jeudi 24 juin 2010

Qui aime bien châtie énormément

Le blog Philosémitisme s'amuse, à raison, d'un de ces articles dont la section Comment if free du Guardian britannique a le secret: "Why this obsession with Israel and the Palestinians?" par Robert Fowke.

Tout d'abord je remarque une erreur dans le titre de Fowke: ladite obsession ne concerne en rien les Palestiniens. Il est en effet bien connu que les "propalestiniens" parlent essentiellement des Israéliens, et plus particulièrement des Juifs israéliens. Il suffit de regarder les articles de la sous-rubrique "Territoires palestiniens" de Comment if free pour s'en rendre compte. Idem côté francophone avec par exemple le -très mal nommé- site Euro-Palestine (on peut y lire que "l'équipe de foot palestinienne de Bil'in se fait gazer" par les Israéliens; les jeux de mots de ce genre ne sont pas rares).

Pour être plus exact, ces activistes parlent des Arabes palestiniens, oui, mais surtout (pour ne pas dire uniquement) lorsque ça leur permet de "critiquer" les Israéliens...

La prétendue "obsession pour les Palestiniens" est en réalité proche de zéro chez les militants "propalestiniens" (d'où mon insistance à mettre ce terme entre guillemets).

Reste l'obsession envers Israël.

Robert Fowke affirme que cela n'a rien à voir avec de l'antisémitisme. En fait, s'il est obsédé par les Israéliens c'est parce qu'il connaît et aime les juifs:
"J'ai de nombreux amis juifs. Je suis allé à l'école avec des garçons d'origine juive, en conséquence je ne considère pas les Juifs comme des étrangers. Traiter mes amis juifs d'étrangers serait tout aussi absurde pour moi que de traiter mes amis Quaker d'étrangers; ils sont aussi anglais que moi. Selon moi il s'agit d'une catégorie religieuse, rien de plus" (...)

"I have many Jewish friends, I went to school with boys from Jewish backgrounds and consequently I do not think of Jews as being foreign. It would be as absurd for me to call my Jewish friends foreign as it would to call my Quaker friends foreign; they are as English as I am. It is a religious category for me and nothing more" (...)

"Le problème, c'est qu'Israël se présente comme l'État de tous les Juifs, y compris celui de mes amis (bien malgré eux). Et puisque plusieurs de mes amis sont juifs et que par conséquent [Israël] est leur pays, c'est aussi le mien d'une certaine façon" ["dans un sens subliminal" ne me paraît pas avoir beaucoup de... sens]

"The trouble is that Israel promotes itself as the state for all Jews, including – despite themselves – my friends. And because some of my friends are Jews and it is therefore their country, it is in some subliminal sense my country too."

On remarque au passage que, selon cet auteur, être juif c'est uniquement être de religion juive, "rien de plus".

Oh bien sûr, Fowke sait qu'Israël est un pays étranger, mais pas autant que la Thaïlande par exemple. Il s'en fout complètement de ce qui se passe en Thaïlande:
[Israël] est un pays étranger, bien sûr, mais pas d'un point de vue émotionnel, pas comme la Thaïlande ou l'Ouzbékistan. Je n'y réagis pas de la même façon que pour la plupart des autres États étrangers. [Israël] est presque, d'un point de vue émotionnel, un comté anglais enraciné sur les rives de la Méditerranée.

"[Israel] is foreign, of course, but not emotionally, not like Thailand or Uzbekistan, and I do not respond to it as I do to most other foreign states. It is, emotionally, almost an English county planted on the Mediterranean shores."
Le raisonnement n'est pas entièrement clair? C'est sans doute parce qu'il faut être "propalestinien" pour que cela fasse sens. Subliminalement.

Fowke n'est pas le seul à afficher une profonde indifférence dès lors qu'Israël n'est pas concerné. Souvenons-nous des réactions à deux événements quasi simultanés: l'écrasement de la rébellion tamoule au Sri Lanka et le raid israélien contre le Hamastan. Dans le premier cas de l'indifférence, dans l'autre une hystérie générale (voir deux précédents billets, en février et avril 2009, ainsi que De quoi l'antisionisme est-il le nom?).

Ce dont Fowke essaye de nous (se?) convaincre, c'est que les Tibétains, Thaïlandais et autres Ouzbeks sont trop métèques pour l'intéresser. Les Israéliens par contre peuvent passer pour de vrais Anglais à ses yeux. Et si Israël est l'État des Juifs (dixit Israël), c'est donc aussi -in some subliminal sense- celui de tous les petits garçons qui sont allés à l'école avec des Juifs.

Fowke n'est donc pas obsédé par Israël parce qu'il est antisémite mais parce que les Juifs israéliens sont des Anglais comme lui. Ouf.

Je l'avoue, j'ai déjà rencontré des raisonnements plus tordus.

2 commentaires:

Miss Caustic a dit…

On revient toujours à la répartie minable des antisémites.
"Ma grand-mère a caché des juifs pendant la guerre."
Lui il a des amis juifs.
On est content pour lui, un peu moins pour ses amis.
Et surtout on s'en fout tellement de sa masturbation mentale !
Très bon commentaires par contre, merci.

Albatros a dit…

J'ai un faible pour les arguments tordus, mal foutus, et par conséquent peu crédibles.