mardi 17 février 2009

Une bataille? Quelle bataille?

Les menaces envers les organisateurs et les promesses de manifestations ont fait plier la Commission des champs de bataille nationaux.

La bataille des Plaines d'Abraham sera commémorée très discrètement, en l'absence de personnalités majeures (ni Stephen Harper ni Jean Charest ne seront présents, et je doute fort que la Gouverneure Générale prenne le risque de se montrer à cette occasion):

"En point de presse cet avant midi, le président André Jumeau [Juneau, nda] a expliqué que les «choses sont allées trop loin». «Il n'a jamais été de nos intentions de faire des événements un prétexte à une fête».Il n'y aura donc pas de reconstitution de la bataille ni de bal masqué, deux événements qui avaient soulevé des critiques acerbes dans les milieux nationalistes.
Le site internet de la Commission tiendra compte de la bataille de septembre 1759 et il y aura des fouilles archéologiques. La Commission fera une exposition sur «l'État de siège» à Québec. Il y aura aussi un colloque sur la guerre de Sept Ans
." (La Presse)


"Quebec sovereigntists promised to protest outside the re-enactment and there had been threats against organizers." (Toronto Star)


Circulez bonnes gens, il ne s'est rien passé le 13 septembre 1759.

Sans vouloir jouer au maudit Français donneur de leçons [ironie!] il faudrait peut-être regarder comment les Européens gèrent leurs vieilles histoires. [plus proche et encore plus pertinent, il suffirait d'observer la manière dont les Américains gèrent les commémorations de la Guerre de Sécession]

Il y a ici, très clairement, un détournement politique de l'Histoire; cette affaire est une occasion pour le camp séparatiste -et notamment les plus intégristes et intolérants parmi eux- de montrer ses muscles et d'intimider ceux qui ne sont pas dans la ligne.

Ne descendant ni de Wolfe ni de Montcalm, je me fiche pas mal de cette bataille. Ce dont je ne me fiche pas, ce sont les menaces envers les organisateurs et la litanie haineuse anti-"Anglo" qu'à toute occasion l'on nous assène.


Update
Cette mini-tragédie grecque étant -hélas- typique de l'ambiance politique locale, voici quelques textes et analyses dignes d'intérêt:
Déroute sur les Plaines, Vincent Marissal, La Presse 18/02
No hero in the 2009 battle for Quebec, Chantal Hébert, Toronto Star 18/02 (voir aussi le blog de Chantal sur le sujet)
Capitulation sur les Plaines, André Pratte, La Presse 13/02
Les opposants à la commémoration montent leur site Internet, Le Devoir 9/02
Retour sur les Plaines, André Pratte, La Presse 3/02 ainsi que La bataille des Plaines du 25/01

Comme un militant "anticommémoration" le précisait au journal télévisé de Radio-Canada mardi, l'annulation de la reconstitution en costumes et du bal sont une étape: l'objectif est que le fédéral se retire entièrement de tout projet commémoratif.
Deux référendums perdus plus tard, les séparatistes s'efforcent -avec succès- de faire disparaître du paysage québécois tout ce qui rappelle l'existence du Canada et du gouvernement fédéral. On ne peut pas dire que beaucoup de citoyens s'opposent à ces manoeuvres.

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