mercredi 29 avril 2009

Latkes et thé vert

Estimations ONU: "probablement" 6.500 morts, environ 14.000 blessés, des dizaines de milliers de civils sur les routes.

Des Tamouls sauvés de la guerre, mais en péril dans des camps (AFP), "Environ 200 000 civils tamouls du Sri Lanka ont échappé au cauchemar de la zone de guerre, mais ces réfugiés blessés et traumatisés s'entassent maintenant dans des camps aux conditions sanitaires et alimentaires déplorables"

Le Sri Lanka empêche tout accès humanitaire à la zone de guerre (AFP) "Le gouvernement du Sri Lanka empêche tout accès humanitaire à la zone de guerre dans le nord-est du pays, a déploré lundi le responsable aux Affaires humanitaires de l'ONU, John Holmes (...) au moins 50.000 civils sont coincés sur la mince bande côtière où sont acculés les Tigres de libération de l'Eelam tamoul"

Les médias en parlent, pour quels résultats?

Début janvier on nous parlait de génocide à Gaza (le nombre de victimes fait débat, mais ne dépasserait pas 1.400), des milliers de protestataires défilaient à Montréal, Toronto, Londres, Paris, et dans de nombreuses autres villes de par le monde. On réclamait des enquêtes internationales, on expulsait des diplomates, des plaintes étaient déposées afin de traîner les "criminels de guerre" israéliens devant la justice, les appels au boycott étaient relancés, des opérations avaient lieu dans des supermarchés en France, une caravane partait de Londres, avec à sa tête un député britannique, pour apporter des produits de l'argent liquide et des véhicules aux "résistants"...

Le Sri Lanka, qui voit depuis de longues années s'affronter les "Tigres", organisation terroriste armée, et le gouvernement de Colombo, ne suscite pas du tout les mêmes réactions, c'est le moins qu'on puisse dire.

Les Tamouls défilent presque seuls, à Toronto ou ailleurs, dans les mêmes rues qui voyaient des milliers de protestataires hurler leur colère à pleins poumons il y a 3 mois à peine.

La situation a peu changé depuis le 5 février. Pourquoi des réactions aussi radicalement différentes?

Est-ce lié à l'émotion suscitée par les victimes civiles? Non: les victimes sont plus nombreuses au Sri Lanka qu'à Gaza.

L'absence d'information est-elle en cause? Non: même si les envoyés spéciaux sont moins nombreux sur l'île de Ceylan, les événements sont malgré tout rapportés dans les journaux. Par contre on en parle beaucoup moins, voire pas du tout, dans les "organes d'information" des organisations anti-"sionistes", des syndicats, voire des partis politiques:

- le CUPE Ontario, qui a voté une motion de boycott des institutions académiques israéliennes, est très discret en ce qui concerne le Sri Lanka. La page d'accueil, à ce jour, met en valeur 5 sujets importants: un conflit de travail à Windsor, une manifestation pour défendre les hôpitaux, une cérémonie en mémoire d'un travailleur, un appel pour limiter l'usage de l'eau en bouteille, et l'annonce de la 46e convention du syndicat en mai... En utilisant le moteur de recherche du site, je remarque que le CUPE-Ontario se contente de relayer l'appel d'un Canadian Forum for Justice and Peace in Sri Lanka... C'est mieux qu'en février, lorsque le site ne référençait même pas le nom "Sri Lanka".

- la CSN, si bavarde lorsqu'il s'agissait de fustiger ceux qui avaient protesté devant les slogans antisémites proférés par des manifestants "pro-Gaza" à Montréal en janvier, n'a toujours rien de spécial à dire sur le conflit sri lankais.

- Québec Solidaire n'a guère évolué sur ce sujet: "Votre recherche n'a donné aucun résultat". Amir Khadir, député QS au parlement à Québec, n'a pas dégainé sa chaussure.

En France ce n'est pas vraiment mieux. Olivier Besancenot soi-même, leader du tout chaud tout beau "Nouveau Parti Anticapitaliste", qui rêve de devenir le Guide d'une extrême gauche pour le moment très éclatée, ne s'est pas envolé pour le Sri Lanka alors qu'il est allé montrer sa solidarité ailleurs. Comme quoi on peut être d'extrême gauche et avoir le sens de la comm' et du marketing. On trouve malgré tout un communiqué -plutôt court- au sujet du conflit en cours au Sri Lanka, daté du 31 mars. Pas de vidéo du Chef sur le terrain, pas d'appels hystériques au boycott, pas de mention d'un génocide, etc.

Bref, tout ceci est très mystérieux car je ne vois pas de différence fondamentale entre le Sri Lanka et Israël, entre Sri Lankais, Tamouls, Israéliens et Palestiniens. Bon, on consomme plus de thé vert à Colombo qu'à Jérusalem, et plus de latkes dans les cuisines de Haifa que dans celles de Kandy, on trouve plutôt des statues du Bouddha dans un pays et des Talmuds dans l'autre, mais ça ne permet pas de comprendre pourquoi on observe une extrême réactivité dans un cas, la plus profonde apathie dans l'autre...

Ou peut-être que si?

* * *

Annexe. Tout le monde ne dort pas: Oxfam, Unicef, Médecins sans Frontières interviennent, pour ne mentionner que ces trois grosses organisations humanitaires.

lundi 27 avril 2009

Cendrillon et les macs

Le monde entier ou presque est désormais au courant : une Britannique de 47 ans au physique banal mais sachant chanter, Susan Boyle, a fait un tabac lors d'une audition à l'émission Britain's got talent.

La vidéo dure 7 minutes, et donne envie de botter quelques culs.

Non, Susan Boyle n'est pas l'héroïne d'un conte de fées. Elle est une femme apparemment charmante, entre deux âges, sélectionnée par les recherchistes d'une émission télé, envoyée sur une scène pour susciter des réactions précises de la part du public, dans les limites de temps imparties (candidats, pubs, candidats, pubs, etc.)

Dans un premier temps, le mépris, les sifflets, les rires. Eh oui, que voulez-vous, c'est devenu tellement rare de voir monter sur scène des femmes qui n'ont pas le look de call-girls anorexiques. Mama Cass Elliot -gloire éternelle à son immense talent- aurait bien du mal à percer de nos jours sans se faire au préalable brocher l'estomac et liposucer de la tête aux pieds.

Dans un deuxième temps, le trip émotionnel. Comme au bon vieux temps des jeux du cirque à Rome, le public a gracié la candidate jetée aux lions et s'est ému de sa propre générosité. Car si Ms Boyle avait foiré son tour de chant, la salle ne lui aurait pas pardonné son physique peu gracieux et aurait réclamé sa tête (symboliquement parlant bien sûr).

Susan Boyle n'est pas la princesse d'un conte de fées, non. Elle a été traitée comme une marchandise, un objet -momentanément- utile: elle a été enrôlée par une production dans le but de générer un buzz médiatique. Sauver des princesses en détresse, c'est pas vraiment le but de ce business de caniveau que l'on nomme "télé réalité".

L'objectif était avant tout de faire parler de Britain's got talent (je connaissais de nom l'équivalent US, America's got talent, mais pas la version britannique), de faire ENCORE parler de ce nobody que tout le monde appelle familièrement "Simon" comme si c'était un gendre ou un beau-frère (c'est qui ce type? je ne l'ai jamais entendu chanter quoi que ce soit... je ne lui connais que ce rôle de "juge" qui gagne sa vie en humiliant publiquement des paumés assoiffés de gloire), ainsi que deux inconnus: une certaine Amanda Holden (j'ai retenu son nom pour l'avoir lu dans le titre d'un clip sur YouTube où elle se fait mousser sur le dos de Susan Boyle) et un gommeux dont je ne suis même pas fichu de me rappeler le prénom, encore moins la profession.

Le public a gobé l'appât, l'hameçon, et la ligne. Les "juges" ont joué la comédie qui convenait : d'abord les remarques méprisantes pour faire rire le public, l'inciter à moquer et huer une brave dame, puis la surprise feinte lorsque Ms Boyle commence à chanter.

Les exploiteurs qui l'ont recrutée et exhibée vont toucher leur salaire, mais Susan Boyle, elle, que va-t-elle gagner dans cette affaire? Faire un disque? Peut-être, mais ce sera aux conditions de ses nouveaux employeurs, fermement tenue en laisse par un contrat bétonné. Quant aux menus inconvénients de la célébrité, elle en a déjà un avant goût: des illuminés la traquent jusque chez elle, dans son petit village.

Espérons qu'au moins elle puisse s'amuser en chemin, et traverser la mare aux piranhas sans trop de dommages.

Espérons également que le public se décidera bientôt à boycotter ces émissions basées sur le bizutage, l'humiliation, la soumission, la mise en concurrence féroce, le conformisme le plus abject (huer une femme parce qu'elle n'est pas belle, par exemple), la glorification de la sournoiserie et du chacun-pour-soi.

Voilà qui ferait une vraie happy end.

dimanche 26 avril 2009

L'idéologie anti-"sioniste" et l'Histoire: un bref exemple

Dans son dossier thématique Vit-on la mort de la démocratie? la revue Médiane, vol.3 #2, propose un article signé Denis Kosseim, intitulé Israël peut-il être sioniste et démocratique? (pp. 57 à 62)

La question est purement rhétorique, comme on s'en doute.

L'auteur (qui apparemment enseigne dans un CEGEP... Mise à jour: il est prof de philosophie) enfile plusieurs perles sorties directement du bréviaire anti-"sioniste" avec une franchise déconcertante.

Il commence ainsi par regretter, avec Joseph Massad, que les "intellectuels européens de gauche" (Sartre en tête), ces pauvres aveugles, aient été incapables de percevoir "l'ultime réalisation d'Israël, à savoir la transformation du juif en antisémite et du palestinien en juif". Cet "aveuglement", tenez-vous bien, "fonderait l'identité européenne contemporaine".

M. Kosseim devrait se demander si c'est bien d'aveuglement qu'il s'agit?

Ils ne manquent pas, les intellectuels anti-"sionistes", qui passent leur temps voire fondent leur carrière sur ces deux projets: dépeindre les Israéliens comme les nouveaux nazis, et les Arabes palestiniens comme les nouveaux Juifs. Dans ce deuxième cas il ne s'agit pas uniquement de rhétorique: certains "intellectuels" affirment que les Arabes palestiniens sont les seuls vrais descendants des Hébreux de l'Antiquité, les Israéliens n'étant que des Khazars convertis, des envahisseurs colonialistes à la solde de l'impérialisme occidental islamophobe (plus loin dans son article M. Kosseim fait évidemment référence aux travaux du Professor Zand).

Si ces théories, comme celle de la "transformation du juif en antisémite et du palestinien en juif", ne sont pas retenues par certains "intellectuels européens", ce n'est certainement pas parce qu'ils les ignorent, mais plutôt parce qu'elles ne sont ni sérieuses ni convaincantes.

L'auteur se lance ensuite dans une rapide réflexion sur la nature humaine: l'être humain est-il naturellement bon ou méchant? La solution à la méchanceté humaine réside-t-elle, en conséquence, dans la répression de nos penchants ou bien dans l'éducation et la politique?

Pour montrer que la méchanceté n'est pas innée, M. Kosseim signale "le récit historique de l'Orient arabe, où il y a absence de nettoyages ethniques (...) absence de pogroms et absence d'Holocauste." À l'inverse, "les Mizrahim, les Israéliens juifs issus du monde arabe sont, quant à eux, sommés par les Israéliens juifs issus d'Europe de (...) s'européaniser, subissant ainsi un racisme euro-centrique. Ces différences culturelles et historiques portent à croire que la méchanceté humaine n'est pas naturelle."

La revue m'en est presque tombée des mains.

À cette bonté orientale, l'auteur oppose "la conception sioniste [qui] retient la prémisse essentialiste selon laquelle la méchanceté est inhérente aux non-juifs, leur racisme inévitable."

Ce n'est pas la première fois que je tombe sur une telle relecture de l'Histoire. Bizarrement, je ne m'y habitue pas: c'est à chaque fois un moment pénible, la prise de conscience désagréable que l'important n'est pas la vérité mais la répétition: une erreur suffisamment répétée sera acceptée pour vraie, à la longue.

Faisons un très court rappel.

"Dans tous les pays concernés [les pays arabo-musulmans où vivaient des Juifs] il y eut un pogrom ou un événement pogromique, des émeutes, des assassinats, voire un emprisonnement des Juifs qui, en fait, servit d'exemple, d'intimidation ou de menace." (in La fin du judaïsme en terre d'Islam, sous la direction de Shmuel Trigano, Éd. Denoël 2009, p.42)

Et Shmuel Trigano de résumer certains de ces événements (pp.42-43) qui n'ont rien à voir, faut-il le souligner, avec une quelconque "méchanceté inhérente aux non-juifs":

* Égypte: émeutes et pillages en novembre 1945, novembre 1948, janvier 1952 (également contre les Grecs et Arméniens)
* Irak: pogrom de juin 1941 à Bagdad (180 morts, 600 blessés), vague de persécutions antijuives officielles en 1948
* Syrie: pogroms de 1947
* Iran: vague d'antisémitisme en 1968, exécution du président de la communauté juive d'Iran en 1979
* Turquie: pogroms de Thrace en 1934
* Libye: pogroms de 1945 (130 morts), émeutes jusqu'en 1948, de nouveau en 1967
* Tunisie: émeutes en 1952, destruction de la grande synagogue de Tunis en 1960, violences en 1961
* Algérie: pogrom de Constantine en 1934, saccage de la grande synagogue d'Alger en 1960
* Maroc: émeutes antijuives en 1948, assassinats à Sidi Kassem en 1954, émeutes en 1961

L'ouvrage collectif dirigé par S. Trigano détaille ensuite les situations dans les différents pays arabo-musulmans où vivaient jadis des communautés juives. Il se penche bien évidemment sur le statut de dhimmi ("protégé"), et ce qu'il impliquait : restrictions, interdictions, humiliations, etc.

Ce rapide résumé aide un peu à mettre en perspective les propos de M. Kosseim sur "La thèse de la bonté naturelle de l'être humain [qui] coïncide avec le récit historique de l'Orient arabe".

C'est environ 900.000 Juifs qui ont été contraints, soit par des expulsions soit par des mesures discriminatoires et intimidantes, à quitter les pays où ils étaient nés. Environ les deux tiers d'entre eux se sont réfugiés en Israël.

Mais voilà une page de l'Histoire que les lecteurs de M. Kosseim (et ses élèves, s'il est bien enseignant) n'auront pas l'occasion d'entendre. Ils se feront plutôt dire qu'Israël n'est qu'une "régression tribale" (l'auteur cite Daniel Bensaïd), que seuls les Arabes palestiniens ont été victimes d'un "nettoyage ethnique" sur lequel, nous dit M. Kosseim, "on ne peut fermer les yeux" car il est une "injustice historique" qu'il faut "attaquer de front" (il ne mentionne évidemment pas la guérilla déclenchée contre les Juifs dans la zone mandataire dès 1947, ni l'assaut militaire des voisins arabes en 1948).

L'auteur pourrait en parler, pourtant. Son silence est volontaire. Il connaît la tragédie des Juifs chassés des pays arabo-musulmans, mais voici tout ce qu'il en dit: "Les apologistes sionistes cherchent désormais à neutraliser l'impact du nettoyage ethnique survenu il y a 60 ans en produisant un discours fallacieux selon lequel les juifs des pays arabes ont subi, eux aussi, un nettoyage ethnique à la même époque. Si les relations publiques israéliennes et pro-israéliennes réussissent à remettre le compteur à zéro, la voie est libre pour une suite et fin du nettoyage ethnique de 1948."

Les historiens qui racontent l'histoire juive orientale? Des apologistes sionistes.
L'histoire des juifs orientaux? Un discours fallacieux.
La diffusion de cette histoire, son enseignement? Un coup des relations publiques israéliennes.

Ces fréquentes tentatives de réécriture de l'Histoire ont un but: promouvoir l'abolition de l'État israélien et son remplacement par un "État unique" que l'on nous promet démocratique. C'est aussi la "solution" que propose cet auteur, qui nous invite à "sortir de la caverne sioniste". La bonne blague. La démocratie libérale n'est pas le projet du Hamas, ni d'ailleurs celui du Fatah (Arafat a régné sur le Fatah, puis l'OLP, puis l'Autorité Palestinienne jusqu'à sa mort; corruption, clanisme et clientélisme sont évoqués par nombre d'observateurs locaux ou étrangers). Par contre on sait très bien ce qui est arrivé aux Juifs orientaux, et ce qui arriverait aux Juifs israéliens si on les ramenait plus de soixante ans en arrière.

Relisant l'ouverture de l'article de Denis Kosseim, qui y dénonce l'aveuglement de certains intellectuels, je me pose la question suivante: pourquoi donc tant d'intellectuels sont-ils incapables d'appliquer à eux-mêmes les leçons dont ils sont si prodigues?

Autre question: c'est ça qu'on enseigne aux gamins dans nos collèges? Rendez-moi mon pognon!

samedi 25 avril 2009

Hypocrite et contre-productif

"Hypocrite et contre-productif", c'est ainsi que Barack Obama a décrit le sommet "antiraciste" organisé par l'ONU à Genève pour fêter l'anniversaire de naissance d'Adolf H..ler pour organiser la lutte contre le sionisme mondial le racisme.

(Un instant. J'ai besoin d'un autre thé.)

Les officines anti-"sionistes" ont vivement apprécié la fine analyse et le profond humanisme du président iranien (voir par exemple l'excellent site d'Europalestine, toujours à la pointe du combat contre les "vandales juifs" et le complot sioniste international).

Les réactions ont été plus mitigées dans les médias civilisés; même le Canard Enchaîné, pas franchement "sioniste", a remarqué la nature du discours de M. Ahmadinejad:
"Mais quelle idée aussi de faire ouvrir une conférence internationale 'contre le racisme' par un président notoirement antisémite qui ne rêve que de 'rayer Israël de la carte'!" (Canard Enchaîné, semaine du 22 avril 2009, p.8)

Le Coin-Coin national rappelle également dans son article l'étrange obsession du Conseil des Droits de l'Homme de l'ONU:
"(...) 26 motions sur 33 adoptées sur un pays particulier visent l'État Hébreu. Une obsession!"

Petit pan sur le bec du Canard, lorsqu'à propos des pays qui se sont abstenus de participer à cette conférence indigne il écrit que: "Tout comme les États-Unis (rejoints par le Canada et l'Australie)..."

Eh non! La décision américaine est venue bien après celle du Canada, ce qui est tout à fait logique puisque Barack Obama n'est entré en fonction qu'en janvier 2009. Sur ce coup-là ce sont les USA qui ont "rejoint le Canada".

Kwiiiik kwiiiik!! (cri du castor, l'équivalent canadien du coq gaulois)

lundi 20 avril 2009

Durban II - sans surprises

Sans surprise, la pantalonnade organisée par l'ONU à Genève a commencé comme on s'y attendait. Il n'y a pas là de quoi susciter la fierté des pays européens qui ont insisté à honorer cette conférence de leur présence.

Les USA, le Canada, l'Italie, l'Allemagne, les Pays-Bas, la Pologne, la République tchèque, l'Australie, la Nouvelle-Zélande, ne se sont pas trompés en s'abstenant de s'associer au "Cirque de Durban, tome II".

Certaines ONG, ivres de haine anti-"sioniste", se sont illustrées dès le week-end.

Lundi, le président iranien a donné une prestation tout aussi prévisible; voici un extrait de son discours, en anglais sur le site de la BBC, traduction française de Menahem Macina sur le site de l'UPJF:

« Les puissances victorieuses [des guerres mondiales] se donnent le nom de conquérants du monde, tout en ignorant, ou en foulant aux pieds les droits d’autres nations, par l’imposition de lois tyranniques et d’arrangements internationaux. »
« A la fin de la Seconde Guerre mondiale, ils ont choisi de réduire tout un peuple à l’état de sans-abri, sous le prétexte de la souffrance juive. Ils ont envoyé des émigrants d'Europe, des États-Unis et d'autres parties du monde afin d'établir un gouvernement totalement raciste en Palestine occupée. Pour compenser les terribles conséquences du racisme en Europe, ils ont contribué à mettre au pouvoir en Palestine le régime raciste le plus cruel et le plus répressif. »
« Il est encore plus regrettable qu’un certain nombre de gouvernements occidentaux, ainsi que les Etats-Unis, se soient compromis dans la défense de ces perpétrateurs racistes de génocide, alors que les consciences en éveil et les esprits libres du monde condamnent l’agression, la brutalité et le bombardement des civils de Gaza. »
« [Les conflits d’Iraq et d’Afghanistan ont constitué] un exemple manifeste d’égocentrisme, de racisme, de discrimination, ou d’atteinte à la dignité et à l'indépendance de nations. »
« Aujourd’hui, la communauté humaine fait face à un type de racisme qui a terni l’image de l’humanité. Au début du troisième millénaire, le terme Sionisme incarne le racisme, qui se réfère mensongèrement à la religion et abuse des sentiments religieux pour dissimuler sa haine. »
« Des efforts doivent être faits pour mettre fin à l’utilisation abusive, par les Sionistes et leurs partisans, de moyens politiques et internationaux… Les gouvernements doivent être encouragés et soutenus dans la lutte visant à éradiquer ce racisme barbare et à s’orienter vers une réforme des mécanismes internationaux actuels. »
« Vous êtes tous conscients de la conspiration de certains pouvoirs et cercles sionistes contre les buts et les objectifs de cette Conférence… Il faudrait reconnaître que boycotter une telle session est un signe indéniable de soutien à cet exemple flagrant de racisme. »

On notera parmi ces sottises (sans surprise là encore car c'est un point fondamental de la doctrine anti-"sioniste") que la "Palestine occupée" désigne aussi le territoire israélien d'avant juin 1967, et pas uniquement les territoires occupés au cours de la guerre des Six Jours.

Les représentants de plusieurs pays se sont retirés de la salle de conférence pendant le discours du dirigeant anti-"sioniste". La belle affaire! Cette sortie devant les caméras ne dissuadera pas l'Iran de poursuivre ses préparatifs nucléaires, ne l'incitera pas non plus à renoncer à sa vision géopolitique dont l'aboutissement logique est l'annihilation de l'État juif. Malgré la défection en groupe d'une partie des délégués, la salle reste en effet bien pleine. Le discours anti-"sioniste" est accepté par bon nombre de pays, pas nécessairement les plus libéraux.

mercredi 15 avril 2009

Pitié pour le sans-pitié

Un certain Demjanjuk, citoyen américain d'origine ukrainienne accusé par la justice allemande d'avoir été gardien dans un camp nazi durant la deuxième guerre mondiale, devrait devait être expulsé très prochainement en République Fédérale d'Allemagne. Il va trouver du changement au pays.

Tout de même, l'Allemagne qui tente d'obtenir l'extradition d'un citoyen américain afin de le juger pour son passé nazi... le monde a bien changé.

Le retraité a fait valoir un argument touchant: forcer un vieil homme (89 ans) en mauvaise santé à se rendre en Allemagne pour y subir un procès serait une forme de torture. Son avocat n'est pas allé jusqu'à comparer un vol transatlantique en classe économique avec un trajet en wagon plombé, mais c'était pas loin.

Aux dernières nouvelles, le truc a marché: le torturé a obtenu un sursis alors même qu'on l'amenait à l'aéroport de Cleveland (AFP).

Un "tortionnaire" du Centre Wiesenthal (organisme redouté par les anciens nazis encore planqués ici et là dans le monde, ceux qui ne sont pas déjà morts paisiblement dans leur lit entourés de leurs familles) a déclaré: "Je n'ai pas de pitié pour son âge parce que je pense que les victimes qu'il a aidé à pousser dans les chambres à gaz auraient aimé atteindre les 89 ans" (AFP).

J'ajoute à cela que si les nazis avaient reçu un peu moins d'aide pour fuir, se cacher puis se refaire une identité et une nouvelle vie, ils auraient tous été arrêtés et jugés bien avant d'atteindre l'âge d'or.

dimanche 12 avril 2009

Que faire avec toute cette matza?

Toujours à l'occasion de Pessah voici un délicieux clip vidéo (merci à Guil!) qui colle parfaitement au calendrier.

En résumé: que faire avec toute la matza en trop (le pain non levé consommé durant la Pâque) lorsque la fête est passée? Voici vingt suggestions, 20 Things To Do With Matzah :



Les outtakes (le bêtisier) et les paroles de la chanson sont disponibles sur matzahsong.com, les artistes sont Michelle Citrin et William Levin.

samedi 11 avril 2009

Hag Pessah Sameah!



Only in California, people, only in California... le Meshugga Beach Party!

Oy, ma fils il est donz un groupe américain!

Aux urnes en automne?

Libéraux et conservateurs s'agitent.

Les troupes sont appelées à se préparer à de possibles élections fédérales automnales.

Depuis la fin janvier, le gouvernement conservateur a passé le test du Parlement grâce au soutien conditionnel du Parti Libéral du Canada pour deux raisons simples: 1) le tout nouveau chef, Michael Ignatieff, n'était pas prêt, pas assez connu; 2) l'épisode Stéphane Dion avait plongé le parti dans les abysses, avec un score historiquement bas aux dernières élections.

Depuis son arrivée à la tête du parti, M. Ignatieff voit les sondages lui sourire: le parti reprend des plumes, notamment en Ontario.

Au Québec les séparatistes du Bloc Québécois sont bien sûr en position dominante; ici comme ailleurs au Canada, le jeu consiste donc à récupérer les électeurs séduits par le Parti Conservateur. Les dernières élections ont vu le Bloc remporter 49 sièges sur 75, avec seulement 38% des voix. C'est tout le charme du scrutin uninominal à un tour: une légère avance suffit pour empocher la circonscription.

Or le Bloc n'a pas beaucoup d'effort à fournir pour maintenir son avance électorale: il n'a jamais à se mouiller au gouvernement car il est conçu pour être un parti d'opposition (même durant l'épisode de la coalition avec le NPD et le PLC version Dion, les bloquistes avaient exclu de siéger dans un gouvernement d'union), il a donc le rôle confortable et permanent du contestataire irresponsable. Quelque chose va mal? C'est parce qu'on n'est pas indépendant. En attendant le Grand Soir, votez donc pour nous, parce que nous c'est nous et c'est pas eux z'autres...

Dans l'Ouest, pas de mystère, les conservateurs restent en tête, et ça ne changera pas d'ici l'automne!

Si les sondages confirment la remontée libérale en Ontario et dans les Maritimes, si la percée québécoise se concrétise, si le prochain bouquin de Michael Ignatieff se vend bien... nous devrions avoir une soirée isoloir avant Noël.

La question à 1$: Michael Ignatieff dirigera-t-il un gouvernement minoritaire ou majoritaire?

mercredi 8 avril 2009

Heureux comme un gay en Suède

Un 5e pays européen, la Suède, vient d'autoriser le mariage gay.

Voici la liste de ces 5 pays d'Europe :

la Belgique
les Pays-Bas
l'Espagne
la Norvège
la Suède

L'Irlande, dont le député Amir Khadir nous vantait les mérites en décembre, ne figure pas dans cette liste.

Amir Khadir, rappelons-nous, avait émis le souhait que le Québec suive l'exemple irlandais et se débarrasse de son archaïque monarchie.

Regardez mieux la liste des pays européens autorisant le mariage des couples de même sexe. Vous avez remarqué? Ce sont tous des monarchies constitutionnelles.

Allo? M. Khadir? Une autre remarque pertinente à faire sur l'archaïsme du Canada, de la Norvège ou de la Suède?

Pour trouver des républiques "gay friendly", il faut changer de continent et se tourner vers les USA: le Vermont vient de légaliser le mariage gay. Il est le 4e État américain à le faire, après le Massachusetts, le Connecticut et l'Iowa.

La France, très occupée à entretenir son illusion d'être la patrie des Droits de l'Homme, à courtiser les Maîtres de la Chine ou à préparer sa participation à la grotesque conférence de "Durban II" (qui fait notamment l'impasse sur les droits des gays et lesbiennes), a décidé de passer son tour.

Du gamla, du fria...

samedi 4 avril 2009

Négationnisme 1 - Musique 0

Wafa Younis, arabe et israélienne, a décidé d'aider les jeunes de Jénine (en Cisjordanie) à sa façon: en donnant des cours de musique.

Elle a ensuite organisé de petites "tournées" avec sa troupe, Strings of Freedom, notamment dans des localités israéliennes.

Strings of Freedom a ainsi joué il y a un an pour les familles d'Ehoud Goldwasser et Eldad Reguev, deux des soldats tués -en Israël- par un commando du Hezbollah au début de l'été 2006 (événement qui déclenchera la seconde guerre du Liban) et dont les corps ont été restitués l'an dernier, en échange de criminels bien portants.

La petite troupe a aussi joué pour des familles de prisonniers arabes palestiniens.

Tout allait bien, jusqu'à que Strings of Freedom se produise en Israël il y a quelques jours, devant des personnes âgées. Mais pas n'importe quels petits vieux: des survivants de la Shoah.

La réaction a été rapide et ferme: Wafa Younis a été arrêtée par des miliciens du Fatah et expulsée en Israël. Elle ne pourra pas remettre les pieds à Jénine pour une durée indéterminée.

Comme l'écrit l'Associated Press: "Ignorance and even denial of the Nazi genocide during World War II are common in Palestinian society".

Entre 1993 et 2005, le Canada a versé 333 millions de dollars pour financer diverses initiatives en Cisjordanie et à Gaza. En décembre 2007, le Canada a promis 300 millions de dollars sur cinq ans (source ACDI). Utiliser une toute petite partie de cet argent pour payer le salaire de quelques profs et acheter de -vrais- bouquins d'Histoire ne serait pas inutile.

vendredi 3 avril 2009

La France ajoute un autre clou dans le cercueil du Tibet

Une déclaration en ce sens avait déjà réglé la question il y a quelques semaines.

Le Quai d'Orsay, à la demande des excellents dirigeants chinois, a confirmé le message: "La France mesure pleinement l'importance et la sensibilité de la question du Tibet et réaffirme qu'elle s'en tient à la politique d'une seule Chine et à sa position selon laquelle le Tibet fait partie intégrante du territoire chinois, conformément à la décision prise par le général de Gaulle qui n'a pas changé et ne changera pas" (Cyberpresse).

Nicolas Sarkozy, que voulez-vous, est et a toujours été un ardent gaulliste. On le constate encore aujourd'hui. (1)

Honte à ceux qui pensent qu'une autre raison, plus prosaïque, guide l'admirateur du Général: "La Chine avait suspendu la plupart de ses contacts avec Paris et annulé un sommet important avec l'Union européenne en représailles à la rencontre entre Nicolas Sarkozy et le dalaï lama en décembre dernier. Les liens commerciaux entre la France et la Chine ont également souffert du récent coup de froid entre Paris et Pékin". Quel est le poids d'un bonhomme en robe de chambre orange face à de beaux gros contrats et au rayonnement de la France, se demandent les méchantes langues et les jaloux.

Du côté des dirigeants chinois, les choses se présentent très bien: ils ont obtenu un succès semblable avec les Allemands et avec l'Afrique du Sud. Ce pays a récemment annoncé qu'il interdirait au Dalaï-Lama de venir assister à une conférence internationale sur... "le rôle du football dans la lutte contre le racisme et la xénophobie" (Le Monde).

Comme disait un certain Brennus, qui avait parfaitement compris les fondements d'une bonne géopolitique: vae victis.

Pour aider à convaincre les touristes, ou peut-être pour apaiser les consciences tourmentées de certains visiteurs, un musée pékinois consacre une exposition à la "libération du Tibet" en 1959 (La Presse).

Quant aux Tibétains... bah, ils auront plus de chance dans une vie future. Qui sait, ils se réincarneront peut-être en fils et filles de dignitaires ou PDGs chinois.


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(1) c'est évidemment ironique.

Soutenir le Hamas sans soutenir le Hamas

Le toujours sympathique George Galloway a menacé de porter plainte (1) contre le chef du Congrès juif canadien (CJC) Bernie Farber et contre CTV (chaîne de télévision anglophone) à cause d'une interview portant paraît-il atteinte à sa réputation. Bernie Farber aurait dit des choses politiquement incorrectes contre le nouveau martyre de la liberté d'expression, déclarant par exemple à propos de la décision du juge Martineau: "This was absolutely the right decision as the judge understood that Canada cannot become a piggy bank for international terrorist financiers" (CJC).

Galloway n'aime pas qu'on le décrive comme un ami des terroristes du Hamas, qu'il affirme n'avoir jamais soutenu (La Presse). Il dit préférer le Fatah. Le malin député évite toutefois de préciser de quel Fatah il parle: celui d'Arafat dans les années 60-70-80, ou bien celui d'Abbas en 2009?

J'envisage pour ma part la solution suivante: Galloway a un sosie qui a publiquement clamé son admiration pour le Hamas et a refilé de l'argent en liquide à son chef à Gaza, Ismail Haniyeh, affirmant même que ce dernier "est notre premier ministre". C'est contre ce sosie que Galloway devrait porter plainte. C'est ce comédien grimé et maquillé pour lui ressembler qui a porté atteinte à la réputation du député britannique "controversé" (2) en le faisant passer pour ce qu'il dit ne pas être.

En attendant, bon vent, monsieur Galloway, bon retour chez vous.


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(1) vendredi 3 avril, la plainte se concrétise, cf. CJC qui reprend un article du National Post.

(2) presque tous les articles de presse utilisent cet adjectif pour décrire Galloway. So politically correct.