samedi 7 février 2009

Un bon berger retourne aux études

Petite panique au Vatican: dans le lot des évêques (*) schismatiques membres de la secte lefébvriste récemment "dés-excommuniés", se trouve un négationniste.

Eh, wow, le beau scoop: y'a encore des judéophobes chez les curés?! On a tellement parlé de prêtres pédophiles ces dernières années qu'on avait un peu oublié que certains parmi eux pouvaient avoir d'autres "qualités".

Voici donc un évêque (*) négationniste. Plus précisément: en voici un dont on parle.

Le Vatican lui a demandé, en préalable à sa possible réintégration au sein du saint troupeau, d'abjurer sa foi négationniste.

L'évêque (*) a répondu qu'il allait de nouveau se pencher sur la documentation existante, mais que ça prendrait nécessairement un peu de temps:

"Since I see that there are many honest and intelligent people who think differently, I must look again at the historical evidence (...) if I find this evidence, I will correct myself. But that will take time (...) I was convinced that my comments were right on the basis of my research in the '80s, I must now examine everything again and look at the evidence" (Der Spiegel, repris par Haaretz) - voir aussi ici.

Si on prend ce qu'il dit pour argent comptant, on découvre que son négationnisme est basé sur ses "recherches" (dans les années 80) et sur le fait qu'il avait déjà "tout examiné" à cette époque sans trouver la moindre évidence de génocide (ça n'a donc rien à voir avec de la sympathie pour les nazis et leurs méthodes - j'avoue avoir poussé un gros soupir de soulagement en lisant cette salutaire mise au point). Plein de bonne volonté et d'une abnégation sans limites, constatant que tant de gens honnêtes et intelligents ont une opinion différente de la sienne, il va tout examiner de nouveau et, si cette fois il trouve une preuve de génocide, il rectifiera ses déclarations.

Der Spiegel lui suggère d'aller faire un tour à Auschwitz. Le curé gradé répond que non, il n'ira pas.

Il y a sans doute bien plus à apprendre dans les livres qu'en visitant ce qu'il reste d'Auschwitz. Le bon évêque ne saurait avoir d'autre raison pour ne pas vouloir visiter le plus grand centre d'extermination industrielle érigé par les nazis afin de régler définitivement "la question juive".

Heureusement il existe des catholiques sympas, ouverts et progressistes, qui critiquent vertement le flirt avec des idées que l'on associe traditionnellement avec l'extrême droite, par exemple Golias. Ils sont tellement sympas et de gauche que voilà l'intro d'un article sur LE conflit:

La Palestine crucifiée - "Victimes des victimes", telle était l’expression utilisée, il y a dix ans, par Edward Saïd pour parler des Palestiniens1. Mais, en Occident, les Israéliens restent les seules victimes parce que seule compte la Shoah. Les Palestiniens en font l’amère expérience.

C'est raffraîchissant, le catholicisme de gauche.


Update
Les autorités catholiques ont réagi -mal- aux propos du monseigneur (voir ci-dessus). L'évêque a été relevé de ses fonctions de chef du séminaire La Reja, en Argentine (Ynetnews).


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(*) Maître Eolas rappelle, dans un billet du 18 mars, que R. Williamson n'est pas évêque, du point de vue du Vatican et de l'Église: "Richard Williamson n'est pas, n'a jamais été et n'est toujours pas à ce jour évêque catholique.
Il a été consacré sans mandat pontifical par Marcel Lefèbvre, le 30 juin 1988, au nom de la Fraternité Sacerdotale Saint Pie X (FSSPX), mouvement schismatique intégriste opposé au convile de Vatican II et à la modernisation de l'Église. Cet acte a été considéré par l'Église comme schismatique et dès le lendemain, 1er juillet, Marcel Lefèbvre a été excommunié latæ sententiæ (par ce seul fait). Donc sa consécration est, aux yeux de l'Église, nulle et de nul effet
(...)"

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