennemi?

Comme le dit Alison Weir dans son article, Israël est unique de bien des manières (Israel is unique in several significant ways). Unique de par l'hystérie qu'il suscite, sans aucun doute.

Propagande et vieilles rengaines

L'article de Weir ne se base pas que sur Scheper-Hughes. C'est en fait un résumé très complet de toutes les rumeurs circulant sur les Israéliens "voleurs d'organes". Elle va même jusqu'à insinuer que dans au moins un cas (celui d'Abraham Sadegat en 1968), il est possible, peut-être même probable, que le cœur ait été prélevé alors qu'il battait encore (Sadegat’s medical condition before his heart was removed has not been made public. It is possible—perhaps probable—that up until his heart was removed it was still beating)

Elle cite également l'agence de presse de la République islamique d'Iran (A 2002 news story from IRNA) et Yasser Arafat interviewé par Al-Jazeera. La citation du vieux chef est claire et correspond bien au personnage: "Ils assassinent nos enfants et utilisent leurs organes comme pièces de rechange" (They murder our kids and use their organs as spare parts)

Pour faire bon poids, Weir ajoute un petit rappel sur le "racisme" et le "chauvinisme" du judaïsme. Elle affirme ainsi que la Loi juive permet "probablement" que l'on prenne l'organe d'un non-juif innocent qui passe par là afin de sauver la vie d'un Juif. Elle affirme baser son délire sur deux rabbins. Honnête journaliste, Alison Weir écrit que "Bien qu'il soit impossible de savoir si des Israéliens ont déjà agi en fonction de ces autorisations religieuses de tuer un non-juif afin de fournir des organes à des Juifs, certains observateurs considèrent que c'est une possibilité" (While it is impossible to know whether any Israelis have ever acted on such religious permission to kill a non-Jew in order to provide body parts to Jews, some observers have considered this a possibility)

À ce stade on n'est plus très surpris de voir le nom d'Israel Shahak apparaître à l'appui de telles élucubrations (Weir mentionne son ouvrage Jewish History, Jewish Religion). Note rapide: Shahak était un chimiste israélien. Il a développé une obsession maladive envers la religion juive. Ses "travaux" servent de source à nombre de "critiques" d'Israël (voir par exemple Werner Cohn).

Des pétitionnaires pour la Vérité

En conclusion de son article délirant, qui mélange habilement informations et ragots, WRMEA invite le lecteur indigné (comment ne pas l'être?) à ajouter son nom à une pétition. Le but de la pétition est d'obtenir une enquête sur les "possibles" crimes de guerre israéliens (dans ce cas, les "vols d'organes").

Les organisateurs font bien évidemment référence à l'article de Boström et aux propos de Scheper-Hughes, parmi d'autres sources. Le soutien aux thèses de Boström est explicite: "En tant que personnes profondément concernées par les droits humains (...) nous soutenons Donald Boström et Aftonbladet dans leur décision de publier l'article 'On pille les organes de nos fils'. Nous saluons le refus du gouvernement suédois de se soumettre aux pressions israéliennes à l'encontre de la liberté de la presse. Nous appuyons les appels à une enquête et exhortons le Comité International de la Croix Rouge et autres tribunaux compétents à entreprendre une enquête fouillée et impartiale des allégations selon lesquelles les Israéliens ont illégalement pris des organes à des Palestiniens" (6)

Parmi les soutiens officiels de la pétition on retrouve If Americans Knew, d'Alison Weir.

Weir a bien évidemment signé cette pétition "pour une enquête impartiale". Elle est en 3e position sur la liste des signataires.

Mais on trouve d'autres personnes, plus ou moins intéressantes. Leurs commentaires traduisent fort bien leurs inquiétudes... et souvent aussi leurs paranoïas:

Michelle J. Kinnucan est le nom de l'auteur d'un article passionnant sur les scandaleuses célébrations entourant la fête nationale israélienne. Elle y voit une célébration triomphante du racisme et du génocide: "The Jewish Federation's triumphal celebration of racism and genocide would be a travesty anywhere but such a display of wealth and power is even more egregious in a place like the State Fair neighborhood" (Palestine Chronicle). Salut à Z-Word Blog au passage.

On trouve au moins un pasteur, Edward P., qui recommande de "rester fort" (stay strong). Le bon berger a eu jadis des soucis avec la justice dans une sombre histoire d'achats de votes lors d'une élection... des broutilles (7). D'ailleurs ses amis le disent franchement, il a été condamné parce le jury était composé de Blancs et le juge était corrompu (8).

R. E., du Texas, a signé. Il a aussi donné 400$ à la campagne de Barack Obama en 2008 (Political Contributions). Comme quoi on peut être Démocrate et parfaitement "gullible".

Darlene Wallach profite de la pétition pour écrire que "This is beyond disgusting, atrocious, dispicable! Those participating must be held accountable!". Darlene Wallach, c'est aussi le nom d'une membre de Free Gaza Activists. Avec d'autres personnes elle a pris deux fois le bateau pour "briser le blocus" de Gaza.

R.H. écrit en commentaire: "Zionist butchers!". En voilà un qui a été convaincu par la rhétorique Weirienne.

I. S. pense qu'il faut mettre un terme aux crimes sionistes: "The criminal zionists need to be stopped before many more crimes are done by them"

Selon S. Al-M., le vol d'organes est contre l'éthique, la décence et la religion "y compris le judaïsme". Il ajoute dans la foulée que c'est particulièrement honteux lorsque le vol d'organes est commis par des rabbins juifs! Le pléonasme est offert, sans frais supplémentaire (Organs theft is whither by Jews or otherwise is against any standard of decency, ethics, religions including Judaism itself, human rights. It is mean and digusting. It is shameful specially when committed by Jewish rabbis who are supposed to be, instead, a guidance to their followers)

Eleanor O. commente ainsi: "The UN pictures of White Phosphorous being dropped intentionally on civilians in Gaza by Israel last January is another crime that Israel should be prosecuted for, along with the American corporations which devise and sell such weapons. It seems this "law-abiding" nation is anything but that!" Elle peut donner des leçons en matière de ventes d'armes et d'observation des lois internationales puisqu'elle fait partie du American-Iranian Friendship Committee.

Mark Dankof laisse un commentaire de soutien assez long dans lequel il félicite ses "bons amis" Alison Weir, mais aussi Chuck Carlson de We Hold These Truths (une organisation chrétienne plutôt anti-israélienne semble-t-il): "My good friends Alison Weir of If Americans Knew, and Chuck Carlson of We Hold These Truths, are among those doing an invaluable service for the world in attempting to get at the bottom of the latest tragedy involving the State of Israel. The organ harvesting and trafficking scandal, along with the USS Liberty tragedy, the Gaza genocide, and the Pollard/AIPAC spy cases, begs the question as to how much longer American conservatives specifically, and the American public generally, will allow the Israeli lobby to operate with complete impunity in its control of the media and government of the United States. Enough is enough"

M. Dankof est animateur sur RBN Radio, auteur, activiste etc., "membre de l'aile Taft/Buchanan du Parti Républicain". Un de ses récents invités était "Dr." David Duke, extrémiste de droite, ex-membre du KKK et auteur de "Jewish Supremacism: My Awakening to the Jewish Question". Ah, le suprémacisme juif...

J'ai gardé le meilleur (?) pour la fin. En 2e position sur la liste des signataires on trouve un certain Imad Mughniyah, Beirut. Soit il s'agit d'un homonyme, soit c'est un cas de communication avec l'au-delà. Imad Mughniyah était le nom d'un chef du Hezbollah. Il a été victime d'un attentat à Damas début 2008.

Conclusion (temporaire ?)

Comme souvent, on constate que des gens intelligents, des gens qui s'engagent pour soulager les souffrances d'autrui, ne sont pas immunisés contre la bêtise; plusieurs mettent leur esprit critique en berne et adoptent une vision proprement paranoïaque dès qu'il est question d'Israël.

Des agitateurs judéophobes profitent de cette hystérie ambiante.

Le problème du prélèvement d'organes "sauvage" (qui n'implique pas nécessairement un trafic) n'est pourtant pas propre à Israël; voir par exemple cette enquête actuelle en Grande-Bretagne (The Telegraph, merci à G.)

Comme tout commerce, légal ou pas, le trafic d'organes est fondé sur l'offre et la demande. Tant qu'il y aura des pauvres et tant qu'il y aura des malades en attente d'une greffe, le commerce continuera. Autant dire qu'on n'est pas sortis de l'auberge.

Vous ne trouverez pas cette info chez les anti-"sionistes" mais des Israéliens (y compris juifs, eh oui) s'efforcent de lutter contre les trafics et l'exploitation de la misère humaine. Lire par exemple ce texte de Yaakov Lavi (orthographe alternative Jacob Lavee) sur le site de Haaretz. L'auteur est directeur de l'unité de transplantation cardiaque au Centre médical Sheba de Tel-Hashomer, en Israël (autant dire qu'Alison Weir ne signera jamais de pétition en sa faveur...)

Y. Lavi constate qu'Israël est mal placé en matière de dons d'organes. Un adulte sur dix seulement aurait une carte d'autorisation de prélèvement. Il a même rencontré des malades en attende de greffe qui lui ont confié qu'eux-mêmes refuseraient de donner les organes d'un proche, s'il venait à mourir! [Nancy Scheper-Hughes, qui peut très bien faire des observations pertinentes, pense que les pays musulmans ainsi qu'Israël ont des difficultés dans ce domaine car leurs habitants auraient souvent l'impression que le don d'organes contrevient à des préceptes religieux.]

Lavi suggère une solution originale: introduire un nouveau critère afin d'établir la liste d'attente des malades. Parallèlement aux critères médicaux habituels (qui resteraient prépondérants), il propose de prendre en considération l'attitude du patient envers le don d'organes. Toutes choses égales par ailleurs, un patient qui aurait signé -un an ou deux auparavant- une autorisation de don grimperait un peu plus haut dans la liste d'attente.

Augmenter le nombre des dons est sans doute le meilleur moyen de tarir le trafic.

Dans cette conclusion nous nous sommes bien éloignés d'Aftonbladet et de If Americans Knew. C'est normal: Jacob Lavee n'a pas encore fait don de son cerveau. Et lui il s'en sert.

Vous êtes dégoûté par le commerce des organes? Signez une autorisation de prélèvement! Ce sera cent fois plus efficace que de signer une pétition débile. Au fait, combien de personnes parmi les 500 et quelques signataires de la pétition de Weir & Cie sont des donneurs d'organes? On se le demande...


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NOTES

(1) "... in the 1990s, specialists at Abu Kabir harvested skin, corneas, heart valves and bones from the bodies of Israeli soldiers, Israeli citizens, Palestinians and foreign workers, often without permission from relatives"

(2)
Organs Watch est une organisation californienne créée en 1999. Son centre d'intérêt est le commerce des organes à travers le monde. Nancy Scheper-Hughes est un des quatre fondateurs - source Univ. de Californie, Berkeley.

(3)
The fact is, however, that Israeli organ harvesting—sometimes with Israeli governmental funding and the participation of high Israeli officials, prominent Israeli physicians, and Israeli ministries—has been documented for many years.

(4) Three Monkeys Online se présente ainsi: "
a free current affairs and arts magazine, produced by writers in Ireland, Italy, Spain and the UK. The Magazine was founded in 2004 by a small group of writers with a clear idea that internet publishing could be about more than simply gossip, conspiracy theories, and dodgy you tube videos. It doesn't have to focus on Paris Hilton. It can be about in-depth interviews, debates, intelligent opinion pieces, and reviews. We hope you enjoy our take on what an online magazine can and should be"

(5) Scheper-Hughes said that while Palestinians were "
by a long shot" not the only ones affected by the practice in the 1990s, she felt the interview must be made public now because "the symbolism, you know, of taking skin of the population considered to be the enemy, (is) something, just in terms of its symbolic weight, that has to be reconsidered." (NY Times)

(6) As people deeply concerned with human rights, we believe it is essential to listen respectfully when occupied people speak about war crimes committed against them. Therefore, we support Donald Boström and Aftonbladet in their decision to publish "Our sons plundered for their organs." We salute the Swedish government's refusal to submit to Israeli pressure and undermine the freedom of the press. We support calls for an investigation and urge the International Committee of the Red Cross, and other competent tribunals to undertake a thorough, impartial investigation of allegations that Israelis have unlawfully removed organs from Palestinians.

(7) In 2007, P. was convicted for paying people $5 to vote in a recall election for a congressional seat in Michigan's 6th District that he lost. He warned that the Lord would smite the judge who sentenced him to probation with "
consumption and with a fever and with an inflammation and with extreme burning," referring to a passage in Deuteronomy (USA Today).

(8) This conviction was made possible by a biased jury - and the corrupt Judge, courts, police, and prosecution (...) the prosecution's first victory came when an all-white, middle-class jury was selected. (Blog)

samedi 31 octobre 2009

Wordle: un nouveau gadget

Un nouveau gadget fait fureur sur la Toile: fournissez un texte à www.wordle.net et il produira en échange une "soupe de mots" amusante, voire même instructive.

La taille des mots dépend de leur fréquence dans le texte initial.

Je m'y suis essayé, avec le discours de Barack Obama au Caire. Voici le résultat (cliquez sur l'image pour l'agrandir):

samedi 17 octobre 2009

Que faire du CDH ?

Le Conseil dit "des Droits de l'Homme" de l'ONU (CDH), qui siège à Genève, n'est pas une cible facile pour les moqueurs.

Le CDH se caricature si bien lui-même, que pourrions-nous y ajouter?

Depuis plusieurs jours les médias nous rapportent que le "Rapport Goldstone" (qui présente les conclusions d'une enquête impartiale -forcément impartiale- menée par le juge sud-africain Richard Goldstone) accuse Israël et des "militants palestiniens" d'avoir commis des crimes de guerre, voire même des crimes contre l'humanité, durant l'offensive israélienne dans la bande de Gaza en décembre-janvier.

Les événements récents se chargent de prouver que cette prétendue neutralité, qui renvoie dos à dos Israéliens et "militants palestiniens", n'est qu'hypocrisie: ce sont bien les Israéliens, eux seuls, qui sont aujourd'hui condamnés par le Conseil dit "des Droits de l'Homme", sous les applaudissements de l'AP et du Hamas (voir par exemple cet article de La Presse).

Oh bien sûr, le digne Conseil (composé des représentants de 47 pays) se penche aussi sur d'autres sujets très généraux, comme l'eau potable, le droit d'avoir un avocat, l'éducation des enfants, ou des cas parfois très particuliers comme Aung San Suu Kyi ("Aux termes d'une résolution sur Aung San Suu Kyi et autres prisonniers politiques au Myanmar (A/HRC/12/L.32), adoptée sans vote, le Conseil se déclare vivement préoccupé par la récente condamnation de Daw Aung San Suu Kyi et demande sa libération immédiate et sans conditions" - communiqué de presse du 2 octobre 2009).

Mais il faudra se lever tôt pour voir le CDH sortir de ses gonds sur un autre sujet que "l'occupation israélienne":
CONSEIL DES DROITS DE L'HOMME: SESSION EXTRAORDINAIRE SUR LA SITUATION DES DROITS DE L'HOMME DANS LE TERRITOIRE PALESTINIEN OCCUPÉ

21 janvier 2008
Le CDH ne cache d'ailleurs pas quel est l'ennemi public numéro 1 car ce communiqué de presse précise immédiatement que :
"Cette session, convoquée à la demande du Groupe des États arabes et de l'Organisation de la Conférence islamique, sera la sixième session extraordinaire du Conseil des droits de l'homme depuis sa création en juin 2006, et la quatrième liée à des incursions militaires israéliennes"
Quatre sessions spéciales sur six consacrées à Israël... une obsession extraordinaire, en effet, et ça continue :
LE CONSEIL DES DROITS DE L'HOMME TIENT UNE SESSION EXTRAORDINAIRE SUR LA SITUATION DANS LE TERRITOIRE PALESTINIEN OCCUPÉ LE 15 OCTOBRE

13 octobre 2009

"Cette douzième session extraordinaire du Conseil des droits de l'homme est convoquée à la demande de la Palestine, appuyées [sic] par les 18 États membres suivants du Conseil: Bahreïn, Bangladesh, Bolivie, Chine, Cuba, Djibouti, Égypte, Gabon, Indonésie, Jordanie, Maurice, Nicaragua, Nigéria, Pakistan, Philippines, Qatar, Arabie saoudite et Sénégal"
Note perso: j'attends de voir une session extraordinaire "convoquée à la demande du Tibet"... ça ne risque pas de se produire puisque selon le CDH le Tibet n'existe pas.

D'autres pays ont parfois le privilège d'une session "extraordinaire". Ainsi le Sri Lanka en 2009, mais admirons les précautions de la résolution adoptée par le CDH à cette occasion, tout en rappelant que le nombre de victimes civiles au Sri Lanka est de très loin supérieur à ce qu'on a pu voir dans la bande de Gaza en décembre-janvier (même si l'on accepte les statistiques fournies par le Hamas) :
Réaffirmant le respect de la souveraineté, de l’intégrité territoriale et de l’indépendance de Sri Lanka, et ses droits souverains de protéger ses citoyens et de lutter contre le terrorisme,

Condamnant toutes les attaques lancées par les Tigres de libération de l’Eelam tamoul contre la population civile et leur pratique consistant à utiliser les civils comme boucliers humains, (...)

Accueillant avec satisfaction la cessation des hostilités et la libération par le Gouvernement sri‑lankais de dizaines de milliers de citoyens retenus en otage par les Tigres de libération de l’Eelam tamoul, ainsi que les efforts du Gouvernement pour assurer la sécurité et la sûreté de tous les Sri‑Lankais et pour instaurer une paix permanente dans le pays, (...)

Encouragé par l’assistance humanitaire de base, en particulier, l’eau potable, l’assainissement, la nourriture et les services médicaux et de soins de santé que le Gouvernement sri‑lankais, avec l’aide d’organismes des Nations Unies, a apportée aux personnes déplacées, (...)

2. Se félicite de la volonté constante de Sri Lanka de promouvoir et de protéger tous les droits de l’homme et l’encourage à continuer de respecter ses obligations dans le domaine des droits de l’homme et les normes du droit international des droits de l’homme; (...)

6. Encourage le Gouvernement sri‑lankais à continuer de persévérer dans ses efforts en faveur du désarmement, de la démobilisation et de la réadaptation des anciens enfants soldats (...)

12. Prie instamment la communauté internationale de coopérer avec le Gouvernement sri‑lankais dans les efforts de reconstruction (...)

Résolution adoptée par 29 voix contre 12, avec 6 abstentions, à l’issue d’un vote enregistré. Les voix se sont réparties comme suit:

Ont voté pour: Afrique du Sud, Angola, Arabie saoudite, Azerbaïdjan, Bahreïn, Bangladesh, Bolivie (État plurinational de), Brésil, Burkina Faso, Cameroun, Chine, Cuba, Djibouti, Égypte, Fédération de Russie, Ghana, Inde, Indonésie, Jordanie, Madagascar, Malaisie, Nicaragua, Nigéria, Pakistan, Philippines, Qatar, Sénégal, Uruguay, Zambie;
C'est virulent, hein? Ah on ne mâche pas ses mots, à Genève.

Comparons avec la toute chaude conclusion de la session spéciale du Conseil dit "des Droits de l'Homme" datée du 16 octobre 2009:
COUNCIL CONCLUDES SPECIAL SESSION AFTER ADOPTING A RESOLUTION CALLING FOR THE IMPLEMENTATION OF THE RECOMMENDATIONS IN THE GOLDSTONE REPORT

16 October 2009

The Human Rights Council concluded its twelfth Special Session today after adopting a resolution that focused on continuing violations of human rights by Israel in the Occupied Palestinian territories, in particular in East Jerusalem, and endorsed the recommendations set out in the reports of the Fact-Finding Mission to Gaza led by Justice Goldstone and by the High Commissioner for Human Rights, and called for their implementation

In its resolution, which was adopted by a vote of 25 in favour, six against, and 11 abstentions, the Council strongly condemned all policies and measures taken by Israel, the occupying Power (...)

Ont voté pour: Argentina, Bahrain, Bangladesh, Bolivia, Brazil, Chile, China, Cuba, Djbouti, Egypt, Ghana, India, Indonesia, Jordan, Mauritius, Nicaragua, Nigeria, Pakistan, Philippines, Qatar, Russia, Saudi Arabia, Senegal, South Africa, Zambia.
Ah, tiens, où sont passés les "militants palestiniens" épinglés par le rapport Goldstone? Et depuis quand Jérusalem dite "Est" est-elle située dans la bande de Gaza? Bah, le CDH a simplement fait d'une pierre deux coups et a utilisé la publicité faite au rapport Goldstone pour faire passer ses habituels messages sur la "Puissance occupante" (occupying Power).

22 pays ont signé à la fois la calme et posée résolution "contre" le Sri Lanka et celle endossant le rapport Goldstone contre Israël: Afrique du Sud, Arabie Saoudite, Bahreïn, Bangladesh, Bolivie, Brésil, Chine, Cuba, Djibouti, Égypte, Russie, Ghana, Inde, Indonésie, Jordanie, Nicaragua, Nigéria, Pakistan, Philippines, Qatar, Sénégal, Zambie. Ils devaient être en rupture de stock de verveine le 15 octobre.

Le CDH reprend sans hésiter ni rougir la propagande palestinienne la plus paranoïaque, voir ce passage sur les prétendues excavations "dans, aux alentours de" et "sous" la mosquée Al-Aqsa et "ses environs":
It also condemned the recent Israeli violations of human rights in Occupied East Jerusalem, particularly (...) the continuous digging and excavation works in and around Al-Aqsa mosque and its vicinity. The Council demanded that Israel (...) immediately cease all digging and excavation works and activities beneath and around Al Aqsa Mosque
Pour poursuivre la comparaison avec la résolution sur la guerre civile au Sri Lanka :
The Council also condemned the non-cooperation by Israel with the Independent International Fact-Finding Mission established by its resolution S-9/L.1.
Ce passage semble indiquer que l'important, pour le Conseil, n'est pas le nombre de victimes mais la largeur des sourires des gouvernements concernés et le nombre de pâtisseries offertes lors des réceptions des éminences onusiennes.

Au vu des obsessions du Conseil je doute toutefois qu'un dirigeant Israélien, même le plus parfait des hôtes et le plus courtois des diplomates, puisse un jour être jugé digne de mériter une résolution aussi aimable et positive que celle rendue à propos du Sri Lanka (ou de n'importe quel autre pays).

Finalement, que doit-on faire du CDH?

Rien. Absolument rien. Le Conseil dit "des Droits de l'Homme" remplit déjà parfaitement sa fonction: servir de cache-sexe aux pays membres et leurs amis. Sans oublier d'agiter régulièrement l'épouvantail israélien pour nous convaincre de sa détermination à protéger les droits de l'Homme...


Update
Richard Goldstone trouve que le CDH pousse le bouchon un peu loin. Il a exprimé des réserves dans une entrevue avec Le Temps (journal suisse) : Richard Goldstone déplore la récupération politique de son rapport. L'article du Temps est en accès payant.

Haaretz résume le point de vue du juge sud-africain : Richard Goldstone slams UN for failing to censure Hamas.
South African jurist Richard Goldstone, who headed a UN investigation commission into the conduct of Israel and the Palestinian group Hamas during Israel's offensive in Gaza last winter, criticized on Friday the United Nations Human Rights Council's decision to endorse the report his commission had compiled.

Goldstone, whose report accused both Israel and Hamas of committing war crimes, lamented the wording of the resolution adopted by the UN Human Rights Council on Friday, because unlike the report, he said, the draft does not include any condemnation of Hamas, Israel Radio reported.

Goldstone told the Swiss newspaper Le Temps before the vote that the wording of the resolution was unfortunate because it included only censure of Israel. He voiced hope that the Human Rights Council would alter the wording of the draft
D'aucuns feront remarquer qu'un rapport biaisé ne pouvait que susciter de telles récupérations...

jeudi 24 septembre 2009

Discours du sous-chef iranien: le Canada boycotte

Une traduction en français du discours du président iranien M. Ahmadinejad est disponible sur le site de l'UPJF.

Antisémitisme et négationnisme étaient au menu; un discours classique de la part d'un despote en second (1) qui n'a pas grand-chose à perdre. Selon Le Figaro, M. Ahmadinejad a "joué la provocation" (voir aussi la vidéo, en anglais, sur la page du Figaro):
Une douzaine de délégations [dont le Canada! La France et les USA se sont également abstenus] a quitté cette nuit à New York la salle de l'Assemblée générale de l'ONU pour protester contre le discours du président iranien, jugé antisémite.
D'après Le Figaro et La presse canadienne, le "parterre était à moitié vide" à la fin du discours du président iranien.


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(1) Au-dessus de lui se trouve le Leader "spirituel", Ali Khamenei, successeur de Khomeyni.

mercredi 23 septembre 2009

Egypte 0 - Libye 2

Farouk Hosni, candidat égyptien au poste de big boss de l'UNESCO, n'obtiendra pas le poste convoité.

C'est la Bulgare Irina Bokova qui devient directrice générale de l'organisme international.

Le perdant y voit la main de "vous-savez-qui":
Unesco: l'Egypte blâme le "lobby juif" (Le Figaro)

Le quotidien Al-Ahram al-Messai (gouvernemental) attribue cet échec cuisant à "des attaques indignes de la part d'intellectuels juifs en France" et aux efforts de sape "de l'ambassadeur américain à l'Unesco ainsi que des médias sionistes en Europe et aux Etats-Unis".
La direction de l'Unesco échappe à Farouk Hosni (AFP / La Presse)

[Farouk Hosni] était accusé de prises de position antisémites et anti-israéliennes, ainsi que d'appartenir à un régime pratiquant la censure. Il lui est notamment reproché d'avoir déclaré en 2008 devant le Parlement égyptien qu'il brûlerait «lui-même» les livres en hébreu qu'il trouverait dans les bibliothèques du pays.

M. Hosni avait assuré «regretter» ces paroles selon lui sorties de leur contexte, et démenti tout sentiment antisémite (...)

Quant à Israël, il avait levé en mai son opposition à [la candidature de M. Hosni] après une rencontre entre le Premier ministre Benjamin Netanyahu et M. Moubarak.
Egyptian minister blames Jews for UNESCO loss (Ynetnews)

Egypt's culture minister on Wednesday blamed a conspiracy "cooked up in New York" by the world's Jews for keeping him from becoming the next head of the UN's agency for culture and education (...)

"It was clear by the end of the competition that there was a conspiracy against me," Hosny told reporters (...)

"There are a group of the world's Jews who had a major influence in the elections who were a serious threat to Egypt taking this position," he said.
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Update
Unesco : la colère égyptienne (Le Figaro). Les opinions en provenance d'Égypte sont assez peu nuancées: "choc des civilisations", mépris du "Nord" envers un représentant du "Sud", complot du "lobby sioniste", sans oublier le très classique: "est-il possible de critiquer Israël et d'accéder à un poste de responsabilité au niveau international ?"
***

Pendant que le ministre égyptien de la Culture se remettait tant bien que mal des intrigues du complot juif international, le Guide libyen faisait son grand retour au sein l'Assemblée générale de l'ONU.

Il a fêté l'événement en infligeant un discours-fleuve aux malheureux délégués (heureusement que les iPod et autres jouets miniaturisés existent).

Gaddafi blasts big powers in UN speech (Ynetnews)

Tout grand homme a au moins une réforme sous le coude. Le Roi des rois (1) ne fait pas exception:
Gaddafi called for a reform of the Security Council – abolishing the veto power of the five permanent members – or expanding the body with additional member states to make it more representative.
C'est une idée intéressante. On pourrait par exemple diviser la Libye en dix États indépendants, chacun dirigé par un membre de la famille du Guide, ça aiderait à rendre l'Assemblée plus "représentative".

Mais les agents du "complot" ne désarment pas et s'acharnent contre les hommes de vertu (2):
While the Libyan leader spoke, hundreds gathered outside the UN Headquarters to protest the speech. The demonstrators carried signs with Gadhafi's picture saying 'Terrorist' and 'Murderer'.

Many were protesting his presence in New York due to his welcoming of the 'Lockerbie terrorist' back into Libya.
Cela fait deux beaux succès pour la Libye en peu de temps: la libération du terroriste responsable de l'attentat de Lockerbie et son accueil triomphal dans son pays, et le retour du Roi des rois à l'ONU.

Le "Machin" ne s'améliore guère avec le temps. Mais au moins aura-t-on de plus nombreuses occasions de se taper sur les cuisses. Si seulement Fidel Castro pouvait se remettre et rejoindre MM. Kadhafi, Ahmadinejad et Chavez sur la grande scène la tribune de l'Assemblée générale, la troupe serait au complet.


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(1) Gaddafi, introduced as the "king of kings" by his countryman and assembly president Ali Treki (Ynetnews)

(2) et en prime des riverains ne veulent pas de sa "tente" dans leur voisinage (Le Figaro)

samedi 19 septembre 2009

Jane Fonda ne boycottera pas CoRoT-7b

Après les dattes, les produits de beauté et les films made in Israel, il va maintenant falloir boycotter une... planète.

CoRoT-7b tourne autour d'une étoile à environ 500 années-lumière de notre système solaire.

Or un astrophysicien israélien a participé à sa découverte (Haaretz):
Israeli scientist helps discover planet 'very similar to Earth' (...)

"Progress in research on planets outside our solar system has been tremendous," said Prof. Zvi Mazeh of Tel Aviv University, who participated in the study. "It's amazing to think that 25 years ago, when I just started becoming interested in the field, not a single planet was known outside of our solar system." (...)

The newly-discovered planet, named CoRoT-7b, is estimated to have a radius twice that of Earth, but a lower mass.
Pour le tourisme sur les plages de lave de CoRot-7b, c'est mal barré.

Plus proche de nous, l'actrice/activiste Jane Fonda s'est excusée d'avoir signé la pétition anti-TIFF (voir Sur le front culturel de la lutte "antisioniste"), lire les détails dans cet article du Guardian.
Jane Fonda has apologised for signing a petition decrying the decision by organisers of the Toronto film festival to showcase films from Tel Aviv.

Fonda said she had signed the letter (...) "without reading it carefully enough, without asking myself if some of the wording wouldn't exacerbate the situation rather than bring about constructive dialogue".

(...) Fonda pointed out that her decision had been based on anger over the suspicion that Toronto was being used by the Israeli government to boost its newly launched campaign to "rebrand" the country.
Jane Fonda a visiblement réalisé que ces "suspicions" n'étaient que ragots infondés. Peut-être à l'avenir lira-t-elle mieux les pétitions avant de les signer?

Quoi qu'il en soit, il faut du courage pour admettre publiquement son erreur. Bravo, madame.

samedi 12 septembre 2009

Quand le gouvernement suédois veut, il peut

À l'occasion d'une réunion au sommet des ministres des Affaires étrangères de l'Union Européenne à Stockholm ce week-end, le ministère suédois a adressé une étrange demande au Musée d'art moderne de la capitale, qui hébergeait la rencontre (Haaretz):
Swedish Foreign Ministry requested this week to temporarily remove two paintings containing swastikas from the museum of modern art in Stockholm.

The Swedish foreign ministry said this week that the paintings might spark discomfort at the conference for the European Union Foreign Ministers to be held in the city at the end of the week.

The museum spokeswoman confirmed the request and added that the foreign ministry also requested that a painting containing female genitalia be removed from the museum walls, but the museum declined the request as they feel that sometimes art should be offensive
Le ministère souhaitait faire retirer deux peintures sur lesquelles figuraient des svastikas, et une autre qui montrait un sexe de femme un peu trop réaliste (dans ce dernier cas le musée a refusé de se plier à la demande du ministère).

Voir aussi le site du Svenska Dagbladet, Tavlor gömdes inför ministermöte [on cache des tableaux avant une réunion des ministres], et le site du Moderna Museet pour avoir un aperçu des tableaux de Dick Bengtsson.

Outre le fait que mettre dans le même sac croix gammée et vagin en dit long sur les critères du gouvernement suédois en matière de bon goût, je remarque que le ministère des Affaires étrangères refuse bec et ongles de critiquer officiellement un article contenant des allégations antisémites, mais est parfaitement capable de demander le retrait de trois œuvres d'art moderne afin de ne pas prendre le risque d'incommoder ses hôtes de marque.

Il y a là une dissymétrie flagrante: dans un cas on prend prétexte de la liberté d'expression pour garder le silence alors même que de graves accusations sont colportées, dans un autre on demande le retrait (temporaire) de trois œuvres d'art sans se soucier outre mesure de la liberté d'expression des artistes et du musée.

Ah, si seulement Aftonbladet avait orné son pamphlet d'une croix gammée ou d'une foufoune épanouie, le gouvernement aurait pu réagir!

mardi 8 septembre 2009

Perseverare aftonbladetum

Helle Klein, rédac' chef de la section politique d'Aftonbladet, est sur la même ligne que Jan Helin (rédac' chef du journal): l'aveuglement, le déni.

Elle écrit ainsi sur son blog, entre deux billets contre les "colonies illégales en Cisjordanie", qui sont comme chacun sait le principal obstacle à la paix:
"Alltmedan svenska borgerliga tidningar och liberala redaktörer försöker överträffa varandra i fördömanden mot Aftonbladets kulturartikel angående organhandel i Israel gör det stora mediabolaget CNN istället det alla journalister borde göra: gräver vidare."

[tandis que chaque journal bourgeois et rédacteur libéral en Suède essaye de faire mieux que les autres pour condamner l'article culturel d'Aftonbladet sur le commerce des organes qui a cours en Israël, la grande chaîne d'informations CNN fait au contraire ce que tout journaliste devrait faire: creuser plus loin]
Et que fait donc CNN que ne font pas les "journaux bourgeois" suédois? Rien d'autre que rendre compte de l'enquête menée actuellement par le FBI, qui implique des donneurs volontaires et vivants (mais pauvres) et des receveurs tout aussi volontaires (ayant les moyens de payer).

Helle Klein essaye de convaincre ses lecteurs que ce banal compte-rendu d'enquête serait un approfondissement des ragots de Donald Boström, ce qui en dit long sur le professionnalisme des responsables d'Aftonbladet mais aussi sur le fait qu'ils sont bien incapables de se justifier. Helle Klein occulte entièrement la source du scandale, c'est-à-dire le lien qu'établissait le journaliste entre une enquête sur un vrai trafic et des ragots d'arrière-cour à propos de vols d'organes sur les cadavres de jeunes hommes possiblement tués dans ce but. Sur ce lien foireux Helle Klein ne dit rien, et CNN non plus d'ailleurs.

Pendant ce temps Jan Helin, sur son propre blog, se félicite chaleureusement de l'augmentation des connexions Internet sur le site du journal. Pour le moment il sort le mousseux, mais s'ils parviennent à dépasser les 5 millions de connexions par semaine ce sera du vrai champagne.

La cupidité: il ne faut sans doute pas chercher plus loin les motivations de certains patrons de presse.

* * *

Une nouvelle qui aura -de nouveau- échappée à ces dénicheurs d'informations que sont Donald Boström, Jan Helin ou Helle Klein: à l'occasion du ramadan une chaîne de télévision iranienne diffuse -encore- la production télévisuelle antijuive Al-Shatat:
Special Dispatch | No. 2517 | September 3, 2009

Syria/Iran/Tom Lantos Archives on Antisemitism and Holocaust Denial
Syrian-Produced 'Al-Shatat' Series on Iranian TV For Ramadan: 'Rothschild Legacy' of Controlling World

Following are excerpts from the first episode of the Syrian-produced TV series "Al-Shatat," as aired by Iran's Channel 2 TV during Ramadan 2009. The channel aired the series' first episode on August 20, 2009. (To view this clip on MEMRI TV, visit Memri)

The 30-episode Al-Shatat series has been aired several times previously, including during Ramadan 2003, by Hizbullah's Al-Manar TV(1); during Ramadan 2004, by two Iranian TV channels(2); and during Ramadan 2005, by Jordan's Al-Mamnou' TV (3). It purports to tell the story of Zionism, and, like the Egyptian series "Knight Without a Horse"(4) that aired during Ramadan 2002, depicts a "global Jewish government" that is described in the Protocols of the Elders of Zion. It also depicts the notorious blood libel – Jews slaughtering a Christian child to use his blood for Passover matzos.

Al-Manar TV's airing of the series in 2003 was the main reason for the channel's removal from the European Eutelsat satellites. Iranian Sahar TV was banned in France due to its airing of objectionable content that included "Al-Shatat."(5) (To view all MEMRI TV clips on the Al-Shatat series, visit Memri)
Si CNN en parle, est-ce que Helle Klein y verra une confirmation des allégations contenues dans l'article "culturel" de Boström?

samedi 5 septembre 2009

Sur le front culturel de la lutte "antisioniste"

La campagne "kauft nich bei Zionisten" continue.

Tandis qu'en France les "antisionistes" préparent leurs slogans haineux et leurs pancartes à l'occasion d'un match de football Bordeaux-Haifa (1), au Canada et ailleurs dans le monde l'assaut est lancé contre le Toronto International Film Festival (TIFF): le Festival international du cinéma de Toronto, qui consacre une petite partie de son programme (City to City) à Tel-Aviv.

Ken Loach (voir un précédent billet) fait partie des "insurgés", de même que Jane Fonda et plusieurs autres artistes/activistes hypersélectifs dans leur choix de pays à boycotter (ils n'en boycottent qu'un, comme par hasard le seul État juif au monde, mais c'est purement un hasard - et ils ne boycottent aucun autre pays impliqué dans le conflit, comme l'Iran, la Syrie ou le Liban etc., ce qui démontre que ce n'est pas le conflit en soi qui les dérange).

Les partisans du boycott total de l'État juif ont même leur petit blog pour l'occasion.

On peut y lire les habituelles "critiques": TIFF serait complice de la "machine de propagande israélienne" et le programme City to City est décrit comme une "campagne de propagande" en faveur du "régime d'apartheid". On y met en cause le financement du Festival, et on peut lire également que Tel-Aviv "a été construite sur des villages palestiniens détruits". On perçoit ici une hostilité fondamentale qui n'a plus grand-chose à voir avec le statut des territoires disputés, ou la récente opération militaire israélienne dans la bande de Gaza...

Le Toronto Star résume la situation. Je recommande également la lecture d'une lettre ouverte signée par Cameron Bailey, vice-président du TIFF, sur le site du Festival: An Open Letter on City to City: Tel Aviv.

On peut ainsi apprendre que les "critiques-de-la-politique-d'Israël" font des insinuations mensongères lorsqu'ils mettent en cause le financement et l'indépendance du TIFF : "No, it isn't true. The state of Israel and our government are not funding TIFF in any way. It isn't part of the branding project, and is completely separate and had nothing to do with us", a ainsi déclaré un porte-parole du consulat général d'Israël à Toronto cité par The Star.

On apprend également que les organisateurs du Festival avaient proposé aux "critiques" de voir les films présentés dans le cadre de City to City: Tel-Aviv et de les juger sur leur contenu, et non pas uniquement sur leur provenance. Cette accommodante proposition a été rejetée par les activistes "antisionistes". Pour eux, il suffit qu'un film soit israélien pour être assimilé à une "campagne de propagande" du "régime d'apartheid", et donc rejeté.

Ken Loach et ses amis ont acquis une certaine expérience dans l'intimidation des Festivals culturels, que ce soit en Écosse ou en Australie. Ils peuvent compter sur une partie de la population, prompte à condamner Israël et sa "propagande" (2) que ce soit par ignorance, par conformisme ou bien par sincère conviction antisémite.

Reste à savoir si le Festival sera contraint de céder sous la pression et la haine, ou si la raison l'emportera.

Update
Cameron Bailey, dans sa lettre ouverte, déclare que le choix de Tel-Aviv n'a pas été simple et que la ville reste un "territoire contesté" [We recognize that Tel Aviv is not a simple choice and that the city remains contested ground]. Une telle déclaration me semble plutôt inquiétante. Si même des adversaires du boycott d'Israël considèrent Tel-Aviv comme une "zone contestée", on n'est pas sortis de l'auberge...

Vu sur Z-Word Blog, un article signé Charles Lewis paru dans le National Post (journal canadien) qui se moque ouvertement des boycotteurs et de leur obsession anti-Israël:
It is no surprise that they are targeting a series of 10 films about Tel Aviv. Every protest today by intellectuals or artists who think they are intellectuals has to be about Israel. It is the worst country in the world, is it not?
Lewis termine par un appel au boycott de son goût, une grinçante parodie du boycott lancé par les "stars" anti-israéliennes:
So I have decided to protest. As far as I am concerned all the 50 people who have signed this letter of protest are nothing more than that single signature. Nothing that has come before or is to come will ever change that. I will never read a Naomi Klein book. I will burn my Jane Fonda exercise tapes. I will boycott any movie that Danny Glover has ever been in or will be in and I am throwing out every CD on which David Byrne appears. The same goes for all the rest, but in all honesty I hoped never to read another Alice Walker book as long as I lived, so that will be easy.

Not that I have anything against these people; some of my best friends are artists.
Marc Cassivi, chroniqueur à La Presse, parle un peu de cette histoire de boycott en marge d'un article sur le Festival. Il écrit que le programme City to City: "rend hommage à la capitale israélienne Tel Aviv" (La Presse). Dans le monde abstrait et déconnecté du réel qu'est le politiquement correct, Jérusalem est transportée magiquement dans la banlieue de Tel-Aviv. Mystérieux pouvoir des mots!


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(1) Il s'agit ici du vrai football, et non pas du sport pratiqué en Amérique du Nord et que l'on appelle abusivement "football".

(2) Voir Eytan Fox et son film "The Bubble" assimilés à une "machine de propagande israélienne" devrait suffire à ridiculiser définitivement les signataires de l'appel au boycott.

jeudi 3 septembre 2009

Liberté de la presse vs. Crédibilité de la presse

Il n'y a pas de souci à se faire pour la liberté de la presse occidentale. Elle pète le feu en Suède, et va merveilleusement bien en Espagne (mais ça on le savait déjà). Pour ce qui est de sa crédibilité, par contre, on est en droit de se faire du souci.

1) En Suède. Contrairement à ce que laissait entendre un précédent billet:
Aftonbladet blir ingen EU-fråga (Svenska Dagbladet)

Nej, EU:s utrikesministrar ska inte diskutera Aftonbladets artikel om påstådd israelisk organstöld vid mötet i Stockholm på fredag och lördag.

Det klargör svenska UD:s kommunikationschef Cecilia Julin, sedan Italiens utrikesminister Franco Frattini påstått motsatsen i en telefonintervju med den israeliska dagstidningen Haaretz
(...)

[Aftonbladet ne sera pas discuté par l'UE. Non, les ministres des Affaires étrangères de l'UE ne parleront pas de l'article d'Aftonbladet sur de prétendus vols d'organes en Israël à l'occasion de leur rencontre à Stockholm vendredi et samedi. Ce point a été précisé par Cecilia Julin, porte-parole du ministère suédois des Affaires étrangères, après que le ministre italien des Affaires étrangères a affirmé le contraire lors d'une interview téléphonique avec le quotidien israélien Haaretz (...)]
Franco Frattini a-t-il eu des hallucinations auditives lorsqu'il a parlé avec son collègue suédois Carl Bildt? Ou a-t-il eu tort de vendre la mèche à Haaretz? Ou bien encore a-t-il confondu une condamnation personnelle (celle de Bildt) avec une prise de position officielle? Qui sait...

2) En Espagne :

El Mundo commémore à sa façon le début de la Deuxième Guerre mondiale (1er septembre 1939, c'était il y a 70 ans). Voici ce que rapporte l'édition française du JPost:
El Mundo s'apprête à publier une interview du négationniste David Irving. Ce dernier fait partie d'une liste d'experts qui seront interrogés par le quotidien pour marquer le 70e anniversaire de la Seconde guerre mondiale

Comme son homologue suédois Aftonbladet il y a quelques semaines, El mundo fait appel à la liberté de la presse pour justifier son choix.

L'interview du britannique Irving, emprisonné de février à décembre 2006 dans les geôles autrichiennes pour "glorification du parti nazi allemand", est prévue pour le samedi 5 septembre. Elle succèdera à celle du président de Yad Vashem Avner Shalev.
Donner la parole au président de Yad Vashem, puis à un négationniste, c'est simplement de la liberté d'expression. De l'information. Il faut être sioniste pour y voir le comble du mauvais goût.

Selon El Mundo, qui répondait à la réaction indignée de l'ambassadeur israélien (1), "il ne s'agit pas avec cet article de soutenir les opinions d'Irving" (source JPost). Non, bien sûr! Il s'agit simplement de les diffuser en lui donnant la même tribune qu'à des historiens ou au président de Yad Vashem à l'occasion d'une commémoration d'importance. Le public a droit de lire l'avis de tous les "experts" (2).

Yad Vashem a visiblement mal pris la chose (le Lobby n'aime pas la liberté de la presse, c'est bien connu):
La porte-parole de Yad Vashem Estee Yaari a déclaré qu'il était "choquant" qu'un journal tel qu'El mundo publie un entretien de David Irving et que ce dernier soit considéré comme "un spécialiste".

Selon elle, "Shalev n'aurait jamais accepté l'interview avec le quotidien espagnol s'il avait su [qu'Irving allait être interrogé également]." (JPost)
Nous vivons décidément une époque intéressante...

Ils en parlent: UPJF, Dagens Nyheter (Suède).

Update
Tandis que Carl Bildt décidait d'annuler sa visite en Israël prévue pour le 11 septembre, son collègue espagnol exprimait sa désapprobation devant la décision d'El Mundo d'offrir une tribune à un négationniste à l'occasion de la commémoration du début de la Deuxième Guerre. Une porte-parole du ministre espagnol, Miguel Angel Moratinos, a fait une déclaration sur ce sujet à Stockholm (où se tenait, heureux hasard, une réunion des ministres des Affaires étrangères européens):
"The foreign minister, while maintaining the most absolute respect for freedom of expression, regrets that space was given to a historian who denies one of the biggest tragedies for humanity in modern history" (Haaretz)
Tout est dit, en peu de mots. Bravo.


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(1) La réaction de l'ambassadeur, Raphael Schotz, est disponible en espagnol sur le site d'El Mundo (qui se vante de la divulguer en entier, pas de censure chez El Mundo...)

(2) Voici une réponse de la rédaction à la lettre de l'ambassadeur israélien: "Efectivamente, nuestro periódico publicará el próximo sábado una entrevista con David Irving. Nuestra línea editorial ha sido siempre consecuente con la condena de la barbarie nazi y del Holocausto que provocó Hitler. No estamos de acuerdo con las tesis negacionistas. Los historiadores más serios han demostrado con pruebas y datos irrefutables el exterminio del pueblo judío llevado a cabo por el Tercer Reich. Nuestro periódico publica artículos y entrevistas de interés para el público, siempre que en ellos no se incite a cometer delitos. Es lo que hemos hecho con Irving. Entendemos que al embajador Schultz no le guste, pero sus valoraciones sobre la decisión de publicarla reflejan una visión de la realidad maniquea e intransigente que poco ayuda a la causa de la defensa de los intereses de su país y de su pueblo." (Ils ne sont pas d'accord avec les thèses négationnistes mais ne voient pas d'inconvénient à donner la parole à un négationniste, dans l'intérêt du public. Le traducteur Google c'est ici.)

samedi 1 août 2009

Les drôles de méthodes de Freedom House

Freedom House est, paraît-il, une ONG très respectée dont les rapports sur la liberté dans le monde ont une bonne audience au sein des médias et du monde politique.

Le 1er mai 2009, FH a livré son rapport sur la liberté de la presse dans le monde pour l'année 2008.

Les pays y sont classés en trois grandes catégories, selon le "score" qu'ils obtiennent: libres (0 à 30 points), partiellement libres (31 à 60 points), non libres (61 à 100 points).

En 2008, trois pays sont passés de "presse libre" à "partiellement libre" : Hong Kong, l'Italie (ah bon?) et Israël (cf. communiqué de presse).

Adi Schwartz, journaliste israélien qui signe régulièrement des articles dans Haaretz, a voulu savoir quels critères avaient poussé Freedom House à rétrograder son pays (1) . Il rend compte de ses trouvailles ici : How did Israel stop being a free country (2).

Au-delà des remarques sur la subjectivité de certains critères retenus par Freedom House (par exemple la prétendue auto-censure des journalistes durant les raids contre le Hamas dans la bande de Gaza), Adi Schwartz a pris la peine de contacter FH et a constaté les faits suivants :

- le rapport contient des erreurs factuelles et n'est pas exempt de parti-pris politique

- le rapport est le résultat du travail d'un seul homme, Adam Werner, qui n'est pas journaliste; c'est également la première fois qu'il travaille pour Freedom House

- M. Werner n'a interviewé qu'un seul Israélien : Yizhar Beer, ex-patron de B'Tselem, militant d'extrême gauche pas très porté sur la critique sereine et impartiale de son pays...

Schwartz a demandé à Werner s'il avait rencontré d'autres personnes en Israël, des juristes, des journalistes, des spécialistes des sciences politiques, des rédacteurs en chef, bref des professionnels concernés par le sujet de la presse et des libertés.

M. Werner a répondu : non.

Les conclusions d'Adam Werner sur l'autocensure à l'oeuvre au sein des médias israéliens viennent uniquement de M. Beer.

Et voilà comment Israël est devenu "partiellement libre".

Adi Schwartz ne s'est pas arrêté là, il a contacté Karin Karlekar, responsable à Freedom House du rapport sur la liberté de la presse.

FH précise en effet sur son site que "Although there is an element of subjectivity inherent in the survey findings, the ratings process emphasizes intellectual rigor and balanced and unbiased judgments." et également que "The findings are reached after a multilayered process of analysis and evaluation by a team of regional experts and scholars."

Adam Werner a par ailleurs précisé à A. Schwartz que, selon les procédures en vigueur chez Freedom House, le rapport devait d'abord être envoyé à un panel de trois spécialistes israéliens pour consultation, et ne devenait officiel que lorsque ces derniers l'avaient contresigné.

Or, le Dr Karlekar a avoué au journaliste israélien que cette année, pour cause de difficultés financières, cette étape avait été omise.

Conclusion d'Adi Schwartz :
To sum it up: an un-experienced person, who is not an authority in his field, writes a report based on an interview with one interviewee with a very clear political agenda. No body checks it. Freedom House headquarters decide to downgrade Israel from “free” to “partially free”, even though they declare that when a country is being downgraded, an additional check is made. Such a review did not occur.
Et il rappelle également qu'il a été le seul journaliste à creuser un peu l'étrange procédure de Freedom House. Le rapport de cette ONG est passé comme une lettre à la poste, car personne ne s'étonne lorsqu'Israël est "critiqué".


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(1) Israël est passé de 28 points (donc "libre") à 31 points, ce qui le place désormais dans les "partiellement libres" en matière de presse.

(2) merci à l'UPJF d'avoir diffusé l'info.

mardi 21 juillet 2009

L'UE critique la colonisation de Lhassa

Voilà une nouvelle qui réchauffera le coeur de tous les sympathisants de la cause tibétaine (La Presse, 21/07/09) :

L'UE, la France et la Russie ont joint leurs voix mardi à celle des États-Unis pour amener la Chine à stopper sa politique de colonisation de Lhassa, accentuant la pression internationale sur le gouvernement de Wen Jiabao qui a refusé jusqu'à présent de plier.

Usant d'un langage assez sévère, la présidence suédoise de l'Union européenne a enjoint Pékin de s'abstenir de toute action «provocatrice» à Lhassa. Catégorie dans laquelle elle a rangé les «démolitions» de maisons tibétaines et les «évictions» des familles y habitant qu'entraînera la construction du nouveau quartier de colonisation auquel les autorités locales ont donné leur feu vert

Mieux encore, Paris a révisé radicalement ses récentes positions, qui étaient plutôt fraîches vis-à-vis des Tibétains :

La France a convoqué au Quai d'Orsay l'ambassadeur chinois à Paris, M. Kong Quan, afin de réclamer à la Chine l'arrêt de cette colonisation

Le président français, Nicolas Sarkozy, n'a pas oublié les Ouïghours et la crise récente au Xinjiang :

M. Sarkozy a estimé que «le temps joue pour les extrémistes» et qu'il était nécessaire de «prendre des initiatives fortes pour pousser fortement les parties à prendre le chemin des négociations et à ramener la paix sociale », selon la présidence française

M. Sarkozy vient de remonter très fortement dans mon estime, même si je sais qu'une telle prise de position sera rapidement suivie de sanctions chinoises.

* * *

Pardon?

Vous avez du mal à y croire?

Allons donc... c'est écrit dans le journal.

Voici la conclusion de La Presse :

L'objectif affiché des promoteurs est de siniser Lhassa, occupée par la Chine depuis octobre 1950, et dont les Tibétains voudraient faire la capitale de l'État auquel ils aspirent

Vous doutez encore?

Vous avez raison.

Remplacez simplement Chine par Israël, Lhassa par Jérusalem, Chinois par Israéliens et Tibétains par Palestiniens, oubliez carrément les Ouïghours, et voilà : retour sur Terre, vous obtenez le vrai compte-rendu de l'AFP. Le monde tourne toujours aussi rond, Israël en est toujours l'axe (du mal, certes, mais c'est plutôt flatteur d'être un tel centre d'attention, non?)

Morale de l'histoire? Il y en a deux :
1) mieux vaut avoir des Juifs pour ennemis plutôt que des Hans, et
2) la non-violence, ça ne marche vraiment pas.

Le chantage de Ken Loach n'a pas ému les Australiens

Le réalisateur engagé exigeait du festival qu'il refuse la subvention de l'ambassade israélienne.

Les organisateurs du festival du film de Melbourne, Australie, ne sont pas laissés intimider par les pressions de Ken "Antisemitism is understandable" Loach et ont refusé de céder à son "chantage" (leur terme) (Haaretz).

Le président du festival, Richard Moore, a été clair : on ne boycotte personne, ni la Chine, ni Israël, ni aucun autre pays impliqué dans d'autres longues querelles historiques :

"MIFF understands that that this issue is a particularly emotional one for people, but we will not participate in a boycott against the state of Israel, just as we would not contemplate boycotting films from China or other nations involved in difficult long-standing historical disputes," ABC quoted him as saying.

"Mr Loach's decision is part of an orchestrated campaign to target events that are in receipt of financial support from the state of Israel. Loach requested that we join the boycott and as an independent arts organization. MIFF has refused," he said (Haaretz)

Les Australiens ont ainsi refusé de suivre l'exemple des organisateurs du festival d'Édimbourg, en Écosse, qui eux avaient cédé devant les menaces de Ken A.i.U. Loach. Les Écossais avaient décliné une subvention israélienne de... 300 livres sterling (1) pour satisfaire les caprices si "sélectifs" du célèbre réalisateur (Haaretz).

Voilà qui me donne le goût d'aller au cinéma vendredi soir.


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(1) soit 350 euros ou 551 $.