mercredi 9 septembre 2009

Commémoration non! Commémoration indépendantiste oui!

Plus tôt cette année les indépendantistes québécois "purs et durs" se sont agités pour mettre un terme aux projets de commémoration de la Bataille des Plaines de 1759 qui consacra la victoire des troupes du Britannique Wolfe face à celles du Français Montcalm.

Les méthodes utilisées étant caractéristiques des ultras (on lance des menaces à peine voilées tout en niant menacer qui que ce soit), je m'étais intéressé au sujet.

Les institutions officielles ont prudemment renoncé à tout projet de reconstitution et ont préféré laisser tomber l'idée de commémorer la fameuse bataille.

L'affaire aurait pu s'arrêter là. C'eut été trop simple.

Une autre commémoration a en effet été mise en place, mais celle-ci à saveur séparatiste et nationaliste: le Moulin à paroles. Et puisque cette manifestation est conforme au bréviaire souverainiste, ceux (comme Gilles Duceppe) qui hurlaient contre le président de la Commission des champs de bataille (André Juneau) et le convoquaient devant les députés à Ottawa pour qu'il "s'explique" n'ont aujourd'hui que des bonnes choses à dire sur le Moulin...

André Pratte (La Presse) résume fort bien tout cela dans sa chronique: Le moulin à propagande.
La controverse suscitée depuis plusieurs mois par la commémoration de la bataille de 1759 est une parfaite illustration de la manière dont s'y prennent les indépendantistes pour imposer leur interprétation de l'histoire du Québec.

Premier acte: les souverainistes ont obtenu, à la suite d'une virulente campagne, l'annulation de la reconstitution de la bataille prévue par la Commission des champs de bataille nationaux. La reconstitution ne plaisait pas à tous, évidemment, mais elle faisait partie d'un ensemble d'activités par lequel la Commission avait cherché à ménager les susceptibilités des différents courants d'opinion. Cette «victoire», les souverainistes la doivent surtout à leurs éléments radicaux, avec à leur tête Pierre Falardeau et Patrick Bourgeois, qui ont laissé planer la menace d'incidents regrettables si la reconstitution avait lieu.

Deuxième acte: les souverainistes ont mis sur pied leur propre spectacle de commémoration. Le problème ne venait donc pas de ce que la Commission cherchait à «commémorer une défaite», comme on l'avait dit alors; le problème, du point de vue des indépendantistes, c'était qu'ils ne contrôlaient pas l'événement. Une fois chassé le fédéral, les Plaines étaient libres pour une commémoration à saveur souverainiste.
Je recommande vivement la lecture complète de son analyse.

Update
Voir aussi la chronique de Lysiane Gagnon, Moulin à vent:
Les souverainistes ont tout à fait le droit de s'offrir une grand-messe aux frais de la Commission (fédérale) des Champs de bataille qui leur offre gracieusement le théâtre, mais ils devraient s'abstenir de prétendre servir l'Histoire. Si telle était leur intention, ils auraient inclus dans leur florilège au moins un ou deux textes fédéralistes issus de ce courant de pensée qui fait au moins autant partie de l'histoire que le délire felquiste, et qui représente toujours, ne leur en déplaise, l'opinion dominante au Québec.
Marc Cassivi, dans L'art n'a pas à rassembler, fait semblant de croire que le Moulin à paroles n'est pas autre chose qu'une manifestation purement artistique...

C'est sûrement pour ça que Le Moulin refusait encore dimanche dernier de dévoiler les noms de ses commanditaires. Mais on sait au moins que les députés séparatistes du Parti Québécois ont mis la main au porte-monnaie (celui des contribuables), par amour pour l'Art.
Le Moulin à paroles cache ses commanditaires. Ses organisateurs ne veulent pas dévoiler le nom des entreprises qui les financent (...) La codirectrice artistique de l'événement controversé, Brigitte Haentjens, n'a pas donné suite aux demandes d'entrevue de La Presse à ce sujet, dimanche.
(...)
Selon nos informations, le Fonds de solidarité de la FTQ donnera un coup de pouce financier à l'événement (...) Des députés du Parti québécois utiliseront leurs fonds discrétionnaires pour subventionner le spectacle, a indiqué le porte-parole du parti, Éric Gamache. Mais les montants se chiffrent en centaines de dollars, et non en milliers, précise-t-il.
. (La Presse)

La chef péquiste (Pauline Marois) a versé 500$ au Moulin à paroles. La majorité des députés ont donné 300$ chacun. (La Presse)
Voir aussi Le Devoir.

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