Cet événement survenait après une escalade verbale anti-"sioniste" et l'expulsion des diplomates israéliens début janvier (voir sur ce blog).
Les enquêteurs vénézuéliens ont révélé dimanche que huit agents de police et quelques civils avaient été arrêtés (Reuters). Parmi les profanateurs, un homme qui aurait été le garde du corps du rabbin jusqu'en décembre, date à laquelle il est entré dans la police; un gardien aurait été complice et aurait permis au groupe d'entrer facilement (Ynetnews).
Selon Reuters, le président Hugo Chavez a abordé le sujet lors d'une interview télévisée dimanche, précisant que le groupe était mené par un agent de police qui avait travaillé auprès du rabbin de la synagogue dans le passé (President Hugo Chavez (...) referred to the arrests and said the attack was led by a police officer who had worked closely with the rabbi at the synagogue).
Le président a ajouté, toujours selon Reuters: "Quelle coïncidence. Le chef du gang est un agent de la police métropolitaine qui durant les quatre dernières années avait été le garde du corps personnel du rabbin de la synagogue" (What a coincidence, the gang leader is a metropolitan police officer who for the last four years was the personal bodyguard of the synagogue's rabbi). Plutôt que compatir à l'amère déception de la communauté juive qui se découvre trahie par un ex-employé, Chavez nous jouerait-il le petit air de l'insinuation?
Dans un premier temps, el presidente avait accusé l'opposition.
Le ministre de l'Intérieur de Chavez, Tarek El-Aissami, a de son côté affirmé lundi que le mobile des vandales était... le vol (Le Monde).
Il faudra prévoir une réunion du conseil des ministres pour s'entendre sur la version officielle: un coup monté de l'opposition, un coup monté par le rabbin lui-même, ou bien un simple vol?
D'autres ne se sont pas gênés et ne se sont pas contentés d'insinuer: les sites Internet d'extrême droite, d'extrême gauche, sans oublier les islamistes, unis une fois de plus dans la détestation d'Israël en particulier et des Juifs dits "organisés" en général, ont repris des bribes d'information. En tordant quelque peu les faits...
Europalestine clame ainsi que "La profanation de la synagogue de Caracas a été organisée par les sionistes". Les mêmes titre et texte se retrouvent sur des sites tendance "islam militant" comme bladi.net et oumma.com. On retrouve aussi cette "dépêche" sur voxnr.com ou geostrategie.com, sur info-palestine et sur Indymerdia (vaticinations contre "la racaille sioniste" en prime). Voici le texte diffusé par Europalestine:
Jusque-là c'est très bref, on ne s'éloigne des articles de presse que pour fustiger les imaginaires "vandales juifs" (encore un lapsus: le rédacteur de la "dépêche" voulait écrire "les vandales sionistes", bien sûr). La conclusion pousse le bouchon de la diffamation un peu plus loin:Le ministre de la justice du Vénézuela, Tarek El Aissami, a annoncé lundi soir que c’est l’ancien garde du corps du rabbin de Caracas qui a organisé la profanation de la synagogue « Tiféret Israël », avec la complicité du gardien de service qui a laissé les hommes pénétrer dans le bâtiment.
Avec l’aide du service d’ordre, les câbles d’électricité de la principale synagogue de Caracas avaient été coupés et l’alarme désactivée pour permettre aux vandales juifs de perpétrer leur forfait, le 30 janvier dernier, à l’intérieur du lieu de culte.
Les actes de vandalisme, les inscriptions antisémites sur les murs, tout comme le vol du fichier informatique des membres de la communauté, abondamment présentés par les medias comme des actes "antisémites" sont donc le fait des dirigeants de la synagogue. Les médias en feront-ils leurs choux gras ?Oh on sait très bien ce que font la plupart des médias: leur boulot. Les extrêmistes de droite comme de gauche, eux, préfèrent lapper le bon vieux ragoût de la diffamation envers les Juifs. Le socialisme des imbéciles a encore de beaux jours devant lui, ce que semble d'ailleurs confirmer ce récent sondage rapporté par Haaretz ou Ynetnews.
Update
Le site lillois du réseau Indymerdia, qui avait initialement publié un post antisémite (accuser les Juifs d'être des comploteurs qui simulent les emmerdements qui les frappent, injures en prime, c'est bien de l'antisémitisme) a validé un article contradictoire qui met quelques points sur les "i". Je suppose que c'est la manière du collectif lillois de régler le problème: dans un premier temps on accepte de publier un article antijuif, puis on valide un article qui démontre l'imbécillité du premier texte... le complotisme antisémite et l'information sont considérés comme équivalents, d'égal intérêt.
Update 2
Les responsables de Indymedia Lille ont supprimé l'article antisémite pour cause de "fausse information". Le texte injurieux reste disponible ailleurs, comme par exemple Indymedia Toulouse. L'antisémitisme est bel et bien perçu à l'extrême gauche comme un élément annexe certes, mais compatible avec "les luttes".
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire