samedi 1 août 2009

Les drôles de méthodes de Freedom House

Freedom House est, paraît-il, une ONG très respectée dont les rapports sur la liberté dans le monde ont une bonne audience au sein des médias et du monde politique.

Le 1er mai 2009, FH a livré son rapport sur la liberté de la presse dans le monde pour l'année 2008.

Les pays y sont classés en trois grandes catégories, selon le "score" qu'ils obtiennent: libres (0 à 30 points), partiellement libres (31 à 60 points), non libres (61 à 100 points).

En 2008, trois pays sont passés de "presse libre" à "partiellement libre" : Hong Kong, l'Italie (ah bon?) et Israël (cf. communiqué de presse).

Adi Schwartz, journaliste israélien qui signe régulièrement des articles dans Haaretz, a voulu savoir quels critères avaient poussé Freedom House à rétrograder son pays (1) . Il rend compte de ses trouvailles ici : How did Israel stop being a free country (2).

Au-delà des remarques sur la subjectivité de certains critères retenus par Freedom House (par exemple la prétendue auto-censure des journalistes durant les raids contre le Hamas dans la bande de Gaza), Adi Schwartz a pris la peine de contacter FH et a constaté les faits suivants :

- le rapport contient des erreurs factuelles et n'est pas exempt de parti-pris politique

- le rapport est le résultat du travail d'un seul homme, Adam Werner, qui n'est pas journaliste; c'est également la première fois qu'il travaille pour Freedom House

- M. Werner n'a interviewé qu'un seul Israélien : Yizhar Beer, ex-patron de B'Tselem, militant d'extrême gauche pas très porté sur la critique sereine et impartiale de son pays...

Schwartz a demandé à Werner s'il avait rencontré d'autres personnes en Israël, des juristes, des journalistes, des spécialistes des sciences politiques, des rédacteurs en chef, bref des professionnels concernés par le sujet de la presse et des libertés.

M. Werner a répondu : non.

Les conclusions d'Adam Werner sur l'autocensure à l'oeuvre au sein des médias israéliens viennent uniquement de M. Beer.

Et voilà comment Israël est devenu "partiellement libre".

Adi Schwartz ne s'est pas arrêté là, il a contacté Karin Karlekar, responsable à Freedom House du rapport sur la liberté de la presse.

FH précise en effet sur son site que "Although there is an element of subjectivity inherent in the survey findings, the ratings process emphasizes intellectual rigor and balanced and unbiased judgments." et également que "The findings are reached after a multilayered process of analysis and evaluation by a team of regional experts and scholars."

Adam Werner a par ailleurs précisé à A. Schwartz que, selon les procédures en vigueur chez Freedom House, le rapport devait d'abord être envoyé à un panel de trois spécialistes israéliens pour consultation, et ne devenait officiel que lorsque ces derniers l'avaient contresigné.

Or, le Dr Karlekar a avoué au journaliste israélien que cette année, pour cause de difficultés financières, cette étape avait été omise.

Conclusion d'Adi Schwartz :
To sum it up: an un-experienced person, who is not an authority in his field, writes a report based on an interview with one interviewee with a very clear political agenda. No body checks it. Freedom House headquarters decide to downgrade Israel from “free” to “partially free”, even though they declare that when a country is being downgraded, an additional check is made. Such a review did not occur.
Et il rappelle également qu'il a été le seul journaliste à creuser un peu l'étrange procédure de Freedom House. Le rapport de cette ONG est passé comme une lettre à la poste, car personne ne s'étonne lorsqu'Israël est "critiqué".


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(1) Israël est passé de 28 points (donc "libre") à 31 points, ce qui le place désormais dans les "partiellement libres" en matière de presse.

(2) merci à l'UPJF d'avoir diffusé l'info.

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