jeudi 18 décembre 2008

Le serment "solidaire" ne vaut pas grand chose

Québec Solidaire, le parti séparatiste que la "vraie gauche" québécoise s'est donnée, a fait élire son premier député lors des élections provinciales du 8 décembre.

Félicitations! (Bon, les politesses de rigueur, c'est fait...)

Conformément aux lois, le nouveau député a été invité à prêter deux serments (1), étape nécessaire pour siéger à l'Assemblée (2).

M. Khadir a saisi cette occasion pour insulter ceux qui, parmi ses concitoyens québécois, ne partagent pas ses antipathies. Le Devoir raconte :

Les premiers mots d'Amir Khadir, tout juste assermenté à titre de député de Mercier et premier élu de la courte histoire de Québec solidaire, furent pour dénoncer le serment d'allégeance à la reine Elizabeth II que tout député est forcé de prononcer avant de faire son entrée à l'Assemblée nationale.

Ce serment, je me permets de le rappeler, est également exigé de tout nouveau citoyen. Les réfugiés rwandais, laotiens, les boat-people vietnamiens, les Haïtiens, les maudits Français et les sympathiques Belges, tous prêtent serment de fidélité à la Reine le jour où ils deviennent Canadiens.

Ce serment n'est pas un acte de soumission à une autocrate capricieuse, il ne s'agit pas de devenir le valet-de-pied d'Elisabeth II (qui de toute façon ne dispose d'aucun pouvoir politique, celui-ci relevant du Parlement), mais de jurer fidélité à ce qu'elle incarne: la Constitution, les lois, les institutions de notre nouveau pays (à commencer par les assemblées, dont M. Khadir est devenu membre élu). Libre à nous, ensuite, de respecter ou pas notre parole.

En prêtant serment pour le renier immédiatement après, M. Khadir a insulté les néo-Québécois, en plus de montrer ce que valent ses serments.

Sur sa lancée, il a ajouté un couplet sur la prétendue incompatibilité entre modernisme et démocratie d'une part, monarchie constitutionnelle d'autre part:

En attendant que le peuple du Québec, comme celui de l'Irlande, se libère des vestiges archaïques de la monarchie britannique comme le serment à la reine [...], en attendant que le Québec soit une république moderne et démocratique.

Il est peut-être facile à un nord-américain peu curieux de gober cet "argument" qui sonne très "du passé faisons table rase", mais un Européen ne peut pas ignorer que la Suède, la Norvège, le Danemark, les Pays-Bas, pour ne citer que ces pays, sont incontestablement modernes et démocratiques. Ce sont pourtant des monarchies constitutionnelles dont le monarque est, comme ici, dépourvu de pouvoir politique.

M. Khadir nous invite à suivre l'exemple de l'Irlande, Irlande "libérée" du pouvoir anachronique de la "monarchie britannique". Sa référence est particulièrement bien choisie: au Québec l'avortement est autorisé, en Irlande il est illégal (3). Au Québec les couples homosexuels peuvent se marier, en Irlande non. Quel modernisme! Amir Khadir en aura des choses à dire lors du prochain rendez-vous féministe organisé par son parti!

Le nouveau député a donc réussi, pour sa première prise de parole à l'Assemblée, à enchaîner une insulte et une bêtise. Encore une fois: félicitations!

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(1) Depuis 1982, les députés québécois prêtent deux serments. Le premier, qui remonte à la Constitution de 1867, est celui qu'a immédiatement renié M. Khadir. Le deuxième a été institué en 1982 à l'instigation du gouvernement de l'époque: "Je, xxx, déclare sous serment que je serai loyal envers le peuple du Québec et que j'exercerai mes fonctions de député avec honnêteté et justice dans le respect de la constitution du Québec".

(2) Siéger à l'Assemblée, c'est participer aux débats parlementaires, voter -ou pas- les lois, accorder sa confiance au gouvernement ou la lui retirer, et c'est aussi bénéficier de l'immunité parlementaire. Ces importantes responsabilités (et avantages) méritent bien un engagement clair et précis: "Le serment, c'est aussi un acte solennel, un engagement sur l'honneur de celui qui le prête, engagement sur l'honneur, dans le cas présent, d'être fidèle à l'autorité, de respecter la volonté du peuple et d'agir en toute honnêteté et justice pour le bénéfice de ses concitoyens" (source : site de l'Assemblée Nationale du Québec).

(3) Il n'est autorisé que si la vie de la mère est en danger.

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